Dernière année

novembre 2017 : Si le geai moqueur représente l'espoir, alors sois le mien.

Les vacances d'automne sont finies. En général, lorsque les gens sont amenés à vivre pendant trois jours complets ensemble, les sentiments et les émotions sont souvent ressenties plus intensément. La semaine n'a pas été de tout repos, entre les synthèses des cours, la préparation des évaluations et les commandes à préparer... je n'ai pas eu l'occasion de penser à Hope.

Les cours reprennent et notre amitié aussi. Après tout ce temps, la raison a vaincu le coeur. Nous discutions comme d'habitude. C'était prévisible, après une semaine de recul, les sentiments s'estompent.

Dans notre lycée, nous organisons un bal masqué fin novembre pour les terminales et ceux qui y participent ont la possibilité de commander des masques chez 1 professionnel ou via des étudiants doués en art mais pas assez qualifiés pour demander des prix exorbitants. Je faisais parti de ceux qui en fabriquent et je les vendaient à un prix dérisoire. Certains de mes amis en ont commandé et Hope ne savait pas encore ce qu'il fera. Il s'y prend toujours à la dernière minute pour se décider.

Un jour, :

" - Hé, mais tu ne sais pas des masques toi ?
- Si. (depuis tout le temps que je fais de la publité sous ton nez et message livraisons aux alentours, que je vous en parle... Tu le demandes parce que tu ne le sais pas)
- Tu pourras m'en faire un ?
- Oui bien sûr, tu veux quoi dessus ?
- Un petit dessin de geai moqueur sur le coin Supérieur gauche parce que c'est mon totem.
- C'est quoi un geai moqueur ? ( ne me jugez pas s'il vous plaît)
- C'est un oiseau.
- Ok je vais regarder sur Internet.
- Je te dois ?
- Quinze euros. L'autre fille en demande trente.
- Ok. "

J'étais plutôt ravie, parce qu'il a fait appel à moi et mes compétences. Parce qu'il aura une trace de moi et moi un souvenir de lui.

Les jours suivants, je lui ai montré des photos trouvés sur le WEB et je l'ai laissé choisir. Je me suis tellement investie pour son masque. Je me suis aussi avancée sur ma réflexion. Est-ce que j'ai juste beaucoup d'affection pour lui, est-ce que je suis prête à aller au delà de mon passé ? Est-ce que je veux vraiment prendre le risque de commencer une relation, la 1ère relation pour ma dernière année de lycée ?

Plus le temps passe, plus on en découvre sur la personne et il y a deux options : soit c'est un vrai plaisir de la découvrir chaque jour. Plus on en sait sur elle, plus on l'aime. Soit plus on en sait, plus on se dit qu'on aurait dû en rester là car tout ce qui vient n'est qu' illusion et déception. Plus le temps passe et plus je me disais que j'avais beaucoup d'affection pour Hope mais qu'il restera un très bon ami et rien de plus. Je me suis peut-être trop emballée, j'ai bien fait de ne pas m'être précipitée. Je trouvais des petits défauts chez Hope, des défauts que je n'étais pas prête d'accepter si nous étions en couple. En termes d'amitié, c'est une très belle personne.

Les jours avancent, nous rapprochant du jour du bal. J'ai donné le masque à Hope. C'etait un modèle assez simple mais les détails étaient complexes. L'oiseau a été travaillé en détails et quelques fausses plumes décoraient les bords : 《

- Hé ! Tu ne m'as pas rendu la monnaie espèce de grippe-sou.
- Mais t'es sérieux ? Quinze euros c'est si tu me fournis le masque et que je dessine dessus. J'ai dû aller cherche le modèle de base moi-même et il coûte cinq euros !
- Ah. 》
Beaucoup de personnes seraient vexés en ayant cette conversation. Mais pas moi. Hope et moi pouvons parler de beaucoup de chose aisément et sans langue de bois. Une amitié sincère et honnête. Il aime beaucoup m'embêter mais sait toujours s'arrêter au bon moment. C'est une personne qui m' énerve mais je finis par rire de la situation.

Nous voici au jour du bal. Nous ne nous sommes pas beaucoup vus. J'étais à la régie, donc je ne restais qu'avec mon équipe. Mes amis se so t beaucoup amusés mais ils n'ont pas dansé. Les musiques passent et finissent par tous se ressembler. Je profitais pour apprendre un peu à mixer. Je fais partie des gens qui préfèrent être dans le spectacle plutôt que le regarder. Après la fête, vint le rangement. Nous avions presque fini et j'ai retrouvé Hope. Un professeur me demande d'aller mettre la dernière lampe à la remise. Hope le demande : 《
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Normalement ça ira si je ne dois pas la mettre en hauteur. Je suis assez petite comme tu le vois.
- Je pense que je vais venir avec.
- Oui, on ne sait jamais.》

Étant une jeune fille indépendante, je ne voulais pas de l'aide. Je voulais sa compagnie mais il fallait masquer l'affaire. Contrairement aux clichés des films à l'eau de rose, nous ne nous sommes pas tenus la main dans cette nuit noire sans lune. Je ne suis pas tombée, il n'est pas tombé sur moi et il n'y a pas eu de bisou. Il y avait juste lui et moi. Deux adolescents marchant en silence vers la remise avec une lampe en main. Nous marchions en silence, certaines personnes seraient mal à l'aise, pourtant ce n'était pas un blanc. C'était un silence apaisant et agréable à partager.
J'aurais pu le laisser m'aider à poser la lampe sur l'étagère "trop haute", ma fierté a pris le dessus et j'ai mise sur mes pointes de pieds et sur la force quasi inexistante de mes fins bras. Malgré ses nombreuses propositions pour m'aider, il m'a laissé faire.

《 - Bon ben, j'ai beaucoup aidé hein ?
- Oui, heureusement que tu es venu, je n'aurais pas pu le faire sans toi.

Nous sommes repartis, en riant. Nous avions ce genre de relation : légère, sans obligation, sans pression et sans attente. Nous profitons juste de nos moment ensemble et rions beaucoup de tout et de rien. Nous étions très bien comme cela et aucun de nous ne voulait apporter la moindre modification.

... Toutes les fleurs finissent par faner. Si nous ne sommes pas capable d'en prendre soin, elle s'éteindra malheureuse à nos côtés. Dans ce cas, il est préférable de la laisse faner là où on l'a trouvée, elle s'en ira heureuse, près de ces semblables. Si nous nous sentions assez confiants pour lui donner le bonheur qu'elle mérite, elle sera honorée de mourir à nos côtés...
Aimer ce n'est pas posséder. Aimer, c'est prendre soin et vouloir rendre l'autre heureux.