Ainsi ai-je parlé

58 4 0
                                    

La Déesse...

Bryan l'avait déjà appelée ainsi.

Qu'est-ce que c'était que cette histoire encore ?

- La Déesse de la magie Méléniale, aussi appelée Aertherys, est la déesse de la magie commune. C'est une très longue histoire...

Dragana ferma les paupières un instant. Ashley comprit que c'était une histoire tragique qui n'était pas évidente à raconter.

Mais au même moment où elle ouvrait la bouche pour la rassurer en disant qu'elle n'était pas forcée de le faire, l'Oracle ouvrit les yeux.

- Laisse-moi te raconter cette histoire. Comment la Déesse perdit la vie en protégeant un peuple qui n'était pas le sien. Et comment ce même peuple se retourna contre les mages...


Jamais le peuple de la magie n'avait été aussi heureux cette année. Aujourd'hui était le jour du quatre cent vingt-huitième anniversaire d'Aertherys, sa déesse. Un jour à fêter comme il se doit, bien que la femme divine lui ait toujours dit de se ménager pour ne pas lui apporter trop de fatigue ni d'anxiété.

Des banderoles furent placées dans toute la citée. Des lanternes magiques en lévitation de multiples couleurs illuminaient la nuit qui commençait à tomber. Les arbres phosphorescents scintillaient d'une douce lueur rouge orangée, en pleine saison d'automne.

Un grand buffet avait également été dressé sur plusieurs tables rondes. Tout le royaume était en émoi. Leur Déesse allait bientôt arriver, accompagnée de sa fille Artania, une fillette de six ans.

- Hâtez-vous ! Il ne nous reste plus beaucoup de temps.

Eh puis, un éclat doré apparut en même temps qu'un rire doux retentit.

- J'espère ne pas être la cause de toute cette anxiété ?

Une silhouette féminine se dessina au milieu de la foule, puis peu à peu, Aertherys apparut.

C'était une femme resplendissante. Ses longs cheveux bouclés étaient pareil à des fils d'or fin, et ses yeux, hazel, une couleur claire qui illuminait son visage. Des pommettes hautes, un sourire enjôleur aux dents blanches et parfaites. Vêtue d'une longue robe dorée, elle était entourée d'un halo de lumière de la même couleur.

- Mère ! Vous vous êtes hâtez sur terre en me laissant périr sur mon coussin !

Une petite fille rousse apparut de derrière la Déesse. Ses mèches rousses et rebelles étaient lâchés, comme à son habitude. Elle portait une robe bleue qui allait à merveille avec ses yeux violets et et son halo mauve.

Sa mère rit joyeusement, les gens se courbèrent devant elles et se précipitèrent pour leur montrer ce qu'ils avaient accompli. La fête dura toute la nuit et tout le jour suivant, tant ils avaient prévu.

Deux semaines plus tard, un humain arriva dans le royaume.

Il alla à l'encontre de la Déesse et de sa fille dans leur temple, en courant.

- Ô Déesse des mages ! Je t'en conjure aide-nous ! Notre peuple est sur le point d'essuyer une attaque barbare de la contrée Ouest et nous avons besoin de votre magie, la vôtre ainsi que celle des Vays !

- Ami, fit la Déesse, j'entends ta requête. Que tous les Vays et les Néridias de mon peuple se soulèvent contre l'ennemi haï !

Sous l'appel de leur déesse, les mages se révoltèrent et vinrent en aide à leurs amis humains. Les barbares durent rebrousser chemin et jurèrent vengeance.

Le lendemain, après avoir fêté la victoire des deux peuples, un humain vint à nouveau quérir la femme sacrée.

- Déesse Aertherys, clama-t-il, nous avons appris que l'un de vos mages venait piller notre réserve de sel. Nous réclamons justice.

- Ami, il en sera fait selon vos désirs, à condition que vos accusations et votre courroux soient fondés.

- Déesse, fit le visiteur respectueusement, je jure d'être la proie de votre foudre si on apprend que j'ai menti.

Aertherys chercha des jours et des jours le coupable et ne le trouva point. Persuadée de l'innocence de son peuple, elle convoqua à nouveau l'homme qui osa accuser son peuple sans preuve.

- Ami, il n'y a personne de pêcheur en ces lieux. Ta colère n' est pas justifiée. Trouve le coupable en dehors de mes terres.

L'étranger, paniqué, pensant que sa promesse allait se réaliser et ignorant que la Déesse l'épargnait, tira son arc et le banda.

- Si je dois périr, je veux que ce soit en combattant !

Et il lâcha sa flèche mortelle sur le cœur de la belle femme. Artania cria en voyant le sang blanc de sa mère tâcher sa robe dorée. Elle se précipita vers elle en voulant la lui ôter mais une seconde flèche transperça Aertherys en son front. Avec un hurlement de terreur, elle alerta le peuple qui se précipitait sur les lieux mais trop tard, hélas. Aertherys était déjà morte.

Le traître s'enfuit avant qu' on n' ait pu le voir. L'enfant pleura longuement sur le visage se sa mère avant de se relever et de déclarer d'une voix caverneuse :

- Puisqu'il en est ainsi, je demande à ce que l'aura de ma mère soit épargnée des abysses de la mort. Qu'un jour, son courroux et sa bravoure renaissent à nouveau. Que son corps soit le même qu'en ce jour, et que son pouvoir se déclare lorsqu'une nouvelle menace ne s'approche de trop près des mages. Que les humains soient châtiés ; que d'aucun d'entre eux ne sortent les mots de l'existence de la magie, que tout cela disparaissent avec la naissance de la nouvelle génération ! Quant à moi, Artania, que je sois capable de prédire l'avenir afin d'éviter à nouveau de telles cruautés ! Ainsi ai-je parlé, ainsi sera-t-il fait !

Dès lors, la fillette prit l'apparence d'une vieille femme aux cheveux blancs et au regard sans pupille. Son don, la magie visionnaire, l'aida à empêcher nombre de catastrophes d'arriver. Peu à peu, les humains oublièrent les mages et la magie et le royaume des mages disparut pour laisser les Sectes protéger les nouveaux mages libres de faire leur choix., et surtout faire preuve de plus de discrétion.

Humains et mages se mélangèrent, sans que les premiers ne s'en rendent compte. Aujourd'hui, les ruines du royaume existaient toujours, mais à présent hors du regard des humains.

Aertherys - Tome 1: La SecteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant