Episode 32

68 8 1
                                    

Annie hésita une seconde avant de décrocher. Après tout, il était peut-être porteur d'une bonne nouvelle.

-De quoi t'as besoin ? s'enquit Annie de but en blanc.

Celle-ci entendit son correspondant s'étrangler avec un verre d'eau -ou toute autre substance- au bout du fil.

-Pourquoi tu supposes toujours que je t'appelle par intérêt...

Annie coupa son fils immédiatement, sans même lui laisser le temps de finir.

-Ça veut dire que je me trompe ?

Un sourire carnassier se dessina sur le visage d'Annie tandis qu'elle entendait son fils marmonner quelques paroles incompréhensibles de l'autre côté du combiné.

-Non, assura-t-il finalement. Écoute maman...

Chaque fois que leur lien était évoqué, la suite était rarement réjouissante. Mais comme d'habitude, elle parviendrait à tourner la situation à son avantage.

-Avec Christine nous avons décidé de te changer de maison de retraite, nous ne sommes plus satisfaits des services que celle dans laquelle tu es actuellement offre.

Annie laissa échapper un rire strident, faisant se retourner tous les adultes aux facultés auditives toujours présentes.

-C'est surtout Christine qui n'est plus satisfaite de ce que ton portefeuille offre, n'est-ce-pas ? Non, je ne changerai pas de maison de retraite, Éric. Pour partager ma chambre avec une vieille qui se pisse dessus, non merci !

Annie sentit la panique monter dans le ton de sa voix. Il ne savait plus comment se sortir de cette situation.

-Mais... je ne te demande pas ton avis.

-Vraiment ? Dans ce cas, pourquoi prendrais-tu même la peine de m'appeler ?

-Pour te tenir au courant, rétorqua-t-il d'une voix mal assurée.

-Malheureusement pour toi, tes gènes t'ont davantage doté de la bonté de ton père que de mon intelligence, soupira Annie.

Un silence se fit.

-Je croyais que tu ne savais pas qui était mon père !

-T'aurais-je dit le contraire ? Écoute un peu, Éric, quand je te parle s'il te plaît ! De toute façon ta conscience te travaillera trop. Je sais que tu ne me changeras pas sans mon consentement. Allez, bonne journée mon chéri.

Annie raccrocha et reporta son attention sur la télévision d'où le spot publicitaire venait de disparaître, mais pas avant qu'elle ne parvienne à voir le lieu du festival.

C'était le moment de partir. De plus, elle n'était pas assurée d'être encore dans cette maison de retraite la semaine suivante. Eric était peut-être un lâche, mais Christine était loin d'avoir sa faiblesse. Il ne lui restait plus qu'à décamper après le souper et à voler la voiture de la nouvelle infirmière. Les clés dépassaient constamment de sa poche.

♤♡◇♧

Rendez-vous à l'épisode 37.


Cent ans et toute sa tête [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant