« On dit que ce qui sépare les mortels du monde des fantômes et des esprits ne tient qu'au simple levé d'un voile. Si celui-ci disparaît, plus aucune limite ne les séparera.
Au final, nous ne sommes pas si éloignés de ce que l'on a perdu... On peut même être réuni dans un monde qui naquit de ceux que l'on connaît...»La forêt de bambou fut de nouveau secouée par une légère brise nocturne la faisant siffler à son passage, comme si une âme errante venait d'y être accueilli. Personne n'osait approcher cette forêt, de peur de devenir l'une des âmes qui la faisait danser et chanter, mais ce soir-là, un petit groupe de voyageur avait prit le risque de la traverser.
Le groupe composé uniquement d'hommes marchait lentement, non pas qu'il n'était pas pressé de sortir de cette forêt et d'éviter de se faire dévorer par une des créatures qui la hantaient, mais bien parce que ces jeune gens ne voulaient pas se faire remarquer, de plus avec la brume qui ne semblait pas vouloir se lever, il leur était difficile d'avancer plus rapidement. Se déplacer au rythme des fantômes, ne pas déséquilibrer une seule note du silence qu'ils façonnaient à leur sinistre manière. On leur avait enseigné à ne jamais perturber les esprits sous peine de subir de nombreuses conséquences généralement néfastes et personne ne voulait défier ça à l'exception des individus mieux formés que ces débutants.
Leurs uniformes bicolores composés de blanc et de violet ne s'accordaient pas avec l'obscurité de la forêt qui pourtant pourrait être l'un des plus beaux paysages du pays au levé du soleil. Assemblés par un tissu jaune orné d'un fil d'or, ils ne pouvaient pas passer inaperçus. La couleur qui brillait sous l'éclat de la lune pourrait bien être l'élément qui les démasquerait, mais ils ne pouvaient pas s'en vouloir pour ça. Ils étaient le parfait exemple d'être dans le mauvais endroit au mauvais moment. À commencer par leurs vêtements qui n'étaient pas du tout approprié et terminant par le fait que ce n'était absolument pas leur domaine, sans préciser que ce n'était que de jeunes disciples en première mission.
- Plus que quelques minutes de marche et Tōboetani* sera derrière nous, informa l'homme en tête du groupe et qui d'ailleurs était vêtue d'un autre uniforme.
Cet homme était un peu plus âgé que le reste, un autre point qui le différenciait d'eux. Il était également le seul à porter une arme ; une épée couverte de bandes blanches avec des exceptions à l'encre noire.
- On ne peut pas avancer plus vite ? Commença l'un des plus jeunes et visiblement le plus anxieux. Je n'en peux plus.. Je veux sortir d'ici ! Je veux vite sortir d'ici !
L'homme s'arrêta net et se redressa comme alerté par la situation. Il avait remarqué que le jeune homme tremblait plus que ses congénères, il était certainement le plus terrifié et le plus susceptible de craquer, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Le grand brun savait que des disciples aussi jeunes étaient moins préparés à affronter des effets comme ceux de Tōboetani, cette forêt qui portait bien son nom : "Vallée des hurlements". Cet endroit sombre et brumeux fut le théâtre de nombreux événements sinistres au fil de l'histoire de son existence. Elle imposait la forte impression d'insécurité, on se sentirait observé, poursuivit et menacé. Mais le pire est sûrement le fait que ce n'était pas des impressions. La forêt était vraiment le domaine des esprits errant et des fantômes de ceux qui on connu la mort sous sa forme la plus tordue. Il fallait donc être doté d'une force spirituelle considérable et d'une grande maîtrise de soie pour s'y promener dans son mutisme troublant, et seuls les plus forts et expérimenté peuvent s'en sortir vivants lorsque le silence se brise par les cris stridents et les hurlements déchirants qui la parcours. Alors imaginons ce que pourrait bien faire à peine une dizaine de débutants qui peinent à se défendre. Aucune chance de faire le moindre geste et échapper à la mort. Il était trop tard pour éviter l'agitation.
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Tsuioku : fragments d'une vie
FantasiLorsqu'une personne meurt, son âme ne va pas nécessairement vers l'infinité des cieux ou les profondeurs des abysses. Elle quitte simplement l'enveloppe charnelle qui lui a été offerte et se perd dans un monde semblable au notre, balançant entre par...