The Night We Met

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Chapitre sept :


Vendredi 5 avril, dix-neuf heure trente-deux, au rez-de-chaussée du Orlont Casino :


Une semaine s'est écoulée depuis la première phase de test de la beta d'Amearya, une semaine depuis que ces jeunes hommes ont pu s'immiscer dans les prémices de ce jeu qui en cache bien des détours, à en faire tourner leur matière grise sens dessus dessous. Certains cherchent désespérément ce qui n'allait pas dans leur démarche pour finir à une première fin tragique, d'autres rêvent de retourner dans cet univers pour la simple envie de profiter de cette factice réalité à la beauté débordante, ceux qui veulent uniquement découvrir ce qui se déroule au-delà de ce premier panel, comment les événements tournent-ils ensuite et pour quatre personnes en particulier au sommeil léger puisque lorsque leurs pupilles sont closes les scènes aux tournures tragiques ne font que de se dessiner, soit les simples traits de celles qui ont péri devant leurs yeux, leurs derniers souffles comme éternel cauchemar depuis ces sept voire bientôt huit jours déjà. Les mêmes questions tourmentent leurs esprits mais une saveur différente est pourtant formée au creux de leur ventre en voyant incessamment ces scénarios dès que les lumières sont éteintes. Pour le premier, le visage délicat de la danseuse russe sonne comme une profonde mélancolie, son prénom a la sonorité d'une balade poignante que l'on écoute sans se lasser au volant, dont les premières notes nous renvoient à un autre temps auquel nous manquons et cela l'affecte au point de ressentir un pincement au cœur telle la sensation d'un amour passé qu'on ne pourra jamais oublier malgré la peine engendrée quand les liens se sont brisés. Le deuxième, est amer, l'actrice lui fait penser à un vinyle d'une chanson populaire synonyme de plaisir coupable car elle nous ramène à notre histoire, à une période de notre existence qu'on aimerait garder enfuit pour seule raison qu'elle retransmet nos échecs passés, un chapitre bâclé entre deux êtres qui ne savaient se relever de leurs faiblesses. La troisième elle se forge dans le déni, l'image de l'usurpatrice dans son crâne se forme sans fin, un cd rayé au son distordant qui souhaite retrouver sa beauté d'origine, retrouver son rythme entraînant à l'instar d'un brouha incompréhensible irritable au plus haut point, mais qu'à peine procuré on le fracasse au sol par inadvertance, par simple maladresse et stupidité qui dans cet état lamentable nous empêchent sur la fin de profiter de celui-ci. Un sentiment d'inachevé à en rendre fou, un regret de l'avoir laissé tomber qu'on préfère garder pour soi et donc finir par ne plus l'écouter à contre cœur. Puis il y a le dernier, la soi-disant trafiquante d'art qui lui rappelle le bruit que peut bien engendrer une boîte à musique qu'il avait à côté de son lit quand il était bambin, une douceur apaisante qui tourne de plus en plus à l'angoisse quand un second visage se superpose, là où la première mélodie se fait recouvrir par les croassements incessants de corbeaux fous à lui en faire dévisager chaque bête de cette espèce d'une drôle de manière dès qu'il en croise une. La tranquillité absorbée par la crainte, une opportunité gâchée qu'on ne peut retrouver par la faute d'un tiers.


-Pas mal le costume, Moon, ça te change des t-shirts unis mal taillés.


-Et toi Warld tes épaules ont l'air encore plus disproportionnées.


Aiden et Lucas, se saluent de cette manière dans le grand hall du casino où eux mais aussi une bonne soixantaine d'autres personnes sont entassées à attendre l'ouverture des portes. Employés, participants du projet et investisseurs sont réunis pour une grande réception pour fêter les trois ans de la pose de la première pierre à la Black on Black Box mais aussi pour les essais d'Amearya qui n'est célébré qu'à demi-mot, la volonté de garder le maximum d'informations pour eux et donc d'éviter une quelconque fuite est le top priorité des développeurs. De cette manière les non-membres du projet savent pourquoi ils sont là sans pour autant connaître quoi que ce soit sur la teneur de celui-ci, pas même son nom où son étendue. Après tous c'est le credo de l'entreprise dont les investisseurs et actionnaires font preuve d'une confiance aveugle, un placement sûr de leur masse monétaire puisqu'elle a déjà fait ses preuves. Un certain patronyme n'est pas seulement associé au projet mais bien aussi à la partie financière de celle-ci, à l'exception que la personne derrière les billets n'est pas celle derrière le masque de réalité virtuelle. Un frère aîné ancré dans le business le benjamin lui plongé au cœur de l'aventure que le premier finance sans qu'ils ne le sachent. Tous dans leurs habits de gloire à attendre que l'instant s'écoule jusqu'au moment où les têtes pensantes daignent se montrer, du haut de ces escaliers exubérants qui collent parfaitement au reste du décor à la sophistication quasi aristocratique alors qu'il s'agit d'un lieu de jeu d'argent à sa base. Là où des jetons sont posés sur le tapis, où la démesure est de norme, là où le toit de verre est surmonté d'arabesque taillé dans celui-ci où les étoiles se marient avec les chandeliers incrustés de métaux précieux. Dérobée une de ces appliques lumineuses semble bien plus judicieux que de se laisser miser son P.E.L sur la couleur rouge à la roulette. Une idée qui ne peut s'empêcher de germer dans l'esprit du plus petit à qui son poste à la comptabilité d'une agence immobilière ne lui manque pas un seul instant. Pendant que ses collègues se retrouvent le nez plongé dans des dossiers à relancer des créances de loyer ou réviser les frais d'agence pour tel ou tel bien immobilier, se trouver à une réception à laquelle en temps normal il n'aurait jamais pu mettre les pieds par son rang d'homme lambda, comme la majorité des sélectionnés est une chance inespérée.

AMEARYA [En cours de Modification]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant