Chapitre 2 - Supernova

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Assise à l'ombre du grand chêne, Mélina réfléchissait à son nouveau plan d'action. 

À l'évidence, son attitude de petit ange obéissant n'avait pas eu l'effet escompté. Si agir de la sorte était une véritable torture pour la fillette, elle amplifiait par la même occasion le coté méfiant et autoritaire de sa tante. En effet, connaissant sa nièce, Lorna savait d'ores et déjà que le répit serait de courte durée.

Profitant des rayons du soleil qui réchauffait sa peau, elle avait entrepris d'arracher les mauvaises herbes qui poussaient au milieu de ses tulipes. Régulièrement, elle jetait un œil vers Mélina en se demandant ce qu'elle pouvait bien mijoter avec son calepin et son stylo. 

Si Madame Guerry avait été naïve, elle aurait pu croire que l'enfant dessinait tout simplement. L'illusion était saisissante mais était-ce réellement envisageable que Mélina s'adonne à une activité artistique sans qu'on l'y ait contrainte au préalable ? A cette pensée, Lorna réprima un rire sans joie. Cette petite lui ressemblait si peu qu'elle s'était parfois demandée si la mère de Mélina n'avait pas été infidèle. Était-il possible qu'elle ne soit pas la fille de son grand frère adoré ? Après tout, Crystal avait toujours été calculatrice. Elle aurait très bien pu le séduire alors qu'elle était déjà enceinte d'un autre homme.

Puis elle repensait au coté espiègle qu'avait Mark lorsqu'ils étaient petits. Tout comme Mélina, il avait la capacité extraordinaire d'être aussi mignon qu'insupportable. Toutefois, les phases de répit étaient si courtes que leur mère se plaignaient souvent d'avoir une migraine. Finalement, elle ne pouvait nier que Mélina possédait bel et bien le caractère de son père. Attendrit par cette comparaison, elle regarda la fillette et réalisa que, sans sa présence dans sa vie, la maison aurait été vraiment vide. Pourtant une question ne cessait de tourner en boucle dans sa tête: combien de temps encore allait durer cette accalmie si apaisante ?

La réponse ne tarda pas. Seulement quelques minutes plus tard, Mélina se leva et se précipita dans sa chambre sans un mot. Intriguée, Lorna suspendit son geste pour la regarder filer. La voir passer en trombe n'était jamais bon signe. Qu'allait-elle bien pouvoir inventer cette fois ? Allait-elle à nouveau devoir l'emmener à l'hôpital ? Quelle catastrophe allait-elle provoquer ?

- Pitié, faites que ça ne soit pas trop grave, pria Lorna en fixant les nuages gris qui venaient d'apparaître.

L'atmosphère chaude et agréable s'était considérablement refroidit. La petite brise habituelle commença à agiter ses cheveux. Si les bourrasques arrivaient, il allait bientôt pleuvoir. Après tout, Mélina avait probablement commencé à avoir froid dans sa petite robe à dentelles. À force de rester à l'ombre, ça n'avait rien d'étonnant. Lorna soupira de soulagement et rassembla son matériel de jardinage. Elle l'entreposa à l'entrée de l'atelier de bricolage et replaça rapidement la mèche qui s'était échappée de son chignon. Puisqu'elle ne pouvait plus profiter du soleil, il était temps de se mettre au fourneaux.

Qu'allait-elle cuisiner? S'il lui restait des carottes, elle pourrait préparer le navarin d'agneau printanier que Fred aimait tant. Elle se dirigea vers la cuisine et ouvrit le réfrigérateur. Le bac à légumes était presque vide. Au fond, elle distingua le reste d'une vieille courgette ratatinée qu'elle s'empressa de jeter à la poubelle.

Exaspérée, elle attrapa son téléphone sur le plan de travail et parcouru sa liste de contacts. Un instant, elle envisagea d'appeler la voisine mais, après avoir hésité quelques secondes entre deux numéros, elle sélectionna celui de Fred. La tonalité de retour d'appel retentit plusieurs fois. Comme à chaque fois qu'elle l'appelait, elle tomba sur le répondeur. Afin de garder son calme, elle préféra raccrocher sans laisser de message. Fermant les yeux, elle inspira lentement et profondément.

Mélina et les planètesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant