octobre 2017 : un automne à tes côtés, partie 3

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La vaisselle était presque terminée, il fallait juste rincer quelques gobelets, vider l'évier, nettoyer aux alentours et faire sécher les essuies de vaisselle. Nous y étions presque. C'est la première fois que je fais de la vaisselle pour cinquante personnes, nous étions assez épuisés. Apparemment il leur rester juste assez de force pour boire un petit coup d'eau chacun et reposer leur gobelet dans l'évier. Mais ils le firent pas tous en même temps, sinon ce serait trop facile. Ils posaient au compte goutte et lorsque j'en nettoyais un, un autre arrivait par magie et je n'ai rien vu venir. Je me suis énervée et je les ai tous fait sortir de la cuisine. Et Hope rigolait parce que j'étais énervée.

Nous sommes allés dans la cour et je me suis promenée dans le quartier. Je suis passé devant un magnifique jardin et j'ai vu une fleur qui m'a plue. J'ai fait une analogie avec ma relation avec Hope et je me suis précipitée au gîte pour parler avec mon proche ami Batman et mon ami à lunette (on va l'appeler Dr à Lunettes).

" - Mec, il faut qu'on parle, c'est important.

- Quoi encore ? Tu as réglé tes comptes et c'est encore allé trop loin ? me demanda Batman.

- Non, en fait, tu vois tout à l'heure, je me suis promenée et j'ai vu une belle fleur. Puis j'ai pensé à un truc. Tu vois, quand tu aimes quelqu'un, tu as deux choix, soit tu es sûr de ton coup et de tes capacités à la rendre heureuse alors tu t'engages, soit tu la laisses là où elle est pour quelqu'un qui la mérite beaucoup plus que toi. Avec cette fleur c'est pareil, je l'aime beaucoup. Mais une fois que je la cueillerai, elle mourra. Je ne saurai peut-être pas la garder éternellement auprès de moi. Elle va faner, je ne sais pas la replanter et elle appartient au jardin de quelqu'un d'autre.

- C'est une belle manière de penser, quoique un peu pessimiste et frustrante... ajouta DR à Lunette.

- Il y a un moment, il faut connaître sa position et lâcher prise. Tant que je n'aurai pas trouver un moyen de ramener cette fleur saine et sauve chez moi et un moyen pour la garder éternellement en vie, je n'y toucherai pas. Il y a peut-être des gens comme moi, qui ne sont pas faits pour être avec quelqu'un. Je ne veux pas tout gâcher. "

Hope nous rejoint et ne comprend rien. Tant mieux pour moi.

Lors du repas  du soir, le sujet sur les critères des partenaires idéaux pour chacun est ressorti. Je me suis lancée :

" -Alors moi je compte faire médecine et je ne veux absolument pas me  marier avec un médecin. Nos enfants ne nous verrons pas souvent, et comme je ne veux pas mettre ma carrière de côté, je voudrais un mari qui sera homme au foyer, ou qui travaille à mi-temps... Ou alors un travail qui peut se faire à la maison. Prof c'est parfait, il aura les mêmes congés que les enfants.

A cela, Hope est parti dans une énonciation de profils possibles :

- Genre bûcheron, ça ne te dérangerait pas ?

- Non, peut-importe, tant qu'il est très souvent avec les enfants...

- Dompteur d'éléphants ( Merci Hope)

- Non, pour ça j'ai encore un peu de mal;

- Mais tu sais qu'un ingénieur peut aussi travailler à la maison avec son ordi ? Euh sinon, il y a aussi..."

Je dois avouer que je n'ai pas vraiment écouter la suite. Je viens d'apprendre une alternative au futur métier de Hope. Pourquoi me l'a-t-il dit de cette manière ?

A un moment, il regarde mon bracelet avec le symbole infini et me dit :

" - C'est infiniment beau.

- Merci ! "

Par la suite, une partie de ce bracelet s'est détaché et je suis entrée dans une phase de tristesse immense. J'étais comme une cellule phase quiescente. Je fouillais toute la chambre, la salle à manger, la cuisine et j'ai reparcouru le chemin de ma promenade... Aucun signe du bout de mon bracelet. Quelques mois plus tard, je l'ai malheureusement perdu. A l'heure actuelle, je remue encore beaucoup mes affaires dans l'espoir de remettre la main dessus. Si seulement je pouvais me souvenir où je l'avais mis. Je suis le genre de personne qui passe la moitié de son temps à ranger si bien, au point de cacher les objets et l'autre moitié à les chercher.

Afin de rester cohérente avec moi même devant mon amie, je continuais à me m'exprimer à haute voix sur mon souhait imaginaire de retourner chez moi. Elle ne doit pas se douter de quoique se soit

" - Chaque minute passée nous rapproche de la fin...

- Ah la la ma Glace fluo ( vous comprendrez ce surnom en temps voulu)... Comme tu le dis. J'ai hâte de rentrer. Je ne veux  plus passer un jour de plus dans ce gîte perdu au milieu de nul part à écouter des témoignages ennuyants.

- Vivement chez nous."

Je ne prétends pas mériter un Oscar pour mon interprétation mais j'ai pu échappé à perspicacité de ma proche amie. Je suis immunisée contre toute suspision (enfin presque). Et misère ! Ce soir là, mon pull devenu préféré est imprégné s'une odeur peu agréable venant de ma physiologie. Je dois le mettre avec les autres vêtements sales. Une autre tristesse s'ajoute à la liste.

Voilà le matin. C'est le dernier jour. J'ai passé de merveilleux moments avec Hope et je n'ai rien gâché (théoriquement). Des souvenirs en plus dans ma mémoire.

Que l'on le veuille ou non le temps finira par passer. On peut l'avoir pressé, repoussé... Il arrivera et repartira sans attendre personne. Le temps n'a rien volé à personne, il nous donne un moment à profiter, à chérir, c'est un cadeau. Ainsi, cet instant fut appelé "présent", synonyme de cadeau. Afin de nous donner un autre présent, car nous n'en avons droit qu'à un seul par instant, il faut rendre l'ancien et recevoir le nouveau cadeau. Le temps est passé, ce présent est devenu passé.

Lorsque vous êtes angoissé, vous vivez dans le passé. Vous ne profitez pas du présent et le regrettiez une fois que le temps vient le prendre. Vous ne comprenez la valeur de ce cadeau une fois qu'il n'est plus vôtre. Vous avez des remords par rapport à ce présent maintenant passé. Vous recommencez le cercle.

Lorsque vous êtes stressé, vous vivez dans le futur. De nouveau, vous ne profitez pas du cadeau. Vous vous inquiétez de ce qui est à venir. Une fois que l'avenir est arrivé, vous ne vous en souciez de nouveau plus car ce que vous intérressera à ce moment là, sera ce qui n'est pas encore venu.

Le temps n'est pas votre ennemi, il n'est pas un voleur. Il est beaucoup de choses mais certainement pas de l'argent. Il ne passe qu'une fois et si vous n'aviez pas accepté son présent, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous même. Une fois passé, il ne se représentera pas, il sera à venir. Un kilo d'or n'achètera jamais une seconde perdue.

Dans mon cas, sachant que ce jour arrivera, j'ai bien vécu ces trois jours afin de ne rien regretter.

Dernière annéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant