Once upon a december

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Chapitre trois:


Dans la salle de test de la Black on Black Box, première session de Moon Aiden :


Tout d'abord, c'est le son qui vient réveiller mon ouï, une douce mélodie de boîte à musique, apaisante presque envoûtante dès la première écoute, puis vient une voix qui s'élève en accord avec le rythme, une voix de femme chantant dans une langue que je n'ai pas l'habitude de rencontrer, du russe. Je n'ai pas eu le besoin de sélectionner manuellement la première route, celle que je souhaite dans tous les cas découvrir, peut-être que Sammy m'a entendu m'entretenir avec Lucas un peu plus tôt sur nos choix respectifs de voies et qu'il a donc pris l'initiative de me faire jouer directement celle-ci. La mélodie s'accélère aux vibrations des cordes et d'autres voix s'ajoutent elles aussi, amplifiant l'effet de la musique sur mon être qui semble être littéralement plongé au beau milieu d'un opéra vide où seul les artistes et musiciens m'entourant de leurs sons telle une multitude de tentacules de notes toutes plus belles les unes que les autres. Ensuite, ce sont les images qui me parviennent, après avoir gardé pendant une bonne partie de la musique les yeux clos je les ouvre enfin, la première chose que je remarque est mon reflet projeté dans la vitrine d'une confiserie dont je me sens incapable de prononcer le nom ni même discerner correctement la forme des lettres -ma méconnaissance de l'alphabet cyrillique en est le plus grand facteur-. Mon visage est le même à la simple différence que mes cheveux sont plus sombres, plaqué dissimulé en partie sous un borsalino gris surmonté d'une plume bleu et que je porte un costume d'époque -de ces couleurs- dans lequel je me sens parfaitement mal à l'aise. S'il il y a bien une chose dans laquelle le ridicule semble se coller à mon front, c'est bel et bien ce genre d'accoutrement bien trop guindé pour que cela soi descend, mais en vue de l'époque c'est une tenue relativement dans la norme de ce que l'on peut voir. Dans la rue bondée d'hommes et femmes tout droits sortis d'un film d'époque prennent pour la plupart la même direction, probablement le lieu où se trouver absolument en ce jour.


-Bordel de merde.


Je ne peux m'empêcher de jurer en admirant le décor, allant des passants au sol pavé parsemé de neige, au ciel qui s'assombrit au fur et à mesure que les secondes s'écoulent, jusqu'aux deux chats de gouttière qui se font la misère dans un duel pour récupérer un bout de pain rassis -qui à simple vue d'œil peut percer une gencive-. En soi le décor n'a rien d'exceptionnel si on passe outre le fait que d'un coin de l'œil je peux admirer les plus beaux monuments de la capitale Russe, surtout pour quelqu'un à qui ses vacances les plus éloignées se sont passé dans l'Illinois à deux pas de Chicago. Pour un citoyen de la ville de Toronto depuis toujours, l'aventure n'était pas vraiment présente, y aller est bien plus simple que la Russie. Aucun océan à traverser, aucun pays à survoler, aucune escale, aucun challenge, aucune barrière linguistique, aucun échange culturel enrichissant. Pas que les habitants de Chicago n'ont rien à offrir mais la seule différence flagrante de culture que j'ai pu constater entre eux et moi, est que le basket et la bière s'inscrit comme une religion dans les chaumières et bien plus encore dans les pubs. Disons que le hockey est le seul sport d'équipe qui rassemble des troupes chez moi, et celui où j'en ai payé les frais durant ma période scolaire obligatoire. Le nombre de blessures que j'ai pu recevoir m'arrache un sourire à ce souvenir, malgré le supplice tous ces matchs, entraînements ou partie pour le simple plaisir restent de merveilleux souvenir. La glace m'a vu évolué, grandir et m'assagir -soi ne plus faire manger ma crosse à des adversaires un peu trop envahissants-. À part toute cette digression et la découverte du panorama, le plus impressionnant est le réalisme. Jamais je n'ai pu voir un degré de rapport à la réalité aussi poussée par la simple création électronique. Il est impossible qu'il s'agisse d'un tas de dessins collé sur un fond vert et d'une centaine de personnes volontaires dans des combinaisons de motion-capture matérialisé comme de véritable humain projeté dans cette époque. Je ne peux y croire. La technologie est donc arrivée à ce point ? À ce point de recréer des humains à l'aspect parfaitement identique à n'importe qui dans la rue, à un homme que l'on peut croiser tous les matins à la boulangerie, à cet enfant qui court après des moineaux dans un parc pendant que sa mère le surveille sur un banc où la fatigue creuse ses yeux. Tout semble si réelle.

AMEARYA [En cours de Modification]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant