Pitié !

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Marie se réveilla, les yeux remplis de larmes, comme tous les matins depuis plus de quatre mois. Le même cauchemar... Ash... morte...

"Quand je pense qu'elle a cru qu'on avait vraiment balancé son secret..."

Elle se leva et regarda son réveil. Il n'avait même pas sonné, elle s'était réveillée dix minutes en avance. Elle soupira et mit sa robe de chambre noire pour descendre manger.

Jeudi. Le jour préféré d'Ashley, parce qu'ils avaient maths. Marie et elle étaient de vraies mateuses. Enfin ça, c'était avant que Marie ne perde l'envie de travailler.

Pendant quatre mois, quatre longs mois, Julien et elle n'avaient cessé de penser à elle. Elle avait du retenir Julien de faire une tentative de suicide en le persuadant qu'elle pouvait être encore là, quelque part, qu'il ne fallait pas désespérer.

C'était il y a deux mois.

Et aujourd'hui, toujours aucune trace de leur amie.

Elle embrassa sa mère et s'assit à table. Elle commença à lui parler du programme de sa journée de congé mais elle ne l'écoutait pas.

Quand ils étaient revenus le lendemain de la rupture d'Ashley et Julien, lui et Marie avaient eu la ferme intention de ne pas laisser tomber, qu'ils lui expliqueraient, quitte à l'attacher à une chaise pour qu'elle les écoute. La gifle avait été cuisante, et la rupture lancinante, mais ils n'avaient pas perdu espoir.

Puis un jour a passé et elle n'était pas venue au lycée. Puis deux. Trois. Quand ils avaient appris sa disparition, toute la première S1 avait été au commissariat de police pour faire eux-mêmes partie des recherches. Deux mois et demie ont passé ainsi. Et toujours rien.

Alors, la police à décidé d'abandonner les recherches au bout de trois mois, la déclarant déjà morte. Au début, personne ne voulait le croire. Elle était forcément quelque part, et il fallait la retrouver.

Mais rien. Son portable sonnait dans le vide. Ils avaient tous perdu espoir et en avaient été dévastés.

À présent, chacun essayait de poursuivre sa vie. Mais ils savaient cela impossible. Ashley était l'un des meilleurs éléments de leur classe, à tout point de vue, et son absence les rendaient tous dingue.

Plongée dans ses pensées, Marie ne s'aperçut même pas qu'elle était sortie prendre le bus, le casque enfoncé sur la tête.

"Ash... je t'assure qu'on a jamais rien dit."

Elle se souvint soudain qu'ils avaient une interrogation de physique aujourd'hui et qu'elle n'avait même pas pas révisé. Elle soupira.

Elle regarda son écran de téléphone et laissa deux larmes s'échapper quand elle vit son fond d'écran.

C'était une superbe photo. Marie était au centre, portant un chapeau de paille qui lui allait très bien. Julien à droite, qui lui faisait les gros yeux d'un air comique. Et Ashley à gauche, qui lui faisait les oreilles de lapin derrière la tête en souriant. Leurs regards à tous les trois brillaient de bonheur.

La photo avait été prise pour le dix-septième anniversaire de Marie, en vacances dans l'Ouest, à la plage. 


Foutue interro de merde !

Marie s'énervait devant tous ces exercices. Bordel, mais elle avait l'impression de ne jamais avoir vu ça en cours ! Génial, maintenant elle était partie pour rendre copie blanche !

Elle appuyait nerveusement sur son stylo Bic, ce qui commençait à agacer ses amis autour d'elle.

Deux coups toqués à la porte la firent souffler un coup. Pitié. Faites que ce soit le proviseur.

- Entrez !

Mais ce n'était pas du tout le proviseur. Un homme entra dans la salle de classe.

- Monsieur ?

- Où est-elle ?

- Pardon ?

La professeure fut soudainement projetée contre le mur. Marie poussa un cri, suivie de quelques autres. Julien se plaça immédiatement devant elle et une autre fille. 

- Où est-elle ?

- Mais qui ?

- OÙ EST AERTHERYS ?!

La professeure, totalement terrifiée, ne répondit pas tout de suite. C'est Kenzo qui parla le premier :

- Qui est Aertherys ?

- Ne me faites pas l'affront de vous moquer de moi !

L'homme avait un tatouage en forme de papillon sur le front. Mais déjà, qui se faisait un tatouage sur le front ??!

- Je sais que vous la connaissez ! Où est-elle ?!

- On ne sait pas ! fit Marie, des larmes de peur au coin des yeux. On ne sait pas qui c'est, on n'a jamais entendu ce nom ! On vous le jure !

- Espèce d'idiote ! Baisse d'un ton !

- Pour qui tu te prends ? s'énerva Julien, menaçant. On te dit qu'on ne sait rien alors maintenant dégage de là !

La prof retomba sur le sol. Ils virent tous clairement les yeux de l'inconnu passer du vert au noir. Les ados frémirent.

- Ne parle plus jamais ainsi à un mage noir. Jamais.

- Un mage ?

- Silence !

L'ordre claqua comme un coup de feu. Julien se tut.

- Vous savez quoi ? Normalement je devrais vous effacer la mémoire pour être au courant de notre existence... mais je suis un mage de Galantis. Je vais donc vous tuer.

Des cris d'effroi fusèrent

Le mage tendit la main vers Julien.

- Et je vais commencer par toi, sale gosse.

Marie ferma les yeux, réflexe ridicule et inutile mais c'était plus fort qu'elle.

Un cri terrifiant la fit sursauter. Elle les rouvrit.

Une silhouette féminine se tenait debout, dos à eux, entre eux et l' homme qui les avait menacés. Elle était vêtue d'étranges habits noirs, parcourus de sortes de fils argentés, et avait une capuche sur la tête. La moindre parcelle de sa peau était recouverte, sauf le bout de ses doigts.

Elle ne faisait rien et pourtant l'homme se tordait de douleur sur le carrelage du lycée, en hurlant. 

- Pitié ! Pitié !

La silhouette n'en eut aucune. Elle tendit la main droite et de fins filets de feu sortirent du bout de ses doigts. L'homme fut entouré de ses fils et serré, serré, et encore serré.

Jusqu'à ce qu'il ne bouge plus.

Sous le choc, personne ne dit rien.

La silhouette se retourna et eut un mouvement de recul en plongeant son regard dans celui de Julien. Regard que tous pouvaient voir, ceci étant la seule chose de visible. Mais avec l'ombre de la capuche, ils n'étaient pas réellement sûrs de sa couleur...

Elle les regarda tous un à un, pendant une minute. Puis elle se détourna et d'un mouvement de l'index, fit léviter un feutre Veleda et le fit écrire sur le tableau. Ensuite, elle disparut, laissant à tous le message qu'elle leur avait laissé visible.

Ne dites rien à personne sinon je finirais ce qu'il a commencé.

Aertherys - Tome 1: La SecteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant