Chapitre 12

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...La voiture fonce dans le cadavre, déjà mort.
La voiture ne s'arrête pas. Elle continue d'écraser le chien. Comme si elle éprouvait un véritable plaisir à voir le corps se vider de sang.

Puis, au bout de quelques minutes, la voiture s'arrête. La portière s'ouvre.
L'oncle Jeff.
Il me regarde, le sourire aux lèvres. Il s'approche doucement. Puis il se met à courir, les mains tendues vers moi.

Je me réveille en sursaut. Je suis en sueur.
Il fait jour.
La lumière éclaire toute ma chambre.
Je regarde mon corps.
Je tremble.

Je me rallonge dans mon lit, essayant de retrouver le rythme de ma respiration. Je tourne mon visage vers le sol de ma chambre. Le panier d'Achille est vide.

La nuit précédente était bien réelle. Achille est mort.
Je ferme les yeux. Je revois le visage de ma mère, le corps d'Achille, l'oncle Jeff.
Je me lève du lit.
J'ai besoin de voir des personnes.
Je regarde ma tenue. J'ai un long t-shirt noir. Il ne m'appartient pas.
Je fronce les sourcils et tire sur le tissus me recouvrant jusqu'aux cuisses.

Je ne peux pas descendre les cuisses à l'air. J'attrape alors un short et l'enfile.
Je regarde ensuite mon visage. Mes cheveux sont en pétard et mes yeux sont petits.
Ma peau est pâle. Mes lèvres aussi.

Je prends ma trousse à maquillage et me mets du gloss. Mes lèvres sont déjà plus roses. Je nettoie mes joues et me mets de l'anti-cernes.

Enfin prête, j'ouvre la porte de ma chambre. Il n'y a aucun bruits. Comme si le chalet était vide.
Je me tourne vers la chambre de Finn. La porte est fermée et je n'ose pas l'ouvrir.

Je descends les escaliers. Arrivée dans le hall, je ne vois encore personne. Je rentre dans la cuisine.
Mon père.
Je ressens une sorte de soulagement en le voyant, assis à table avec son bol de café.
Je m'avance et décide de m'assoir en face de lui.
Bonjour papa, je souris en le regardant tremper sa tartine de beurre dans son bol.
Bonjour.
Sa réponse est sèche. Je garde le sourire, confuse au fond de moi.
Bien dormi? J'essaye de détendre l'atmosphère.
Mon père m'ignore. Il se lève et pose son bol vide à présent dans l'évier. Il prend le journal posé au bout de la table et sort de la cuisine.
Je suis maintenant seule dans la cuisine. Mon sourire s'enlève doucement. Je passe doucement mes mains sur mes yeux que je ferme.

Une voiture klaxonne. Du sang habille la route.

Je réouvre aussitôt les yeux, passant ensuite mes mains dans mes cheveux emmêlés.
À chaque fois que je ferme les yeux, les scènes de la veille apparaissent.

Je me lève et me dirige dans le salon. Le père de Finn regarde la télé. Lorsqu'il me voit, il me sourit. Un sourire qui exprime sa pitié.
Je l'ignore et me dirige à nouveau vers le hall. J'attrape mon manteau, mets mes bottes et sort dehors.
La neige recouvre tout le jardin. Je m'assoie sur le banc qui longe le chalet et regarde le ciel bleu. Des larmes roulent le long de mes joues mais je n'y prête pas attention.
Isabella?
Mon visage pivote vers cette personne. Céline.
Elle s'avance vers moi, son long manteau vert bien fermé lui arrivant aux genoux et ses gants couleur neige au bout des doigts.
Je suis désolée pour l'attitude de ton père. Tu le connais. Il est vexé.
J'hoche la tête, redirigeant mon regard vers le ciel.
Je sais. Je pensais qu'il comprendrait.
Céline baisse son visage puis, quelques secondes après , décide de s'assoir à côté de moi.
Tu sais, Bella. Je ne suis pas ta vraie mère mais, je tiens beaucoup à toi. Je te connais depuis que tu as onze ans. Et tu en a seize maintenant. 5 ans que je te connais et je m'inquiète beaucoup pour toi, et ton père.
Je tourne mon visage vers elle.
Elle continue.
Vous êtes une famille pour moi. Je sais que tu ne seras jamais ma fille et qu'on aura jamais la même relation que tu as pu avoir avec ta mère. Mais sache que si tu veux me parler, je suis là. Toujours.
Je la regarde, puis lui sourit.
Merci Céline.
La femme me sourit à son tour. Je baisse mon visage.
— J'imagine que tu voudras pas m'expliquer pourquoi tu peux toucher le fils de Charles, si?
Je rigole. Céline ouvre grand les yeux.
—Oh! Peut-être que notre Isabella est... amoureuse?
Je secoue la tête rapidement, lui faisant comprendre que ce n'est pas vrai.
— Non! Non. Je ne suis pas amoureuse de...
Au même moment, la porte d'entrée s'ouvre. Je vois Finn au seuil de la porte. Ses cheveux bouclés ne sont pas coiffés. Il est en pantalon de pyjama et porte une doudoune à fourrure qui lui va vraiment bien. Il est sûrement la seule personne que je trouve charmante, le matin.
Il se tourne vers nous, un sachet dans la main, posant avec l'autre un carton.
— Il y a des pains au chocolat, si vous voulez..
Il nous montre son sachet. Céline le regarde, puis se tourne vers moi, souriante. Je ris.
Il fronce les sourcils. Il a remarqué mes yeux mouillés. Mais mon sourire contredit mes joues mouillées.
Il incline sa tête quand je suis debout près de lui. Il me regarde, un sourcil froncé.
— Ça va..?
Je le regarde et lui sourit. L'attitude de mon père me blesse toujours mais la présence de Finn et de Céline me remonte le moral.
Ça va.. Je réponds en souriant.
Je pique un pain au chocolat dans le sachet et lui sourit.
Céline se lève et me sourit. Un sourire complice. Je roule des yeux.
Elle quitte le jardin pour rentrer à l'intérieur du chalet. Sûrement pour rejoindre mon père.
Tu viens de te réveiller?
Finn me regarde, puis regarde son pyjama bleu avec des petits oursons dessus.
Euh..ouais. Toi aussi à ce que je vois.
Je regarde ma tenue. Je porte un t-shirt noir m'arrivant jusqu'aux cuisses et un short. J'ai mis des bottes à fourrure et ma doudoune me couvre à moitié.
D'ailleurs, c'est mon t-shirt. Je te l'ai donné pour la nuit.
Je rougis et regarde le tissus.
Pourquoi?
— Parce que je ne trouvais pas ton pyjama.. et tu étais trop épuisée. Tu ne savais pas où il était.
Je souris et regarde mes jambes. Je suis en short et il fait -10 degrés.
Tu dois avoir froid.
Je secoue mon visage. Je n'ai pas envie d'avouer que je gèle.
Menteuse, rit Finn en s'asseyant sur le banc.
Je fais de même. On reste assis, l'un à côté de l'autre. Un silence gênant s'installe. Je regarde mes pieds. Finn se racle la gorge avant de rompre ce silence.
Donc...tu n'as toujours pas peur de mon contact?
Je regarde devant moi, essayant de m'empêcher de sourire.
T'es le seul dont je n'ai pas peur.
J'imagine Finn sourire.
Cool.

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