Le choc avait été violent. Mélina se réveilla en sentant du sang couler derrière son oreille droite. Elle avait dû se cogner la tête contre le nichoir à côté d'elle.
Passant la main dans ses cheveux, à la recherche de la blessure, elle trouva rapidement la plaie. Elle appuya légèrement dessus pour en mesurer l'étendue. La douleur la fit grimacer.
Le liquide écarlate se répandit sur ses doigts. L'odeur métallique envahit ses narines. Elle regarda sa peau ensanglantée et sa tête commença à tourner.
Depuis un étrange accident, quand elle était plus jeune, la vue du sang, lui était, en effet, devenue insupportable.
Elle avait dû sauter dans un petit ravin pour échapper à une nuée de guêpes qui la poursuivaient. Elle s'était ouvert la jambe.
Brièvement, le souvenir de ce jour, lui revient à l'esprit.
À l'époque, elle avait à peine 5 ans. Les insectes s'étaient rués dessus alors que la pauvre enfant terrorisée jouait sagement dans le bac à sable. Mélina avait eu le réflexe de courir comme si sa vie en dépendait ; mais sa chute volontaire, dans la crevasse pleine de roches, avait lacéré sa chair, du milieu de sa cuisse jusqu'au bas de son genou.
Heureusement, le nuage d'apocrites s'était dissipé comme par magie. Son oncle, qui l'avait entendu hurler, s'était précipité pour la secourir. Sa rapidité à intervenir, avant qu'elle ne se résigne à escalader les pierres pour s'extirper de sa cachette, avait permis d'éviter que l'entaille ne s'ouvre davantage. Aujourd'hui encore, la cicatrice était encore bien visible. Pourtant, l'hémorragie semblait alors moindre comparée à celle de la situation actuelle.
Sentant qu'elle s'apprêtait à rendre son dernier repas, Mélina porta son autre paume à ses lèvres pour réprimer un hoquet de dégoût. Les effluves de son hémoglobine lui donnaient la nausée. Elle pouvait presque sentir le goût immonde de sa bile dans sa bouche.
- J'espère que ce n'est pas trop grave, pensa la fillette en tentant de se relever sans s'assommer à nouveau. Sa main propre posée sur l'herbe fraîche, elle prit appui sur son genou pour retrouver son équilibre. Le poulailler sembla trembler un instant puis sa vision s'éclaircit.
Autour d'elle, les volailles demeuraient immobiles. Le silence inhabituel l'interpella. S'approchant de la Vorwerk qui la regardait fixement, elle caressa brièvement son doux plumage bicolore. La poule ne bougea pas d'un millimètre. À bien regarder, toutes les poules paraissaient figées.
Que se passait-il ?
Elle sortit par la trappe. Située à l'arrière de l'abri, elle avait, depuis longtemps, prit l'habitude d'utiliser cet accès.
Persuadée que les volatiles craignaient l'enfant, sa tante la punissait, en effet, dès qu'elle s'approchait de la basse-cour. Mélina, qui adorait Comète et Roussette, avait donc cherché un autre chemin plus discret.
Rapidement, elle avait compris, qu'en passant par le potager, elle ne se faisait plus repérer. Bien sûr, le trajet était plus long. Contourner le jardin n'était pas toujours aisé.
Sa tante était toujours à l'affût. Cachée derrière un arbre, Mélina devait parfois attendre près d'une heure. Accroupie, avec un livre, elle patientait. Au moment propice, elle abandonnait son manuel d'astronomie et se réfugiait dans les buissons. Elle longeait ensuite le grillage de fer. Agile comme un agent secret, elle continuait en rampant le long du muret du barbecue. Sans bruit, elle passait près de la vielle remorque, bondissait derrière la tondeuse et atterrissait furtivement dans la plantation de tomates. À partir de là, sa taille menue lui permettait, sans peine, de rejoindre ses amies à plumes.
VOUS LISEZ
Mélina et les planètes
FantasíaMélina, une orpheline élevée par sa tante et son compagnon, voit son existence bouleversée lorsqu'elle trouve un médaillon magique. Grâce à lui, elle sera embarquée dans une aventure fantastique jusqu'au confins du système solaire. Combattre des dra...