Aertherys - Tome 1: La Secte

Qui es-tu?

Elle ignora les cris de ses amis qui disaient qu'elle n'était pas encore rétablie. Alvin lui, savait pourquoi elle agissait comme ça.

- Tu sais que c'est la deuxième fois qu'ils se font attaquer? demanda-t-il comme si elle ne s'en était pas rendue compte toute seule.

- Oui.

- Tu sais qu'ils ne vont pas garder le secret très longtemps si ça continue?

- Oui.

Alvin agita ses ailes et se lissa les plumes.

- Je viens avec toi cette fois.

- Oui.

En vérité, le petit oiseau blanc voulait seulement la sortir de sa fureur. Car Ashley était furibonde, oui, absolument. Elle était partagée entre deux sentiments qui ne la laisseraient pas tranquille du moment qu'elle n'aurait pas pris une décision.

La colère et l' envie de les voir la poussaient à pendre cette mission seule.

La tristesse et la douleur lui hurlaient de réfléchir, de ne pas agir à chaud, de prendre du recul. Mais son choix était déjà fait.

Elle s'habilla en quatrième vitesse grâce au petit cube accroché sur sa nuque, mit ses lentilles et sa montre connectées et plia son portable flexible dans sa poche interne.

Sa dague enfoncée dans sa botte gauche, à l'intérieur, elle récita :

- Au lycée avec Mme Camargue!

Elle apparut dans un éclat de lumière bleue, à cause des flammes qui l'enveloppaient dues à sa fureur. Elle aperçut nettement le chauve qui lançait une sphère de feu vers Elodie. Jade hurla. D'un claquement de doigts, Ashley la fit exploser en millions de particules oranges et rouges avant qu'elle ne percute son amie. Matthias se retourna et écarquilla les yeux en plongeant son regard paniqué dans le sien.

- Aer... commença-t-il, et il ne termina jamais sa phrase.

Aertherys, les yeux maintenant noirs brillants de colère, le dit hurler comme jamais elle n'avait fait hurler quelqu'un. Ce mage allait payer le prix de sa tentative d'assassinat. Ensuite ce serait le tour de Bryan. Matthias cria de douleur, encore et encore, et heureusement qu'ils étaient seuls dans l'étage dédié aux langues. Parce qu'il aurait alerté tout le monde alentour.

Ce ne fut qu'au bout de longues minutes de souffrance et d'agonie qu'elle de décida à abréger ses souffrances et le tuer. Elle dégaina sa lame, celle qu'elle ne penserait jamais utiliser, et qui se retrouva en un éclair dans sa main refermée sur le manche. Ashley la planta dans son cœur, brutalement, sans détour. Matthias cracha du sang.

" N' oublie pas en Enfer qui je suis. "

Les yeux exorbités, il la regarda, agonisant, la bouche grande ouverte avec un filet de sang qui coulait. Puis elle ne sentit plus son souffle rauque sur le peu de sa peau à découvert.

Elle fit disparaître le cadavre et se retourna vers tous ses camarades effrayés. Julien et Marie la regardaient fixement, sans crainte. Cette dernière fronça les sourcils en croisant son regard.

De sa voix divinement modifiée, Ashley tonna :

- J'espère que vous m'avez obéie.

Ils hochèrent la tête en silence. Elle la hocha sèchement à son tour et se détourna. Un léger halo l'entoura pour la préparer à partir.

- ATTEND!!!

Les autres sursautèrent. Pas Ashley.

Marie se tenait juste derrière elle, le regard à la fois rempli d'espoir et de détermination. Elle ne tremblait pas à cause de la peur mais de l'émotion.

La voix chancelante, Marie demanda:

- Qui es-tu ?

Ashley se figea. Et merde. Plus moyen de revenir en arrière.

- Personne.

Sa voix était redevenue normale. Elle adressa une prière silencieuse au ciel pour que personne ne l'ait reconnue. Mais c'était sans compter sur la ténacité de sa meilleure amie.

- Répond-moi!

Elle avait hurlé ces mots, comme un cri de désespoir. Cri qui déchira le cœur d'Ashley qui inspira une fois à fond.

Elle essaya de modifier un peu sa voix en la rendant plus grave.

- Je suis une magicienne.

- Comment tu t'appelles?

Marie devenait comme hystérique. Elle s'approcha de leur sauveuse, les larmes aux yeux qu'elle peinait à contenir, et articula lentement devant un silence pesant:

- Comment. Tu. T'appelles?

"Marie, tu sais." pensa Ash en elle même. "Tu sais que c'est moi mais tu ne veux pas l'admettre."

Ashley soupira une nouvelle fois et se gratta l'arrière du crâne.

Il fallait qu'elle leur dise la vérité. Elle entendait les tourments de son amie et ceux de ses camarades. Ils la cherchaient depuis plus de quatre mois. Ils avaient toujours espéré qu'elle reviendrait.

Elle qui pensait qu'elle allait se faire haïr ! Elle avait bien raté son coup.

- Asseyez-vous.

Tous obtempérèrent. Quelle allait être leur réaction en la voyant? Colère ? Soulagement ?

Bon. Quand il faut y aller...

Elle prit d'une main le haut de sa capuche et de son autre main le bas.

Puis elle tira dans les sens opposés, dégageant son visage en entier, de sorte à ce que plus personne ne doute.

- NON!

- OH PUTAIN!

- Bordel, c'est quoi ce cirque?!

- C'est vraiment toi?!

- Non, c'est un clone, voulut-elle plaisanter sans sourire.

Oui, aucun doute. Une seule personne était capable de leur parler ainsi de sang froid et sans craindre que les autres ne la jugent.

Ashley Muller.

Marie lui sauta littéralement au cou, ce qui mit mal à l'aise Ashley qui n' avait toujours pas oublié la gifle qu'elle lui avait donnée. Sa meilleure amie éclata en sanglots en lui répétant qu'elle était revenue, qu'elle était là, vivante et en bonne santé, qu'elle était prête à se faire baptiser immédiatement pour remercier le ciel de lui avoir rendue sa sœur de cœur.

D'autres vinrent littéralement l'étouffer, Alvin s'envola pour échapper à cette vague humaine en traitant les humains de sauvages qui ne savaient pas se tenir.

Elle dut les repousser gentiment mais fermement pour respirer à nouveau. Elle fixa Julien et lui sourit tristement.

Sa main se leva pour prendre la sienne mais elle se figea en plein mouvement. Ashley se tendit entièrement.

Sa main. La main de Julien était dans celle de Jade. Ils avaient leurs doigts entrecroisés. Ils se tenaient la main.

La sienne retomba vivement le long de son corps. Ce fut comme si on la poignardait en plein cœur encore et encore et qu' on lui tordait le ventre.

Julien l'avait oubliée.

Plus rapidement qu'elle ne le pensait.

Elle le fixa avec un regard vide, chargé d'un sentiment de trahison.

" Comment as-tu pu me remplacer si vite? "