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Rome, Italie
Galerie Nationale

Harry cherchait sans trouver et il détestait cela. Lorsqu'il était venu pour l'événement que présentait Gucci, marque dont il était l'égérie depuis bientôt deux ans, pour montrer sa nouvelle collection de vêtements, il avait déjà parcouru tous les antiquaires de la ville.

Le jeune chanteur de vingt-cinq ans avait acquis un bel appartement dans Paris. Tout en ce lieu qu'il a fait rénover lui plaisait, seul un détail le chagriner. Il n'y avait pas de tableaux, et Harry aimait la peinture. Chacune de ses maisons à travers le monde possédait un tableau à valeur variable. Bien que le prix n'était pas un problème ; Harry avait de l'argent, mais ce tableau ou cette œuvre devait toujours avoir une valeur émotionnelle pour lui, et actuellement rien ne lui faisait envie.

Alors, pour se changer les idées, le bouclé était allé dans la Galerie Nationale observant attentivement chaque sculpture, chaque tableau afin d'en être inspiré. Peut-être qu'une de ses oeuvres influencera son prochain choix. 

Un prospectus avec un plan du musée dans sa main gauche, sa chemise beaucoup trop ouverte qui lui colle tout de même à la peau, Harry s'arrête devant une sculpture en pierre blanche représentant Jupiter sur son trône. Le chanteur admire le principal dieu de la culture romaine antique. Il ne connait pas beaucoup les mythes mais a le souvenir d'un homme à femmes. Un peu le même statut que les médias lui donnent. Il lâche un soupir peiné et s'éloigne vers un tableau représentant la belle Vénus. 

La nocturne n'a pas air d'avoir pris de l'ampleur. Harry est d'ailleurs actuellement seul dans le musée, du moins seul avec Lana et Élios qui franchissent le pas de la salle. Bien qu'ils portent tous deux des chaussures en toile légères, le bruit de leurs pas fait craquer le sol du musée et Harry les entend. Il marmonne dans sa barbe, regrettant de ne pas être seul plus longtemps et espérant ne pas être reconnu.

La célébrité a ses avantages mais également ses inconvénients. Actuellement, c'est un inconvénient pour lui. Il aimerait être seul. Il aimerait comme tout le monde, pouvoir profiter de vacances, sans être dérangé car il est Harry Styles, célèbre chanteur. D'ailleurs, il a tout fait pour cela car il a pris ce moment à Rome en décalé. Alors que les gens recommencent à travailler début septembre, il a posé ses vacances. Il n'est arrivé que le jour-même mais n'a pas encore décidé de date pour partir, ni quelle sera sa prochaine destination. Il continue d'observer le tableau face à lui, ses mains dans son dos et ne souhaitant pas se retourner de peur d'être repéré. Oui, ce soir, il n'a vraiment pas envie d'être dérangé.

Bien qu'il n'y connaisse pas grand chose en art, les musées apaisent Harry. Il trouve qu'ils ont un côté mystérieux et apaisant par leur sérénité. Il essaie d'aller plusieurs fois dans des musées mais souvent, il finit par être vu par des fans qui postent ensuite leurs photos sur les réseaux sociaux et non, ce soir Harry n'a pas besoin de ça. En plus, il s'est disputé avec une des ses ex petite amie qui n'a cessé de lui envoyer des messages si bien qu'il a fini par carrément éteindre son portable. Vraiment, ce soir Harry ne veut pas être dérangé.

Les deux visiteurs ne semblent pas s'être aperçus de sa présence. Ils discutent entre eux dans une langue que, de sa place, Harry ne peut discerner. Tout ce qu'il sait, c'est que ce n'est pas de l'anglais. Ils chuchotent comme si pour eux aussi le côté mystérieux et sacré du musée la nuit avait son importance. Harry sourit.

Puis il entend un rire. Un rire cristallin qui lui fait agrandir, sans vraiment savoir comment ni pourquoi, son sourire. Puis il risque un coup d'œil vers les deux inconnus et il voit un ange échoué au milieu de ces statues antiques. Un instant, il se demande même si ce n'est pas une statue de Vénus qui a pris vie, un peu comme dans le film La Nuit Au Musée. Il se pince discrètement pour être sûr de ne pas rêver mais son sourire se transforme en une grimace de douleur. La jeune femme est donc bien réelle.

Il n'arrive pas à rencontrer son regard. Il voit seulement les traits de son visage, ses lèvres rosées, ses joues rougies, son teint hâlé, ses beaux cheveux soyeux. Et il entend son rire. Et cela réchauffe son cœur et fait battre son myocarde si fort dans sa cage thoracique. Il soupire.

Face à la peinture, il tente de reprendre ses esprits. Il s'était pourtant dit qu'il arrêterait ce genre d'histoires. Il n'est pas fait pour tomber amoureux, pas tant que sa carrière de chanteur prendra tant de temps dans sa vie. C'est à cause de cela qu'il a rompu avec beaucoup de ses anciennes petites amies. Puis au fond, il savait qu'ils n'étaient pas compatibles. Mais Harry a si peur d'un bouleversement dans sa routine, si peur que les gens ne l'aiment seulement que pour son argent qu'il n'ose aller voir plus loin que d'autres personnes ayant, eux aussi, de l'argent. Il se mord la lèvre en fixant ses doigts. Involontairement, il serre les poings et la douleur produite par ses ongles dans la chair de sa paume lui fait du bien. Il observe à présent une statue de Daphnée se transformant en laurier dans les bras d'Apollon.

Au loin, derrière lui, il entend des pas s'éloigner. Il ne peut s'empêcher de tourner la tête, espérant que ce ne soit pas ceux de la jeune femme. Mais non, elle est toujours là. C'est Élios qui a simplement quitter la pièce. Lana caresse du doigts les statues, souriant à elle-même. Puis les doigts de la brune s'égare sur les cheveux bouclés de Cupidon. Harry sursaute. Son imagination a pris le dessus et il imagine les doigts fins passer entre ses boucles. Il réprime un frisson. Les doigts continuent leur découverte. Psyché paraît aussi belle que Lana aux yeux de Harry. Elle couve du regard le couple figé.

« I think you mustn't touch the statues ». (Je pense que vous ne devez pas toucher les statues)

Ses propres mots sont sortis tout seuls. Il voit Lana retirer rapidement ses doigts de ce qu'il suppose être du marbre. Elle se tourne effrayée puis se fige en rencontrant les yeux verts du chanteur. Le cœur de ce dernier loupe un battement en rencontrant les yeux, d'un brun si clair qu'il semble doré, de la jeune femme face à lui.

Un ange échoué dans ce musée.

Harry ne croit pas forcément au destin, pourtant que cela peut-il être d'autre ? Ainsi mise sur son chemin, face à la plus belle des mortelles, observant un couple divinement assorti après la mort, Harry sourit sincèrement à Lana et une fossette se creuse sur sa joue. Finalement, le destin fait bien les choses.

Tu Sei Il Mio Gioiellino - HS -  [short story] - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant