Chapitre 4

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Le lycée entier était en panique. 

Après que la proviseure a expliqué la situation aux élèves se trouvant dans le hall, elle s'était rendue à la loge et avait passé une annonce. Dans les hauts-parleurs de l'établissement résonnait sont discours, répété en boucle pour être certain que chacun, aussi bien élèves que membres du personnel, ait compris de quoi il retournait. Madame Wolka demandait à l'ensemble des individus se trouvant actuellement dans le Lycée Camus de se rendre au plus vite et dans le plus grand calme, dans le hall du bâtiment principal, là où nous nous trouvions nous-même actuellement.

Inutile de préciser que cela avait été un chaos monumental. Certains adolescents, trop heureux de louper une heure de cours, avaient accouru en criant et riant haut et fort. D'autres, paniqués, parlaient sans interruption et à une vitesse hallucinante, se questionnant mutuellement sur la nature de cette alerte non prévue à l'entrainement. Les professeurs, censés faire l'appel, ne savaient plus où donner de la tête. 

Alors que nous nous asseyions là où il y avait de la place - c'est-à-dire, pour la plupart d'entre nous, à même le sol - je réalisai soudainement que Sarah se trouvait toujours au gymnase, et que, là-bas, ils n'avaient probablement pas perçu l'annonce de la direction. Je sortis par habitude mon portable, voulant lui envoyer un message pour la prévenir, mais me souvins qu'il n'y avait plus de réseau. 

Je pris donc mon courage à deux mains, me levai et allai rejoindre la proviseure. Lorsqu'elle me vit, Madame Wolka me demanda :

- Qu'y a-t-il, mademoiselle Camille ? Ne vous sentez-vous pas bien ?

Je bafouillai :

- Madame, il...il y a des élèves au gymnase. Ne...faut-il pas les...les prévenir ?!

J'étais au bord de la panique mais la proviseure, pour la première fois de la journée, me sourit :

- Ne vous souciez pas de cela, mademoiselle. Ces élèves, ainsi que les professeurs d'E.P.S, sont en route pour nous rejoindre. 

Honteuse de ne pas avoir eu plus de confiance en la cheffe d'établissement, je me retirai calmement, la remerciant au passage, et retournai m'asseoir auprès de mes camarades. Le sol n'était pas forcément très propre, mais pour une fois, j'ignorai mes inquiétudes à ce sujet. 

- Sarah et les autres élèves de sa classe arrivent, informai-je mes amis dans un souffle, plus que soulagée. 

Mon cœur battait la chamade, la situation me paraissant plus qu'irréelle. Monsieur Blaise, le proviseur adjoint, était un homme de taille moyenne. Métis, il devait avoir la cinquantaine. Ce n'était pas son premier emploi dans un établissement scolaire, il était d'habitude plutôt confiant. Mais pas aujourd'hui. Un microphone à la main, il fit taire le vacarme régnant parmi la foule regroupée ici, prenant la parole :

- Bonjour à tous. 

Le silence se fit. Tout le monde, pour une fois, était attentif. L'adjoint reprit :

- Vos camarades de Seconde 9, qui se trouvaient au gymnase lorsque l'alerte est survenue, sont en route pour nous rejoindre. Nous allons les attendre et...

Sa parole fut coupée par la classe en question pénétrant dans le vaste hall par la porte de secours, suivie par une autre de Terminales. Ils paraissaient ahuris par le nombre de personnes regroupées et sagement attentives en ce lieu où d'habitude se déroulaient parties de UNO et tournois d'Échecs. Sarah sembla nous chercher du regard mais son professeur, la trentaine et l'allure athlétique, les fit asseoir là où ils se trouvaient. 

Monsieur Blaise reprit son allocution là où il l'avait arrêtée :

- Comme je vous le disais, nous allons, Madame Wolka et moi-même, vous expliquer de quoi il retourne. Je vous en prie, restez calmes. Je vais donc passer le micro à ma collègue, votre proviseure.

Ça ne devait pas être pour demainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant