Tsuioku : fragments d'une vie

FRAGMENT 2 : Le théâtre des âmes (2/2)

L'esprit plongé dans une épaisse brume identique à celle qui emprisonnait Tōboetani, les deux camarades n'avaient pas prononcé un mot de plus depuis que leur aîné s'était éloigné avec eux de la forêt et s'était installé sur un rocher qui coincé le large tapis de verdure qui s'entendait jusqu'à une autre forêt qu'on pouvait distinguer au loin. Ce dernier tenait toujours ce qu'il avait ramené entre ses bras et avait enfin prit la parole dans le but d'expliquer les choses à ces disciples qui semblaient nettement confus.

- Je l'ai trouvé étalé par terre, il a une forte fièvre et n'arrête pas de balbutier, je ne sais quoi, mais si on arrive à temps au temple, Dit il en relevant la tête vers les plus jeunes. Il sera remis sur pied.

Les deux jeunes avaient les yeux écarquillés comme si les paroles du brun étaient plus choquantes que le fait qu'il avait ramené un enfant d'une forêt maudite. Ce n'est qu'après un long moment de silence que Shuan réagi en premier. Il plaqua une main sur son front en laissant échapper un rire qui exprima sa frustration.

- C'est encore un piège pour tester nos connaissances, c'est ça ? Dans ce cas-là, je vais vous répondre pour vite nous débarrasser de ce truc ! Commença-t-il avec un air toujours aussi troublé. Cet "enfant" peut très bien être un esprit qui a facilement prit cette apparence pour vous duper ! Je passe peut-être mon temps à me faire menacer par sensei, mais je sais tout de même qu'excepter quelqu'un qui n'a plus toute sa tête, personne ne touche à ce qui traîne à Tāboetani ! Vous-même n'arrêtiez pas de le répéter durant tout le trajet !

Nombreuses sont les victimes de ce piège. Les esprits de la vallée des hurlements usaient très souvent de cette méthode pour attirer leurs proies. Prenant des fois l'apparence d'hommes et de femmes blessés ou même d'enfants pour laisser la pitié et la compassion de ceux qui sont de passage les tirer vers leur fin, allant même jusqu'à se métamorphoser en objets de valeur, l'appât parfait pour capturer la majorité des voyageurs ou de ceux qui avaient le malheur de se trouver inconsciemment dans ces lieux.

Pour avoir une chance de s'en sortir vivant de cette forêt maudite, il fallait effacer sa présence et ne toucher à rien. Alors en voyant Endô revenir avec un sois disant enfant, Shuan avait raison de s'inquiéter et se maître dans tout ces états.

Tiao lui, se demandait plutôt pourquoi Endô agissait comme si de rien n'était. Il ne doutait pas du savoir de son aîné et savait qu'il y avait bien une explication à tout ça, mais d'un autre côté, il trouvait que peu importe les justifications, ce qu'à fait Endô était plus risqué qu'autre chose. De plus, il trouvait cela un peu étrange que Shuan se mette autant en colère au point d'insinuer qu'Endô "n'avait plus toute sa tête", lui qui était d'ordinaire taquin et fauteur de troubles avec un grand sourire malicieux. Il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse avoir un air aussi sérieux qu'à cet instant.

- Je comprends ta méfiance, mais tu ne devrais pas sauter directement aux conclusions, Shuan, Répondit calmement Endo, ne prêtant pas attention à l'irrespect de l'adolescent. Et si tu regardais un peu autour de toi au lieu de fixer l'enfant ? Tu pourras probablement trouver les réponses que tu cherches.

Le grand brun avait toujours un sourire bienveillant collé aux lèvres lorsqu'ils s'adressaient aux disciples du temple Iyasu et ses élèves, ce n'était pas la première fois qu'on se monterait insolant ou irrespectueux avec lui sous prétexte qu'il est trahi son clan et qu'il soit venu se réfugier ici et profiter du poste qui lui a été confié. Mais il avait remarqué que Shuan n'agissait pas de la sorte à cause des mêmes raisons, il était clair qu'il y avait autre chose qui le dérangeait. Il regarda le jeune homme aux cheveux cramoisis laisser ses épaules retomber, signe qu'il essayait de se calmer puis balayer le pré dans lequel ils se trouvaient du regard. Ce n'est qu'en voyant son camarade se diriger vers l'un des gros rochers disposés près de la forêt qu'il se reprit comme s'ils avaient compris quelques choses. Il se dirigea rapidement vers un autre rocher puis releva la tête lorsque Tiao prit la parole.