Ashley n'est pas une magicienne

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En lisant l'écriture sur le tableau, Marie et Julien restèrent muets. L'autre fille que Julien avait protégée prit la parole :

- Les gars... cette fille nous a sauvés.

- Oui Jade, souffla la professeure, les yeux fixés sur la phrase.

- Vous vous rendez compte... on a failli y passer... on a failli mourir aujourd'hui.

Un silence pesant s'abattit. Oui, ils avaient échappé à la mort de très peu.

- Quelqu'un... a une idée de qui il s'agissait ?

- Non. Vous avez réussi à voir la couleur de ses yeux vous ?

- Non.

- Je suis le seul à me demander pourquoi elle nous a menacés de mort ? demanda Kenzo.

Ils reportèrent leur attention sur le tableau blanc.

- Ce type, il avait dit qu'il allait nous tuer parce qu'on connaissait l'existence des... des mages, poursuivit Marie. Elle, c'en était une, c'est sûr.

- Oui, vu sa télékinésie c'est évident.

- Si elle nous demande de ne rien dire, c'est qu'il y a une raison. Il faut qu'on obéisse.

- Il faut quand même qu'on signale que quelqu'un a attenté à nos vies, déclara la prof.

- NON !

Julien avait hurlé cela sans réfléchir. C'était du pur instinct, il ne savait pas pourquoi il ne voulait pas. Après tout, c'était lui le premier qui avait failli mourir...

- Julien, il faut qu'on déclare cette attaque. On ne peut pas faire comme si de rien n'était.

- Hors de question ! On obéit à cette fille. Qu'est-ce qu'on va leur dire quand ils vont nous interroger ? Hein ?

Julien était brusquement en colère, à la surprise de tous. Heureusement que le corps du mage avait disparu en même temps que leur sauveuse parce qu'il ne donnait pas cher de leurs explications sinon. Si explications il y avait s'entendait.

- Vous imaginez ce qu'on va leur dire ? Que les mages existent et que l'un d'eux a voulu nous tuer ?

- On peut les mener autre part.

- Non justement ! On peut pas les mener sur une fausse piste. Il y aurait beaucoup trop de trucs à penser. Où est-il ? Pourquoi n'a-t-il pas mis sa menace à exécution ? Quelqu'un d'autre l'a-t-il vu ? Quelle arme ? Non, c'est beaucoup trop compliqué. Le mieux, c'est de ne rien dire.

Il se disputa pendant une dizaine de minutes avec sa professeure. Mais il ne plierait pas. Il savait, il sentait qu'il avait raison. C'était comme si le fait d'avoir été si proche de la mort avait réveillé en lui un instinct aiguisé caché jusqu'ici.

Finalement, ses camarades lui donnèrent raison. Tout le monde jura de garde le secret. Ils espéraient bien que la silhouette reviendrait les voir pour plus d'explications. Mais mieux valait ne pas compter là-dessus.

En rentrant chez elle, Marie se servit immédiatement un bon goûter pour se détendre. Quelle journée !

Elle n'en revenait toujours pas de ce qu'il s'était passé en physique durant l'après midi. Elle se demanda même plusieurs fois si elle avait rêvé. Elle espérait.

Quoique... elle avait cru apercevoir un œil gris sous la capuche... dommage qu'elle n'ait pas vu l'autre œil...

Son cœur battait la chamade. Et si c'était Ashley ?!

- Espèce de débile, se sermonna-t-elle à haute voix. Ashley n'est pas une magicienne. Ou une mage. Bref.

Elle mangea les deux tartines de confiture et de Nutella qu'elle s'était préparées et but d'un trait son verre de jus d'orange. N'empêche, la lueur d'espoir venait de se raviver, elle était timide, mais elle flambait quand même dans son cœur.

Marie se surprit à adresser une prière au ciel. Elle n'avait jamais été croyante, et encore moins pratiquante. Mais si cette prière pouvait lui ramener sa meilleure amie, elle se baptiserait sur le champ, sans hésitation. Elle le jurait.

Elle reçut un message de son père.

PAPA 💙 : Ta mère et moi on sort ce soir. On ne reviendra pas avant deux heures du matin au moins Mdr. Alors avant de partir, vous avez besoin de quelque chose ?

MOI : Non merci Papa. Juste, on peut aller s' acheter des pizzas et des Mashmallows avec Daph ?

PAPA 💙 : Oui bien sûr. Bises ma puce à demain !

Elle lui répondit rapidement. Au même moment, sa grande sœur ouvrit la porte d'entrée brutalement. Marie sursauta pour la seconde fois de la journée et se figea quand elle la vit en pleurs.

- Euh... Daph ?

- Ce connard en a embrassé une autre. Devant moi. Je l'aimais Marie...

Elle laissa tomber son sac de cours sur le parquet et éclata en sanglots. Marie la prit dans ses bras. Elle tenta quelque chose.

- Allez, on va chercher des pizzas, ce que tu veux, et pleins de bonbons. Ce soir on se met devant un film et tu me parles de tout ça, d'acc ?

Daphné hocha la tête en reniflant. Beurk.

Bon, pour ce soir elle devait mettre ses soucis de côté. Priorité à sa sœur. Ensuite elle aviserait.

Elles partirent chercher des pizzas. Une chèvre miel pour Marie, une végétarienne pour Daphné.

Daphné ressemblait en tout point à sa cadette. Elle avait la même taille qu'elle, la même silhouette. Les mêmes cheveux rebelles bruns et les yeux noisette, rougis par les larmes. Elles aimaient toutes les deux le sport et les maths et détestaient plus que tout la mode, contrairement à leur mère qui ne jurait que par ça. Ce que les deux sœurs trouvaient pathétique. Combien de fois s'étaient-elles disputées toutes les trois à ce sujet?

Elles achetèrent des guimauves, des glaces et des réglisses, leur péché mignon.

Elles mangèrent devant le dernier Avengers, leur film préféré. Daphné pleurait encore de la trahison de son futur ex (Marie avait compris qu'ils n'avaient pas encore rompu).

Marie soupira et essayait de se concentrer sur ce que lui disait sa sœur. Mais ses pensées convergeaient toutes vers cette inconnue. Elle avait tellement envie d'en parler à sa sœur et lui changer les idées! Mais elle avait juré. Apparemment, c'était une question de sécurité, peut-être même de vie ou de mort.

Aertherys - Tome 1: La SecteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant