Touché

Chapitre 4

— Donc vous nous appelez si il y un problème. Vous avez nos numéros ?

Je hochai la tête, répondant à ma belle-mère. Elle me fit un vague sourire, son long manteau noir déjà sur le dos et son bonnet blanc recouvrant ses cheveux bruns. Derrière elle, Barbie montait dans la voiture, une doudoune rose avec une fourrure blanche très volumineuse. Mon père me fit un signe de la main depuis la voiture. Je souriais, à contre cœur. J'avais un sentiment de trahison. Nous avions passé à peine une nuit dans ce chalet, il me laissait déjà seule. Je voyais Elise derrière elle, heureuse d'être entre adultes. Je repensai alors à son contact sur mon épaule nue. Je faillis à nouveau en avoir une nausée. Des millions de bactéries habitaient sa main. Et la moitié d'entre elles avait fait un voyage sur mon épaule.

— Isabella ?

Je sursautai, me concentrant à nouveau sur ma belle-mère.
— Oui ? Demandais-je, les yeux revenant à elle.
— Ne faites pas de bêtises.

Je fronçai les sourcils, lui demandant silencieusement ce qu'elle insinuait.
— C'est un garçon, me chuchota Céline, souriant et me faisant un clin d'œil au passage.
— Oh mon dieu, soupirais-je.

Elle ria et descendit du palier. Je les regardai partir. Ils prirent les deux voitures et démarrèrent.Je les observai s'éloigner jusqu'à ne plus les apercevoir. Achille passa derrière moi pour s'aventurer dans le jardin. Il se roula dans la neige, provoquant mon rire. J'attachai mes cheveux en un chignon décoiffé, mon pull à marinière toujours sur moi, et rejoignis mon chien. Je lui lançai une boule de neige qu'il essaya à nouveau de croquer. Je me roulai ensuite dans le jardin, riant aux larmes,voyant mon chien m'imiter dans la neige.

— C'est comme ça que tu fêtes l'absence des parents ?

Je sursautai. Finn nous regardait, amusé.
— Non. Je jouais avec mon chien, rétorquais-je, les joues rouges.
— Donc tu te roules par terre ?

Je me levai, énervée des ses remarques. Je frottai mon pull et mon pantalon pleins de neige, et fis face au garçon.
— Oui. Je fais ce que je veux de toute façon ?

Finn me regardait d'un air amusé. Il hocha la tête, faisant semblant de comprendre la chose. Il mit ensuite son bonnet orange qu'il tenait dans ses mains depuis tout à l'heure, sur sa tête, ses cheveux noirs et bouclés dépassant toujours.
— Intéressant.

Il s'agenouilla ensuite dans la neige, sifflant avec ses lèvres pour que Achille le rejoigne.
— Il ne viendra pas vers toi.

Mais Achille courut se ruer dans les bras de Finn, léchant son visage et agitant sa queue, tout content. Finn fit un sourire victorieux.
— Que disais-tu, Isabella ?

Je roulai des yeux, contrariée. Je croisai ensuite les bras, regardant mon propre chien dans les bras d'un autre.
— Pauvre toutou..intervint Finn en caressant les poils d'Achille et s'adressant à lui, ta maîtresse n'est pas drôle, hein ?

J'ouvris grand les yeux. Finn souriait, attendant une réaction de ma part.
— Moi ? Pas drôle ? Je me suis roulée dans la neige avec lui !

Finn se leva, le sourire aux lèvres. Il me dévisagea puis fronça les sourcils.
— On ne t'a donc jamais touché.

Je roulai des yeux. Cette question.. On me la souvent posé. Je soufflai avant de répondre d'un ton sec.
— Si. Mais je hurlai par la suite.

Finn fronça les sourcils, rentrant ses mains dans ses poches de veste. Il ne sait vraiment que faire ça : Froncer les sourcils.
— Et est-ce que tu sais d'où vient cette phobie?

Je fus heureuse qu'il remplace le mot maladie par phobie. Mais en analysant la question, je frémis.
— Non.

J'avais répondu sèchement. Finn ouvrit la bouche pour rétorquer puis la referma.

Il me dévisagea un instant avant d'affirmer :
— T'es bizarre comme fille.

Son propos me blessa. Il avait raison. Voilà pour quoi. Je m'apprêtai à lui lancer un regard noir mais il fut plus rapide que moi. Son regard transperça le mien. Mon cœur rata un battement. Il voulait vraiment me voir pleurer devant lui.

— T'es chiant comme mec, répondis-je en attrapant Achille et marchant en direction de l'entrée.

Finn pivota son corps vers moi.Il me regarda essuyer les pattes d'Achille pour ne pas salir l'entrer. Il se mit à rire doucement avant de partir vers la forêt.

— Tu vas où ? Lui demandais-je en haussant le ton.
— Me balader... Répondit-il d'une même voix.
— Il est dix-neuf heures, argumentais-je, un peu inquiète.

Finn se tourna vers moi, toujours les mains dans les poches.
— Oui. Je fais ce que je veux de toute façon ?

Il avait reprit ma phrase, imitant ma voix, rendant la sienne plus aiguë. Je le regardai disparaître dans la forêt. La nuit déjà présente m'inquiétait. Mais Finn s'aventura tout de même dans la forêt. Je vis Achille près de moi, regardant avec envie la forêt ainsi que Finn.

Savoir Finn avec Achille pouvait me rassurer. Il ne serait pas seul. Mais savoir Achille seul avec Finn m'inquiétait. Laisser mon chien à un mec comme lui...

J'attachai Achille en laisse tout en soupirant puis courus rejoindre Finn. Ce dernier se retourna, me voyant avec Achille.
— Tu viens ?
— Pas moi. Lui. Comme ça il s'amusera un peu ailleurs que dans ce jardin. Et aussi, tu seras pas seul.

Finn prit la laisse, évitant de toucher mes mains.
— Merci.

Il s'éloigna avec Achille, disparaissant tous les deux dans la forêt. Je rentrai de mon côté au chalet, allumant la télé.

Je me surpris entre deux épisodes de Friends, regarder par la fenêtre, attendant leur arrivé...