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Prologue - 1945

Il est 5 heures du matin lorsqu'à l'horizon, une masse sombre commence à se dessiner dans la nuit puis à s'extirper péniblement de la brume. Dans un froid glacial, les quatre jeunes gens emmitouflés dans leurs grands manteaux attendent le signal attendu. Soudain au loin, au gré des vagues, une lueur furtive commence à apparaître. Elle se fait un peu plus insistante. Malheureusement l'épais brouillard ne permet pas de la discerner de façon constante. Progressivement et par intermittence, elle se rapproche du rivage malgré l'intensité de la brume environnante. Distinguant dorénavant de manière plus distinctive ce point lumineux, le groupe de jeunes postés au bord du rivage agitent à son tour leurs lampes pour signaler sa position La lumière se dirige maintenant résolument dans leur direction. De son poste d'observation, l'équipe commence à deviner un peu plus clairement la forme sombre et massive qui s'approche et qui transperce la brume.

Mais la visibilité reste très limitée. Ce n'est qu'au dernier moment que les jeunes gens, transis de froid, découvrent l'embarcation. Elle n'est plus qu'à quelques mètres de la jetée et la manœuvre risque d'être compliquée. Un bruit strident, accompagné d'un choc assez brutal, signale l'arrivée du bateau dans des conditions probablement plus difficiles que prévues. Le navire est maintenant immobilisé mais pendant plusieurs minutes, aucune âme ne bouge.

Constatant l'absence de signe de vie, les quatre garçons se dirigent prudemment vers le massif vaisseau qui vient d'accoster péniblement. Une odeur de ferraille parcourt les abords du quai. Manifestement, même si l'arrivée fut périlleuse, l'embarcation arrive à bon port Enfin, et après quelques minutes d'attente, un homme d'âge mur qui semble être un officier sort de sa cabine et se dirige vers le quatuor. Après avoir échangé quelques mots avec les jeunes, le commandant donne un ordre à ses hommes. Très rapidement, quatre soldats sortent du bateau portant un encombrant chargement qu'ils déposent auprès de leurs interlocuteurs. Une fois que les uns et les autres se sont accordés sur la nature de la livraison, les soldats et l'officier regagnent immédiatement leur vaisseau. A peine quelques minutes plus tard, le navire se dégage laborieusement de son emplacement dans un énorme crissement métallique. Puis la masse sombre reprendre le large. Le bateau fantomatique s'enfonce progressivement dans la brume pour disparaître définitivement dans la nuit.

Dans l'obscurité et sous la pluie qui commence à tomber, les quatre jeunes prennent possession de la mystérieuse cargaison. Ils la portent à bout de bras et s'engouffrent dans un sentier étroit. Ils leur restent à traverser une bonne partie de l'île pour mettre leur marchandise en lieu sûr. Il est presque 6 heures du matin, il fait encore nuit et le froid reste intense. La pluie redouble. La singulière livraison est maintenant à l'abri et cela pour un long moment.

L'opération Siegfried a réussi.