Walk through the fire

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Chapitre cinq :


Point de vue de Noah Hunt :


Au moment où mes paupières s'ouvrent de nouveau l'environnement de la salle aux hautes technologies et dépouillés de meubles est un lointain souvenir, me voilà assis sur les marches d'un perron au bois craquelé -qui montre le travail de ce dernier- datant de nombreuses années avant même l'époque où je me suis retrouvé propulsé. La paume d'une main à la prise fébrile se pose sur mon épaule, ce qui me fait instantanément relever mon visage à la direction du porteur de celle-ci. Un jeune homme de type caucasien un bâton de nicotine emprisonné dans ses lèvres pincées sur cette dernière, vêtu d'un simple marcel blanc et d'un pantalon en toile gris, son visage me fait froncer les sourcils. Ses traits semblent avoir une certaine familiarité avec une autre personne dont je ne trouve le nom, ni à former une vision nette de son faciès mentalement. De sa main libre il me tend une lettre que je viens attraper sans un mot, ce qu'il ne fait pas pour autant de son côté, sa cigarette remuant au fil de son débit de parole de haut en bas.


-Eli t'a envoyé une lettre encore une fois, j'espère que celle-ci te fera changer d'avis et reprendre enfin contact avec elle. Cela fait déjà deux ans depuis l'incident d'Hambourg...


À peine arrivé dans le jeu, on m'annonce déjà la couleur sans me laisser un temps d'adaptation relativement assez long pour que mes sens et connexions neurologiques encaissent le coup. Ce qui cause cet échange étrange où je ne fais que fixer mon interlocuteur qui d'après le texte traduit de cette langue que je suppose être de l'allemand en vue des minces informations que je détiens sur la route numéro trois. Mes yeux cherchent à percer en décryptant ses traits la réponse à sa familiarité génétique avec cet être mystère pour retrouver son identité. Ce garçon nommé Léonard ne réagit pas à mon attitude et tourne simplement les talons pour s'enfoncer dans le bâtiment dans mon dos. Mes mains triturent l'enveloppe bleutée, sur le devant de celle-ci apposé à l'encre noire mon patronyme et prénom d'une écriture ronde quelque peu brouillonne. Arrachant à moitié celle-ci à l'ouverture, j'en tire une feuille blanche noircie de mots de la même écriture, une lettre d'Eli d'après Léonard. Qui est donc cet Eli à qui mon avatar ne souhaite pas communiquer depuis deux longues années ? Et ce à cause d'une fâcheuse mésaventure dans une ville allemande dont je n'ai jamais mis les pieds dans la réalité, et dont je ne sais pas non plus probablement placer sur une carte. Arrivée à l'évidence que ce n'est pas avec ce moment de réflexion que j'allais trouver des réponses à mes questions, la décision de lire cette missive apparaît comme le choix le plus astucieux pour en obtenir. La même écriture noircit cette feuille blanche qui ne suit pas les codes d'écritures des lettres classique et cela dans ma langue ,mais elle vient m'aider vaguement pendant que je la parcoure.


« Pour Noah,


Je ne sais pourquoi m'obstiner à t'écrire quelques mots chaque semaine pour ne rien avoir en retour, peut-être ne les ouvres-tu ? Les jettes-tu directement dans un feu de cheminée à la simple vue de mon surnom sur l'enveloppe ciel ? Ou peut-être que tu les lis avant de les détruire en guise d'un peu de bonté de ta part, mais je ne me fais pas de faux espoirs tu n'as dû en lire aucune. Tu ne liras probablement pas celle-là non plus. En deux années, si tu en avais lu ne serait-ce qu'une tu m'aurais contacté au moins une fois pour me dire d'aller mourir sous les bombardements et de ne plus jamais te recontacter, c'est de cela que j'ai finis par me persuader. Penser, que ta rancœur vis-à-vis de mes actions à Hambourg n'a fait que créer ton flambeau d'acrimonie envers ma personne, qui doit être je pense désormais à son apogée. Mes actions ont fait trembler tes principes de bonne conscience, mais la justification est pourtant présente là où tu ne veux pas la voir. Une pure question de survie. Être une Freier signifiait finir avec une étoile jaunâtre cousue mais aussi un séjour sans retour là où une nombreuse partie des miens se sont retrouvés de l'autre côté. Il ne reste que moi et Léonard de notre famille, les dernières têtes à abattre d'une sale famille de juifs d'après ses enflures de la Gestapo. Tous les autres sont déjà loin, par-delà la frontière ou bien en compagnie des nuages. Essayer de vivre une existence hors de l'enfer est probablement égoïste, j'ai décidé de l'être ce jour-là et j'ai décidé de le rester. Une vie contre une vie, une identité contre une. Ce soldat n'en saura jamais rien, puisqu'il n'était déjà plus. Mais il y a quelques mois quand Léo t'a rejoint j'ai compris le véritable problème. Ce n'était pas seulement ce changement de nom illégal, c'est la suite des événements qui t'ont écœuré au point de non-retour. Je voulais que ce soit toi mais le simple fait de nous aimer dans ce monde est perçu comme contre nature, tu ne pouvais assurer cette sécurité nécessaire à ma survie, cela t'as certainement un peu plus blessé dans ton amour-propre car je n'étais pas encore assez « individualiste » pour cela et ton frère avait décidé de prendre le rôle qui t'étais destiné, si cette terre pouvait nous accepter. J'ai réalisé bien vite mon erreur, mais c'est bien la première fois que j'inscris sur papier cette pensée, ni même adressé cette pensée à quiconque pour être honnête. Ce qui semblait évident pour tout le monde sauf toi, il faut le croire. Au-delà de tout cela, tu manques énormément à Henry, je sais que ça n'efface pas tes ressentiments mais penses au moins à lui une fois.

AMEARYA [En cours de Modification]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant