L'implant [En pause]

Chapitre 7

Comment suis-je censé réagir ? Que dois-je dire ? Comment ne pas paraître suspect ? Le suis-je en ce moment ? J'essaye de parler, mais aucun son ne sort de ma bouche. L'empereur, la personne que je vais devoir tuer, celle que je déteste le plus au monde, celle qui est à l'origine du tout premier génocide planétaire, est dans mon salon. Devant mes yeux. Sur mon canapé. Avec une tasse dans la main. Et moi, je suis sur le point d'exploser.

Je dois rester calme, mais une colère de plus en plus dangereuse m'envahit. Je pourrais le tuer maintenant, et tout serait fini. Plus d'empire, plus d'Implant, plus de soumission. Seulement de la liberté, du libre-arbitre, et un véritable bonheur. Mais devrais-je réellement faire ça maintenant ? Ici, devant mes parents ? Dans leur maison dont ils sont responsables ? Risquerais-je, ou risqueraient-ils, vraiment d'être condamné après la mort d'Ariorz ? Après la libération ? Qui le vengerait ? Qui mettrait en prison ses assassins présumés, une fois l'Implant retiré du cerveau de tous les habitants ? Qui détesterait tant la vérité ?

- Beaucoup de personnes, malheureusement.

Qu'est-ce que c'était ! Quelqu'un a parlé, mais je ne reconnais pas sa voix. Était-ce dans ma puce de communication ? Quelqu'un l'aurait-il piratée ? Ce serait une première ! J'essaye d'envoyer une réponse, mais c'est assez difficile. D'habitude, j'ai juste à parler pour faire fonctionner cet appareil, mais là c'est différent, je ne peux pas me trahir. Je dois donc utiliser la pensée. Au bout de quelques minutes, je finis par y arriver, tout en ne paressant pas trop suspect.

- Qui êtes-vous ? Comment faites-vous cela ?

Aucune réponse. Était-ce une sorte d'hallucination auditive ? Le choc de la visite d'Ariorz aurait-il pu provoquer une telle chose dans mon cerveau ?

- Tu obtiendras bientôt une réponse à toutes tes questions, mais n'oublie pas, c'est les autres qui sont fous, toi tu es le seul sain d'esprit. Alors reprends-toi, et soi notre sauveur.

- Je ne comprends pas, comment me connaissez-vous ? Et comment pouvez-vous lire dans ma tête ?

Je lui reponds, toujours par la pensée, et attends plus longtemps que la première fois. Mais cette fois-ci rien ne se passe. Qui que soit la personne qui m'a envoyé ces messages, elle a sûrement désactivé sa puce. Je ne devrais donc plus rien recevoir avant un certains temps, mais ça n'a pas d'importance pour le moment, Ariorz est chez moi, je dois me reprendre. Le jeu est sur le point de commencer, et je ne peux pas perdre cette première manche.

- Excusez-moi pour ma surprise, je suis très honoré de vous rencontrer. Je m'appelle Alec.

Je me rapproche de lui, et lui tend la main. Il semble réfléchir quelques secondes, avant de me la serrer.

- Je suis très heureux de te rencontrer également. Et tu n'as pas à t'inquiéter, je comprends tout à fait ta réaction. Mais maintenant, tu dois te demander pourquoi j'ai décidé de venir chez toi ?

- Je dirai que ça a un rapport avec le travail que fait mon père à la banque.

Et j'espère ne pas me tromper, parce qu'il ne restera alors qu'une solution. Et je ne peux pas me la permettre, je dois garder l'avantage que j'ai sur lui, je dois être le seul au courant de ma différence.

- Tu as raison, ça a un rapport avec ton père. Après l'avoir vu à l'œuvre, j'ai décidé qu'il ne tirait pas assez bien parti de ses compétences en gérant seulement des comptes. Dès à présent, il occupera donc une place beaucoup plus importante dans l'Empire.

Je regarde mes parents, ils sourient tous deux, mais ne disent rien. Ils n'ont pas décroché un seul mot depuis que je suis arrivé dans le salon.