Génial. Annie, avec l'aide de sa chance légendaire n'avait pu récupérer qu'une tente double déjà occupée. Maintenant elle devait faire un choix : la peste ou le choléra ?
La possibilité de dormir avec un petit jeune à côté la tentait bien, elle devait se l'avouer. Il se révèlerait peut-être être le surfeur de ses rêves. Ou un ado de 17 ans qui traversait malheureusement sa phase "excès de sébum". Oui, cela arrivait même aux meilleurs.
Tandis que si elle choisissait une fille pour colocataire elle ne s'entendraient certainement jamais et c'était justement ce qui l'intéressait ! Elle savait que cela la pousserait dehors à la recherche d'une meilleure compagnie. C'était cela la solution. Annie avait assez d'expérience pour savoir qu'une chance sur deux, c'était bien trop risqué ! Mais il restait tout de même un pourcentage infime, de l'ordre de 0,0001% pour qu'Annie ne parvienne à lui trouver aucun défaut. Le risque zéro n'existait pas. Et cela l'inquiétait encore plus.La fille de l'accueil lui glissa un plan après qu'elle eut payé et marqua l'emplacement d'un gros trait de feutre rouge qui rappelait à Annie les jeux de cartes au trésor, un souvenir bien triste corroboré par son mauvais sens de l'orientation.
—Ça va pas être possible, déclara Annie, l'air interdit.
Il lui fallait impérativement un guide. Sans lui, Dieu seul sait où Annie se retrouverait. En tout cas, elle était prête à mettre sa main à couper qu'il ne s'agirait pas de la bonne. Un jeune homme se dévoua finalement pour l'accompagner. Annie gardait son sac à main serré contre elle. Il espérait sûrement lui voler de l'argent dans un moment de faiblesse, sinon pourquoi l'aurait-il accompagnée ? Le petit fripon !
Sur le chemin, elle se prit à espérer que sa nouvelle colocataire serait sympathique et qu'elle lui permettrait de rencontrer tout un tas de potes.
Enfin, ils étaient arrivés ! La tente n'était pas tout confort mais elle avait le mérite de lui offrir un abris où poser ses affaires et où s'allonger. Annie se précipita vers le matelas qui lui tendait les bras sans prendre le temps de faire connaissance avec son environnement immédiat. En s'asseyant sur son lit, Annie se rendit compte pour la première fois qu'elle était tout bonnement épuisée. Presque chaque centimètre carré de son corps la faisait souffrir d'une manière ou d'une autre. Elle n'était pas habituée à une telle sensation de faiblesse. Vite ! Elle devait se recentrer sur autre chose !
Annie commença à la jauger la fille qui défaisait sa valise, sa nouvelle colocataire donc. Grande, jolies fesses. Il devait bien y avoir un défaut au niveau du visage. Ou du cerveau. C'était souvent à ce niveau que se trouvait l'explication. Elle amorça un mouvement pour se retourner, Annie allait pouvoir en avoir le cœur net. Un silence glacial formé par l'effroi se répandit dans toute la pièce. Après un moment, la jeune femme se décida à le briser.
—Mamie ?
—Stéphanie ?
—Stacy, corrigea-t-elle froidement.
Ça commençait mal. Son fils n'avait certainement pas hérité de ses goûts raffinés.
—Et qu'est-ce-que tu fais ici ?
Annie laissa échapper un rire nerveux.
—De nous deux, je suis l'adulte.
—Au cas où tu ne le saurais pas, je suis aussi majeure. Mais tu n'étais pas censée être en maison de retraite ? demanda-t-elle d'un air soupçonneux.
Annie tenta de revêtir un air détaché et naturel.
—Ils m'ont donné une permission pour venir à ce festival.
Annie la vit se saisir de son téléphone et pianoter quelques mots. Tout en faisant cela, elle parvient à lui dire :
—Ah super, c'est gentil de leur part. Et du coup tu restes jusqu'au bout ?
Ces questions désintéressées, cette gentillesse, tout cela cachait forcément quelque chose !
Après quelques minutes, deux policiers pénétrèrent dans la tente. Si Stacy avait frappé Annie, elle n'aurait pas paru plus offensée.
—Je suis désolée mamie, c'est pour ton bien.
Annie fulminait de rage. Elle hallucinait. Elle avait osé prévenir les flics !
—Éclate-toi bien, Judas !
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●Rendez-vous à l'épisode 13.
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Cent ans et toute sa tête [Terminé]
General FictionAnnie a cent ans. Et comme bon nombre de femmes de cet âge, elle réside dans une maison de retraite, où ses enfants ont décidé de la placer. Seulement, Annie aspire à une autre vie que celle qui consiste à contempler dentiers et fronts dégarnis à l...