C h a p i t r e 9

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Point De Vue : Gwenaëlle


Mon pouls s'accélérait violemment depuis l'appel, partagé entre l'effort physique et le stress. Je courais dans les couloirs de l'école, morte d'inquiétude. Le silence de mort qui régnait dans cette aile du château me tordit un peu plus l'estomac. Le soleil qui avait brillé tout l'après-midi semblait avoir été englouti par des nuages sombres et le son du croassement strident des corbeaux percait les fenêtres. Je présentais que rien de bon ne se produirait aujourd'hui, les arbres étaient de mon avis.

Arrivée devant ladite salle où le Doc m'avais donne rendez vous, je vis celui-ci me faire signe dans une salle opposée, je reconnus immédiatement son bureau personnel, son cabinet. Je m'y étais rendu à de nombreuses reprises, profitant de son stock d'herboriste hors pair. Le petit homme m'intima d'entrer, oubliant toute politesse, ce qui indiquer une veritable urgence dans son cas.

« - Ferme la porte derrière toi, Gwen. Les autres élèves ne doivent pas la voir comme ça, ajouta-t-il d'une voix parfaitement calme, jurant avec son apparence d'enfant de douze ans.

Malgré notre amitié, le Doc ne m'avait jamais expliqué comment il s'était retrouvé dans ce corps qui n'était pas le sien. Les rumeurs couraient que c'était une expérience qui aurait mal tournée. Ma seule certitude sur ce drôle de personnage était qu'il était né en 1813, et qu'il était particulièrement bien conservé. Je fermais donc la porte doucement avant d'apercevoir Daisy inconsciente, allongée sur le bureau du docteur.

"- Gwen reprend toi, j'ai besoin de belladone. Vite. »

Je détournais les yeux de la scène, bien trop inquiète pour me concentrer.

D'après le coup de fil du Doc, Daisy avait fait une sorte de malaise durant son cours. Elle avait quitté sa chaise pour s'élever lentement dans les airs alors que tous les objets de la classe s'étaient mis à virevolter, jusqu'à ce que la blanche s'effondre au sol. Le doc étant un docteur, d'ou le nom, il l'avait rapidement emmené dans la salle où nous nous trouvions.

La petite gémissait de douleur en se tordant sur le bureau. Une tache sombre évoluait lentement sur sa poitrine, comme un poison. Je pourrais le voir s'étendre dans ses veines à chacune des pulsation de son coeur. Le noir profond jurait sur sa peau diaphane.

Je me ressaisis rapidement en fouillant dans la grande armoire boisée, saisissant avec automatisme la plante sèche et la tendant au doc sans un regard. Le bruit des fioles en verre qui s'entrechoquaient avait finit par réveiller Daisy. Ses yeux papillonnèrent quelques secondes avant de s'ouvrir complètement. Elle poussa un soupir bruyant, se releva, non sans difficultés, et se redressa sur le meuble massif. Son regard était fuyant. 

« - Je suis vraiment désolée pour le dérangement...commença-t-elle, la voix brisée.

La nouvelle lune ? » demanda le doc en la dévisageant , sans que je comprenne le sens de sa question.

Daisy croisa ses jambes avec difficultés et le vieux jeune homme lui donna une mixture qu'elle avala sans se préoccuper du gout très certainement immonde. Elle plissa sa jupe à carreaux comme si de rien n'était. Ses yeux violets s'obscurcirent alors qu'elle reprit la parole.

« - Oui, et mon sabbat est demain...répondit la blanche. Les effets se font déjà sentir...J'ai l'impression que c'est de pire ne pire, termina-t-elle dans un soupir.

- Alors il sera puissant, ne reste pas seule jusque là. Gwen ? Tu pourras la surveiller ? »

Je hochais silencieusement de la tête, bien trop préoccupée par le liquide noir qui semblait, louée soit Gaia, diminuer dans le corps de la jeune fille. Je remarquai à travers cette encre noire une sorte d'inscription, semblable à un tatouage tribale et archaïque, peut être un sceau, sur sa peau. Daisy suivit mon regard jusqu'à a poitrine et reboutonna aussi sec les pans de sa chemise, visiblement contrariée que j'ai pu voir ce détail. Je ne savais pas le moins du monde ce qu'était un sabbat mais il avait l'air d'affoler le pauvre vieux doc. Son ton restait calme mais ses yeux le trahissait...

Soleil NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant