Chapitre 1

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La chaleur est étouffante à Nice, malgré l'heure avancée, et je regrette déjà les températures finlandaises. Après presque huit heures de périple aérien  - et un retard de vol à Roissy -, nous récupérons enfin la voiture de location.

Je garde ma valise avec moi à l'arrière, le coffre étant trop petit, et écoute d'une oreille mon père nous vanter le climat annoncé pour cet été, soi-disant à faire jalouser tous ses collègues. Je suis moyennement emballé, c'est déjà la troisième fois que je suis obligé de m'éponger le front depuis que nous avons pris l'autoroute.

— La climatisation ne marche pas ? demandé-je.

— Adam, on est partis il y a dix minutes ! Sois patient, ça va venir.

Je lève les yeux au ciel. Je déteste déjà cet endroit. Les paysages sont secs, il n'a pas dû pleuvoir depuis des semaines, voire des mois. Je préfère les lacs et la verdure du Nord, même si c'est moins ensoleillé, c'est bien plus supportable.

— Que penses-tu de la vue ? me demande ma mère.

— C'est aride, non ?

— C'est très différent de la maison. Cela ferait une merveilleuse source d'inspiration pour tes dessins !

Je suppose. Pour l'instant, tout ce que je veux, c'est dormir. Tout l'été, de préférence, et même encore après. Rien que l'idée de retourner à l'école l'année prochaine, même si c'est pour étudier l'art, me donne envie de vomir.

*

Deux heures plus tard, le soleil a fini par se coucher lorsque nous arrivons devant ce qui semble être la maison de ma grand-mère. Il est difficile de dire à quoi celle-ci ressemble de nuit, mais j'ai l'impression qu'on est bien loin de la ruine que j'avais imaginée.

La vérité, c'est que je n'ai jamais connu mamie Dora. Mes parents se sont rencontrés à l'université de Nice alors que ma mère participait à un programme d'échange, Erasmus ou quelque chose dans ce goût-là. Elle est Finlandaise, et bien que je sois né ici j'ai grandi à Helsinki. Il paraît que j'ai fait une colère terrible la première fois que j'ai pris l'avion, quand j'étais bébé. Ils ont voulu retenter l'expérience quelques années plus tard lorsque j'étais en maternelle et ça a été encore pire. Je ne supportais tout simplement pas ça.

Alors depuis, ils ont laissé tomber et ne m'ont jamais obligé à les accompagner jusqu'à aujourd'hui. Je restais chez ma tante et je suppose que cela m'allait très bien. Mais cette fois, étant donné qu'ils voulaient partir deux mois entiers,  ils ont estimé que je n'avais pas le choix. Même tante Katri s'est rangée de leur côté. Je parie que, maintenant, ils regrettent de ne pas avoir plus insisté pendant toutes ces années, voyant que tout s'est bien passé aujourd'hui. Je les vois déjà venir, à vouloir remettre ça pour les prochaines vacances.

Ma mère sort de la voiture pour aller ouvrir la porte à la lumière des phares. Heureusement qu'ils ont toujours une clé, autrement il aurait fallu faire un détour par la maison de sa voisine la plus proche, qui semble être tout de même à plusieurs kilomètres d'ici. Nous sommes au milieu de nulle part.

La lampe du porche s'allume pour illuminer la cour.

Ah oui. De la vieille pierre d'accord, mais c'est plus une villa qu'une maison. Une fois le moteur éteint, mon père et moi sortons de la voiture avec les bagages. Contrairement à ce que je craignais, cela ne sent qu'un tout petit peu le renfermé. La fameuse voisine est venue faire le ménage ces dernières semaines.

Le couloir de l'entrée mène sur une cuisine ouverte, sur un vaste séjour avec le salon et la salle à manger. Il y a deux grandes baies vitrées donnant pour le moment sur des volets fermés. Les meubles sont en bois massif patiné, relativement anciens. Le style français, je suppose.

Painting Stars [ÉDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant