🎆 Don't Change [BONUS]

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— Tu les vois, ou pas ?

— Toujours pas, soupire Jeff à côté de moi. Arrête de courir !

— Je ne cours pas.

— Tu marches vite.

Je ne trouve rien à redire, car je sais qu'il a raison. Tout le monde me le dit – reproche – et je le sais, mais c'est comme ça, je ne peux pas aller moins vite. J'ai des grandes jambes.

De loin, la place du village est bondée, et je réalise que je n'ai sans doute pas eu l'idée du siècle. Je culpabilise encore énormément d'avoir provoqué une crise d'angoisse chez Adam lors de notre première sortie à Saint-Tropez, et je commence à douter. Est-ce qu'il gère mieux la foule lorsque ses parents sont là ?

En même temps tu l'avais laissé tout seul, idiot !

Non mais, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Je pourrai toujours lui proposer de venir à la maison, au pire. Habituellement on regarde le feu d'artifice depuis ma fenêtre, mais je me suis dit que ce serait peut-être un peu trop intime. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que pense Adam, il est beaucoup trop mystérieux pour que j'arrive à savoir comment me comporter avec lui. J'ai l'impression qu'on est à la fois proche et loin, et c'est assez déroutant la plupart du temps.

Je tourne la tête en arrivant en bas de la rue, et je le vois. Penché sur son téléphone, les sourcils froncés, il patiente à l'extérieur de la poterie.

— Helsinki ! je l'interpelle en agitant la main lorsqu'il tourne la tête vers moi.

Un sourire discret se dessine sur ses lèvres, et il range son téléphone dans sa poche. Je suis content qu'il soit venu. Il a l'air crispé mais ça ne ressemble pas à la panique que j'ai déjà vue chez lui, même au bar. Mon dieu, quand je pense que je lui ai déjà valu deux crises en trois semaines... Je devrais vraiment songer à le laisser tranquille.

Mais c'est plus fort que moi.

— Comment va, Adam ? demande Jeff en lui serrant la main.

— B- bien et vous ?

Il soutient à peine son regard et détourne les yeux vers moi.

Voilà pourquoi je ne peux pas le laisser tranquille. Ses grands yeux bleus qui me dévisagent, qui me regardent. Adam ne se contente pas de me voir, il me regarde. Je suis déjà en train de me noyer, et il continue de me faire couler.

Je garde cependant mes distances, car j'ai bien compris qu'il n'était pas du genre tactile, surtout en public. Il porte le t-shirt qu'il m'a prêté le soir où je suis resté dormir chez lui. « UNDEFINED » dit le vêtement. Je pense qu'il n'y a pas plus représentatif de nous. Clairement, indéfinis.

Enfin si, on est amis. Je crois. Mais genre, est-ce qu'il se rend compte d'à quel point il me plaît ? A quel point c'est... Pas clair du tout, ce qui se passe ? Indéfinis...

— Le ciel est dégagé, on va avoir un magnifique feu d'artifice.

Adam hoche la tête aux paroles de mon oncle, et ses parents nous rejoignent quelques secondes plus tard.

— Bonjour, vous allez bien ? je demande en faisant la bise à la mère d'Adam.

— Merveilleusement bien ! Il y a longtemps que nous n'avons pas assisté à un feu d'artifice.

— Alors, où se trouve la meilleure vue ? demande son père.

— Par ici, s'exclame Jeff avec entrain en prenant la tête de notre petit comité.

J'attends qu'ils prennent un peu d'avance pour bouger, parce que j'ai attendu toute la journée pour voir Helsinki et je n'ai aucun scrupule à traîner égoïstement avec lui au lieu de nous mêler à la conversation.

Painting Stars [ÉDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant