- Alec, ton camarade vient de nous faire un très bon exposé sur notre empereur, tu ne crois pas qu'il mériterait d'être applaudi ?
Je cligne des yeux, je suis malheureusement de retour dans cette stupide salle de classe. Mon professeur, même s'il devrait semblait agacé, me regarde, le sourire aux lèvres. J'aimerais tellement qu'un jour quelqu'un ait une réaction normale sur cette planète. Mais c'est impossible, parce qu'ils sont tous aveuglés par un appareil qui les contrôlent, qui détruit leurs sentiments et ce qu'ils sont réellement. Et je serai à jamais le seul capable de le comprendre.
Malgré tout, je fais ce qu'il me demande, et m'excuse rapidement, en lui faisant croire que si je n'écoutais pas, c'était seulement parce que j'étais perdu dans mes pensées. Même si, en réalité, j'essayais de m'éloigner le plus possible de cette horrible présentation, qui fait l'éloge du monstrueux empereur qui dirige un monde, le mien, mais également celui de centaines de milliards de personnes sur diverses planètes et qui, malheureusement, les asservis autant qui les rend heureux. Excepté, pour moi. Car je suis différent, je ne suis pas comme toutes les autres personnes qui habitent l'Univers, je connais la vérité. Et pourtant, je devrai, et ce durant toute ma vie, être le seul au courant de cela, car sinon, je suis terrifié par ce que pourrait me faire le gouvernement. Après tout, si mes vieux livres datant de l'ancienne civilisation m'ont bien appris quelque chose, c'est qu'il arrive toujours malheur aux personnes qui le mettent en danger, et c'est précisément ce qu'il pourrait penser que je représente, une menace contre ce monde si parfait.
- Bien, revenons au cours maintenant. Durant l'heure qui va suivre, nous allons nous concentrer sur l'enfance d'Ariorz et, plus particulièrement, sur ce qui lui a permis de devenir le grand génie que nous connaissons aujourd'hui.
Ariorz, Ariorz, toujours Ariorz, tous nos cours d'Histoire de l'Univers sont sans cesse centrés sur lui, comme si avant sa découverte, le monde n'existait pas. Pourquoi ne nous concentrons-nous pas sur nos ancêtres venant de la Terre, cette ancienne planète qu'ils auraient fuie après l'avoir détruite ? Ou alors, sur les autres espèces peuplant l'Empire et provenant de dizaines de galaxie différentes, chacune avec sa propre histoire, parfois reliée à la nôtre, parfois à l'opposé. Tous ces univers si différents du nôtre, j'ai dû apprendre à les connaître par moi-même, grâce à d'anciens livres presque tous inexistants dans les Grandes Bibliothèques de l'Empire, et par-dessus tout, à l'encontre de mes parents, qui trouvent tout cela inutile. Parce que seul Ariorz est important ici, seul Ariorz mérite que l'on s'intéresse à lui.
La sonnerie retenti enfin, et je quitte la salle le plus rapidement possible. Direction le cours de Science Inter-dimensionnelle, une des seules matières qui n'est pas centrée sur notre empereur, et également une des seules que j'apprécie. Chaque jour, nous apprenons de nouveaux secrets sur notre univers, mais aussi sur tous les autres constituant le multivers, tous accessibles depuis le célèbre Marché de l'Impossible, lieu mythique pour toutes ces marchandises inimaginables, provenant de tous les univers existants, chacun avec ses propres lois physiques qui le rendent unique.
Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir tous les visiter un jour ! Comme les explorateurs 20D, qui auraient découvert le célèbre Univers Interdit, inaccessible pour le public à cause de ses 20 dimensions. Il est également le seul qui en contient autant dans tout notre multivers, à tel point que ça le rend inimaginable ! Mais littéralement. Aucun des membres de l'équipe des 20D n'a souhaité communiquer de photos, nous n'avons donc aucune idée de ce à quoi un tel monde pourrait ressembler. Sans qu'on ne sache pourquoi, ils n'ont même jamais donné aucun détail sur cet endroit, excepté qu'il serait situé à la limite de l'entrée du Void, le plus dangereux des univers, car constitué seulement de vide. On raconte, d'ailleurs, que tous ceux qui auraient tenté de visiter ce dernier, n'en seraient jamais revenu mais que, pourtant, on continuerait à entendre leurs cris dans leurs appareils de communication.
Je suis le dernier à entrer dans ma salle de classe, juste avant que ma prof ne ferme la porte du vaisseau et qu'il décolle vers le centre de simulation. C'est là-bas que tous nos cours de science se déroulent et, selon quelques rumeurs, aujourd'hui nous visiterons, virtuellement bien sûr, l'univers Ouaf Ouaf qui, comme son nom légèrement ridicule l'indique, est peuplé uniquement de chiens. Le cours risque donc d'être très excitant ! D'autant plus que ces créatures, n'existant plus à notre époque, auraient servi d'animaux de compagnie durant une éternité aux anciennes civilisations, mais auraient donc disparu en même temps qu'elle lors de la grande explosion, qui détruisit la Terre, mais également tout son système solaire. Laissant, pour seuls survivants, mes ancêtres, et ceux de tous les élèves peuplant ce lycée. Des personnes supérieures aux autres, que ce soit par leur fortune, leur pouvoir, ou leur présence indispensable pour diverses raisons, variant de l'une à l'autre. Pour faire bref, des personnes méritantes, des élites.
Malgré tout, cette sélection n'a été d'aucune utilité. Même les meilleurs d'entre nous sont tombés sous la domination d'Ariorz, car personne ne peut résister au bonheur, chaque être-vivant, peu importe la planète sur laquelle il vit, le considère comme son saint-graal, et rien n'est plus important. Même pas la liberté qui est, de toute manière, obtenue grâce à lui. Car le bonheur nous rend libres, libre de la souffrance, libre des doutes, libre de la culpabilité, libre de toutes ces émotions, et bien d'autres, qui nous affaiblissent, qui nous poussent à la destruction, et donc à l'extinction de notre espèce. La survie nécessite donc d'être heureux, et pour cela, d'être soumis, soumis à Ariorz.
Voilà la logique partagée par tous les porteurs de l'Implant, par l'Univers entier, par ses habitants heureux grâce à une petite puce, grâce à un logiciel ou une substance - nous n'avons jamais su de quoi il était composé - qui nous rend tous aveugles, qui nous montre un monde inexistant, un conte de fée auquel les adultes croient aussi, un conte de fée qui ne se terminera jamais par "ils vécurent heureux". Et personne ne le remarque, personne n'en est capable, excepté moi. Car l'Implant m'est complètement inutile, car je suis le seul être-vivant capable de lui résister. Cela devrait sembler impossible, et pourtant, j'en suis la preuve vivante, même si je n'en connais toujours pas la raison.
Et pourtant, ce n'est pas comme si je n'avais pas essayé de trouver des réponses, mais la tâche devient beaucoup plus difficile quand on doute de la question. Il y a trop de propositions possibles, pour le moment : peut-être s'est-t-il passé quelque chose d'inhabituel lors de ma cérémonie d'implantation ? Peut-être y a-t-il quelque chose en moi qui empêche l'Implant de fonctionner ? Peut-être est-ce lui qui est défectueux ?
Un jour, je comprendrai ce qui est différent chez moi.
Un jour, je découvrirai la vérité, et je rendrai sa liberté à tout un empire.
Voilà ma mission, voilà la raison de ma naissance, et voilà la cause de ma mort.
Mon nom est Alec Cayne.
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Salut tout le monde, j'espère que ce premier chapitre vous a plu, mais par-dessus tout, qu'il vous a permis de vous faire une idée de la personnalité d'Alec, et de l'histoire en général, même s'il y a encore beaucoup à découvrir. Cela faisait quelque temps que j'avais écris cette partie, et je suis très heureuse d'enfin pouvoir la partager avec vous, mais j'ai aussi vraiment hâte que vous découvrez la suite, qui arrivera sûrement la semaine prochaine.
En attendant, je vous souhaite une très bonne lecture sur Wattpad, et n'hésitez pas à remplir la zone commentaire. ;)
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L'implant [En pause]
Science FictionL'Empire des Multi-galaxies, lieu d'habitation de plus de 100 000 milliards de personnes, humaines ou pas, avec, à sa tête, le grand scientifique Ariorz, est la plus grande, et surtout, la seule vraie utopie que l'Univers n'est jamais connu. Et ce g...