cinq

1.1K 108 19
                                    

L'atmosphère était un peu bizarre au début, mais maintenant nous sommes tous les trois en train de manger la nourriture qu'ils nous ont servie dans ma chambre. Mon père est resté particulièrement silencieux, mais il a quand même posé quelques questions pendant que nous visitions le lieu.

Nous avons vu la cafétéria où je devrai manger à partir de demain, l'endroit où les médicaments sont distribués, et là où je pourrai téléphoner à mes parents si besoin. Il y a également une sorte de "pièce commune". Apparemment, comme nous sommes la section la plus saine et la moins dangereuse, nous sommes autorisés à nous balader comme bon nous semble. Et puis il y a des sorties organisées, un peu comme des excursions éducatives. Quelle chance.

Ma mère n'a pas arrêté de me demander toutes les trois secondes si je voulais rentrer à la maison, mais ma décision est prise. Je ne peux plus être le fardeau que je suis aujourd'hui.

Ce qu'il y a de bien avec cet endroit, c'est que pendant la visite, le guide ne s'est pas agacé de mes routines. Mon père a levé les yeux au ciel plusieurs fois, mais rien de plus. Ce doit être agréable d'être dans un endroit où je ne suis pas constamment jugé pour ce que je suis.

Mais ce n'est pas ma priorité. Ma priorité, c'est d'aller mieux.

Il n'y a finalement pas grand chose à voir dans cet endroit, il y a seulement le nécessaire. Le guide m'indique que la salle de bain commune est au fond du couloir, que les classes auxquelles je ne compte pas assister ont lieu dans une aile séparée, et m'informe de quelques autres petites choses que je dois savoir. Nous n'avons croisé personne durant la visite, parce qu'apparemment tout le monde est en classe à cette heure. Cela doit probablement se résumer à apprendre à dessiner un cercle ou quelque chose comme ça, mais dans tous les cas je ne compte pas me retrouver dans un environnement scolaire avant longtemps. 

Ma mère est en train de disserter sur la diversité des programmes proposés et le professionnalisme des thérapeutes. Je lui souris et murmure des "hm" à l'occasion, pendant que mon père se plaint du goût infect de la nourriture.

Je suis assez anxieux (tiens donc, quelle surprise) à propos de mon fameux colocataire. Et si je le détestais ? Je suis habitué à ne pas apprécier les gens autour de moi, mais que faire si je ne pouvais pas du tout supporter ce garçon ? Il n'a que quatorze ans alors il ne doit pas être si méchant, ce n'est pas comme s'il allait me tuer.

Comme si le hasard lisait dans mes pensées, la porte s'ouvre et un petit garçon avec de grosses joues de bébé entre dans la chambre. Son visage est enfantin, mais il semble avoir traversé beaucoup d'épreuves. Il a l'air fatigué mais assez vif. 

"Oh ! Tu dois être Newt. Je suis Chuck, ton colocataire," entame-t-il. Il se tient dans une drôle de position, comme s'il était rentré dans une chambre qui n'était pas la sienne. 

"Euh, oui. Je– Euh, je suis Newt, c'est ça," lui dis-je en claquant mentalement ma tête contre un mur imaginaire.

"Super," répond Chuck avec un petit rire. "J'essaie d'éviter Ben, il est encore en train de crier. Ne t'inquiètes pas, tu t'y habitueras," continue-t-il en s'affalant sur son lit.

Je jette un œil à mes parents. Ma mère est toute souriante. 

"Bonjour Chuck, je suis la mère de Newt ! Tu as l'air d'être un gentil garçon," dit-elle sur un ton enjoué. 

"Bonjour ! Merci beaucoup," lui répond Chuck. Je laisse un échapper un discret soupir de soulagement, heureux de constater qu'il est véritablement gentil.

"Tu as l'air d'être normal. Pourquoi es-tu ici ?" intervient mon père. Je grimace, et ma mère lui donne un coup sur le bras.

"Je suis vraiment désolé," je me dépêche de lui dire. Chuck se met à rire à nouveau, d'un rire étonnamment joyeux, et regarde mon père.

Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant