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Chapitre 4

-4- Samedi 01/09/18 – 13 heures

Chez Joseph à St Clair sur Mer

- Et bien quelle matinée ! lança Joseph en déposant les sacs chargés de victuailles sur le grand espace de travail de sa cuisine américaine.

Après leur exercice physique du matin, Victoria et Joseph étaient repassés dans leur habitation respective pour se changer. Ils s'étaient ensuite convenus de se retrouver au marché aux poissons à Longueville les Bains. Comme convenu, ils avaient fait le plein de crustacés et de coquillages. Le samedi, le marché aux poissons battait son plein et il y avait une quantité incroyable d'espèces. La variété et la richesse des rivages avoisinants contribuaient à ce choix exceptionnel de poissons et de fruits de mer.

Sur le chemin du retour, ils avaient récupéré Lucienne qui s'était fait prier pour se joindre à eux. Mais la perspective de manger du homard avec un petit vin blanc lui fit rapidement changer d'idée. De plus, elle adorait la compagnie de Joseph et de Victoria qui lui procurait beaucoup de plaisir. Il était presque l'heure du déjeuner et Joseph mettait la dernière main à la préparation d'une mayonnaise maison.

- Nous allons pouvoir passer sous la véranda pour prendre l'apéritif, proposa Joseph qui commençait à apporter quelques bouteilles.

- Quelle excellente idée, jeune homme, lui confia Lucienne déjà prête à profiter de cet agréable moment.

La vieille dame, qui avait maintenant soixante-quinze ans, avait noué un lien privilégié avec sa petite fille. La disparition prématurée de la mère de Victoria quand la petite avait dix ans l'avait contrainte à prendre en charge son éducation. Cette période avait été difficile car non seulement il avait fallu accompagner le calvaire de la maladie de sa propre fille pendant deux longues années, mais il avait fallu reprendre également à la maison sa petite fille de dix ans à un moment où elle-même ne considérait plus avoir tout à fait l'âge de jouer les mamans. Comme le père de Victoria avait quitté la maison cinq ans plus tôt et que, selon les dires, il n'était pas en mesure de s'occuper de sa fille, elle s'était acquittée de la tâche sans trop se poser de questions. Cette relation un peu particulière, à mi-chemin entre celle d'une mère et d'une grand-mère, avait abouti à une vraie connivence entre Victoria et Lucienne. Celle-ci n'était pas certaine d'avoir su adopter le bon mode d'éducation avec sa petite fille. Mais elle avait grandi sans histoire et avait trouvé un équilibre personnel qui tranquillisait sa grand-mère. Bien sûr, elle aurait aimé que sa petite-fille commençât à s'installer avec un jeune homme pour bâtir un foyer, mais dans le même temps, elle sentait Victoria simplement heureuse dans sa vie et cela suffisait à son bonheur.

Lucienne appréciait également beaucoup Joseph. Outre son accent britannique, il y avait chez lui un côté décontracté et dandy qui donnait l'impression qu'il était toujours en apesanteur. De plus, il ne manquait pas de charme et faisait d'une grande courtoisie et délicatesse à son égard. Le petit groupe avait pris place dans une véranda aménagée de fauteuils en rotin blanc.

- Mon cher Joseph, je ne vais pas vous faire l'injure de vous demander où vous en êtes dans votre nouvelle saga ? demanda malicieusement Lucienne.

- Effectivement, cela m'obligerait beaucoup car je suis toujours en panne. Cela viendra probablement sans prévenir mais c'est un peu perturbant.

- Tu as peut-être le début d'une histoire par rapport à notre balade matinale, relança Victoria qui se mêla à la discussion en grignotant quelques gâteaux à apéritif.

- De quoi parlez-vous ? s'interrogea Lucienne qui interrogea du regard sa petite fille.

- En effet, ce matin, pendant notre jogging, nous avons vu un attroupement sur la plage. Nous l'avons rejoint pour constater que la mer avait relâchée une victime, précisa Victoria mimant un frisson de dégout.