Chapitre 2

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Après les cours, je rejoins Val, mon meilleur ami depuis toujours, au centre de divertissement, le lieu le plus peuplé de la ville et, par-dessus tout, notre repère depuis nos 10 ans. Toutes les dernières innovations en matière de jeux vidéo en réalité virtuelle, de télévision holographique, chacune avec plus de 2 millions de chaînes, de réseau social nouvelle génération, et d'autres centaines de divertissements possibles, y sont présentes. Et seulement ici, à Aldohr, la capitale de l'Empire, et également le lieu d'habitation d'Ariorz.

Du centre, nous pouvons même voir la gigantesque tour dans laquelle il vit, même si des rumeurs disent qu'elle renfermerait seulement un portail vers un univers qu'il se serait créé, Egariorz. Mais bien sûr, cela reste seulement une des nombreuses théories sur cette étrange bâtiment qui serait sorti de terre du jour au lendemain, et dans lequelle personne n'aurait jamais pu mettre les pieds, même pas les plus proches compagnons de l'empereur. D'ailleurs, selon quelques rumeurs, il s'y serait enfermé il y a quelques mois, sans qu'on n'en connaisse la raison. Que pourrait faire peur à un grand empereur comme lui, après tout ? Lui qui contrôle toute la population de l'Univers ? Lui qui rend tout le monde heureux depuis si longtemps ? Quoiqu'il en soit, cet exil ne devrait plus durer très longtemps, dans quelques jours aura lieu sa célèbre visite annuelle.

-Al, tu viens ? La partie va bientôt commencer.

Je rejoins mon ami devant le simulateur de paintball, une des meilleures attractions du centre, et j'enfile aussitôt mon casque et ma combinaison. Je prends ensuite mon arme, et active la partie par la même occasion. Je me retourne ensuite vers mon coéquipier, qui vient d'entrer, lui aussi, dans le jeu. Puis nous regardons tous les deux nos ennemis, dont la liste s'affiche devant nous.

-Ok, regarde leur niveau, ce sont des débutants, c'est comme si on avait déjà gagné.

Mon ami me sourit, avant de se retourner vers la gauche. Les autres membres de notre équipe, venant d'un autre centre, apparaissent. Ce sont surtout des amis de Val et, même si j'ai réussi à me rapprocher de certains d'entre eux, je préfère lui laisser la parole. D'autant plus, que c'est notre capitaine.

-Les gars, vous êtes en retard, encore.

-Problème de serveur, désolé cap. Mais ce qui compte c'est que nous sommes là, et prêts à massacrer ces gamins !

-D'accord, alors c'est parti ! Même stratégie que d'habitude, avec Al on part devant, et toi Puck, tu diriges la moitié de ta bande de retardataires et vous essayer de nous couvrir, tandis que l'autre moitié essaye de s'infiltrer dans le camp adverse, c'est bon ?

On hoche tous la tête, que le jeu commence !

*

-Bravo ! C'était une super partie ! Je suis fière de vous, les gars.

-Merci cap, mais ces gamins n'avaient aucune chance devant des vainqueurs comme nous, n'est-ce pas ?

Tout la bande de Puck se met à crier, le poing en l'air, tandis que Val et moi, nous nous contentons de nous taper dans la main en nous félicitant. Puis nous nous disons tous au revoir, et retirons notre équipement, que nous passons aussitôt à une autre équipe qui s'apprête à commencer, elle aussi, une partie de paintball. Et nous quittons le centre.

-Alors, tu viens chez moi pour une soirée jeux vidéo maintenant ?

-Je ne sais pas, j'ai encore beaucoup de devoirs en retard et...

-Allez Al, tu auras tout le week-end pour les terminer.

J'adore mon ami, mais ça serait vraiment bien parfois qu'il se concentre un peu plus sur les cours.

-Je suis désolé, mais on est diplômé dans quelques mois, et je ne peux pas me permettre d'échouer.

-Qu'est-ce que tu peux être énervant quand tu t'y mets !

Il fait une pause, pas encore ! Son visage change aussitôt d'expression, et l'implant libère son poison. Il fait ce pour quoi il a été conçu, et efface tout sentiment négatif. Quel horrible spectacle ! J'aimerais tellement pouvoir le lui retirer, et enfin le libérer, mais c'est impossible. Une telle chose ne s'est jamais produite et, même si j'en étais obligé, je ne serai comment faire.
Je regarde mon ami, toujours figé, un sourire aux lèvres.

-Val ?

Il cligne des yeux, et semble enfin reprendre ses esprits.

-Désolé, tu disais ?

-Je dois rentrer chez moi, tu es d'accord ?

-Bien sûr, on se fera une soirée plus tard, les cours sont plus importants.

Je le remercie, même si je culpabilise un peu. Je suis le seul à pouvoir ressentir autre chose que du bonheur, par conséquent, à chaque fois que l'on est en désaccord sur quelque chose, et qu'il commence à ressentir de la frustration, de la colère, ou tout autre sentiment négatif, il finit toujours, à cause de l'Implant, par céder. J'essaye donc toujours de lui faire plaisir par la suite, il reste mon meilleur ami, et je veux que notre relation soit le plus juste possible.

-Si tu veux, on peut se faire une soirée entre amis demain soir, ça te dit ?

-Rien ne pourrait me faire plus plaisir ! Merci Al, t'es vraiment incroyable, je peux te faire un câlin ?

Il agit toujours bizarrement après que son horrible appareil ait fait son effet, et reste beaucoup trop heureux pendant quelque temps. C'est une fonction supplémentaire qui laisse à la situation négative le temps de se terminer, afin qu'il puisse ensuite vivre le reste de sa vie dans un bonheur absolu, ou du moins, jusqu'au prochain mauvais sentiment.

-Alec ?

-Oui, bien sûr. Ça me ferait très plaisir !

Je ne peux rien lui refuser quand il est dans cet état, et il se jette dans mes bras. C'est assez inconfortable, surtout au début, mais je finis par me détendre, et profite moi aussi de ce moment. On ne fait pas souvent ce genre de chose ensemble, on est seulement amis après tout, mais je dois bien avouer que c'est plutôt agréable. Et pour lui aussi apparemment, puisqu'il ne semble pas vouloir me lâcher.

- Val ? Tu te sens bien ?

Il me libère enfin, et me regarde, toujours aussi heureux.

- Oui, c'était vraiment super ! Merci !


- Je suis content que ça t'ait plu, mais je dois vraiment rentrer chez moi maintenant, il commence à être tard.

- Pas de problème, on se parle ce soir !

Il appuie sur son bracelet téléporteur, et disparaît aussitôt. Je fais de même, et me retrouve instantanément dans mon salon. J'en profite pour saluer mes parents, et monte rapidement dans ma chambre pour faire mon travail en retard.

Encore une dissert sur Ariorz, j'en ai tellement marre ! J'aimerais tant pouvoir ne pas la faire, ou au moins écrire ce que je pense réellement, mais je ne peux pas. Je suis obligé de mentir, de faire croire que j'idolâtre la personne que je déteste le plus au monde, et je suis donc obligé de passer pour une personne que je ne suis pas, d'être hypocrite. Je suis vraiment content de posséder un Implant qui ne fonctionne pas, d'être capable de ressentir d'autres émotions que le bonheur, parce que c'est ça qui fait de moi un être humain. Mais ma vie serait tellement plus facile si ça n'était pas le cas, si je pouvais juste être comme tout le monde, même si cela voulait dire que je serais juste un pantin d'Ariorz.

Peut-être que finalement je commence à comprendre pourquoi il a décidé de créer l'Implant, peut-être qu'il voulait nous aider, mais ce n'est plus le cas maintenant, et c'est pourquoi je dois quand même le combattre, car le bonheur n'est pas la soumission, c'est la liberté.

L'implant [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant