Touché

Chapitre 23

...

3 heures.

3 heures que j'attends dans cette salle d'attente. Les lumières et les longs couloirs de l'hôpital m'horrifient.
J'ai l'impression d'être morte quand je m'y promène.

Mon père est à côté de moi. Il s'inquiète pour moi. Il devrait cependant plus s'inquiéter pour Finn.

Charles dort sur une chaise. Après avoir hurlé un peu sur toutes les infirmières de l'hôpital pour qu'on puisse mettre Finn dans une chambre d'hôpital en cas d'urgence, il s'est finalement endormi.

— Je vais aux toilettes...

Je me lève. Mon père me regarde puis me sourit.

Je sors de la salle d'attente et me dirige dans les couloirs sombres. J'observe chaque porte jusqu'à trouver celle des toilettes.
En rentrant dans celles ci, je reste face au miroir au-dessus du lavabo. Je regarde mon visage.
Je suis pâle. J'ai l'impression que les couleurs de l'hôpital ont déteint sur moi.
Je replace mes cheveux bouclés derrière mes oreilles.
Mes yeux sont rouges et me piquent.

Je porte le sweat-shirt de mon père. J'étais partie pour aller à l'hôpital en pyjama.

J'entends le bruit d'une chasse d'eau. Je me retourne vers les toilettes. Une vielle femme en sort.

— Bonjour.
La femme s'approche de moi et se lave les mains au lavabo. Je la regarde et me force à sourire.

— Bonjour.
Elle me regarde dans le miroir puis se tourne vers moi.

— Vous êtes pâle. Est ce que vous allez bien?
Je me regarde à nouveau dans le miroir.

— J'aimerai vous dire que oui...
La femme me regarde avec pitié.

— Perdre quelqu'un n'est pas toujours facile. Mais vous allez vous en remettre.

Je fronce les sourcils et me frotte le front.
— Je ne l'ai pas...encore perdu. Il va s'en sortir de toute façon.
— Un membre de votre famille? Me demande la dame.
— Un ami.

La femme sourit. Elle se recoiffe dans le miroir.
— Un ami, répète t'elle. Ou un amant?
Je souris. La femme rigole puis se tourne vers moi.
— Quel âge avez vous?
— Seize ans.

Elle me regarde, les yeux pétillants.
— Un amour de jeunesse.
J'espère qu'il ne s'agit pas que d'un simple amour de jeunesse.
Je souris à la dame. Celle ci me regarde avec compassion.

— Si dieu approuve votre relation, il fera tout son possible pour que votre ami s'en sorte. J'en suis sure. Dieu est bon.

La femme me montre son collier. Il s'agit d'une Croix. Je ne suis pas croyante mais j'espère tout de même qu'elle a raison.

— Merci.
— Ne me remerciez pas. Remerciez le.

Elle montre le plafond, évoquant j'imagine le ciel et dieu. Elle quitte ensuite les toilettes. Je me tourne à nouveau vers mon reflet.

Il peut s'en sortir.

...

Dans la salle d'attente, tout le monde dort.

Sauf mon père et moi.
— Il va s'en sortir...
Mon père me regarde. Je lui souris puis regarde devant moi.
— J'espère.

Il y a un long silence. Mon père regarde ses pieds puis souffle.
— Bella. Je suis vraiment désolé. Je n'aurais pas du dire ça. Et, en tant que père, tu n'aurais pas du me voir bourré. Tout est de ma faute. Je me sens vraiment mal pour toi.