IX -

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Rome, Italie
Parc de la Villa Borghèse

Ils marchent l'un à côté de l'autre. Tantôt leurs mains se frôlent et, toujours, ils s'excusent, parfois en français, parfois en anglais et ils rougissent en détournant les yeux. Il est dans les alentours de vingt-deux heures. Le soleil se couche doucement, créant une boule de feu rougeoyante qui éclaire leurs pas. Un petit vent frais les surprend parfois et ils s'interrogent sur si la cause des frissons sur leurs corps est dû au vent ou bien à la présence de l'autre.

La robe de Lana flotte autour d'elle. Ses cheveux emmêlés par l'eau de la fontaine, elle adresse régulièrement et timidement des sourires à Harry dont le cœur s'accélère à la vue des yeux dorés de la brune. Ils ne sont plus que tous les deux, Élios et Jorge les ont quittés après le dîner en s'excusant et ils se sont retrouvés dans ce joli parc. Il était sur la liste des endroits que Lana voulait absolument visiter. Alors, Harry et elle ont décidé de s'y rendre.

Ils sont actuellement sur un banc du parc et Lana pianote sur son téléphone pour savoir si la fontaine de Trevi se situe loin de ce dernier.

« Apparemment, c'est à moins d'une vingtaine de minutes à pieds », explique-t-elle en regardant son smartphone.

Harry l'observe. Il suit attentivement la façon dont ses sourcils se froncent quand elle réfléchit, la façon dont elle gonfle inconsciemment les joues en patientant, la façon dont ses pommettes rosissent lorsqu'elle s'adresse à lui. Il observe la façon dont les rayons du soleil couchant jouent dans ses cheveux, les rendant presque roux par endroit. Il admire la façon dont elle a perché ses lunettes de soleil sur son front, la façon dont ses yeux paraissent plus doré que marron avec la lumière. Il regarde comment son appareil photo pend le long de son cou, comme un prolongement d'elle-même. Elle relève les yeux vers lui et lui sourit. Alors, pour la millième fois de la soirée, il fait pareil. Puis soudainement, les yeux de la brune s'écarquillent de surprise.

« Ne bougez surtout pas. »

Le corps entier du jeune chanteur se fige. Il se demande ce qui se trouve derrière lui, il hésite à tourner la tête. Les battements de son cœur accélèrent mais pour une raison différente de celles précédentes. Il tente tout de même un regard par dessus son épaule pour n'apercevoir rien.. absolument rien dans son dos. Rien hormis le soleil qui se couche.

« Harry. »

La voix de la jeune femme le surprend et il se retourne pour la voir, son appareil photo devant son visage. Il rougit, bégaie un peu.

« Just smile Harry. » (Juste souris Harry)

Alors, il s'exécute. Cet accent français et cette douce voix pourraient le perdre totalement tant il fait tout ce que Lana lui dit sans broncher. Il sourit un peu plus et cela fait s'aggrandir celui de la jeune française qui lâche régulièrement des « magnifique » en appuyant sur le déclencheur.

Les photos sont sublimes. Harry paraît rayonner dans le soleil couchant. Les rayons créent autour de son visage une auréole. Ce n'est que le temps de quelques minutes mais Lana s'empresse de capturer ces moments. Impatiemment.

« Tu ne veux pas venir ? Une photo toi et moi, interroge doucement Harry.

- Oh.. je.. d'accord. »

Lana se déplace et se retrouve près de l'Anglais qui passe un bras autour de ses épaules. Clic, une photo. Puis il l'approche un peu plus. Clic une autre photo. Les bras de Harry finissent par être autour du cou de la brune, son dos collé contre son torse musclé, elle pose sa main sur son bras et une décharge se déverse en lui en même temps qu'une nuée de papillons dans son estomac. Nouvelle photo.

Lana peut entendre le cœur du jeune homme qui bat plus fort. Elle espère secrètement que c'est parce qu'elle est entre ses bras. Ils restent tous les deux un moment comme cela, décidant de se tourner, glissant leurs lunettes de soleil sur leur nez et observant l'astre du hour disparaître derrière la cime des arbres. Et Lana est toujours entre les bras de Harry. Harry qui profite presque entièrement de ce moment, une oreille pourtant toujours à l'affût pour savoir si aucun paparazzi n'est là. Mais aucun ne semble être dans les parages et il se détend un peu plus.

Ils ne savent pas combien de temps est passé. Ils savent seulement, l'un comme l'autre sans oser se le dire, qu'être contre l'autre fut un moment intense de joie. Ils étaient juste bien. L'un près de l'autre. Si bien. Le ciel est un étrange mélange entre la lune et le soleil lorsqu'ils décident de se diriger vers la fontaine de Trevi.

Lana s'écarte avec douceur, mais avec aussi une pointe de regret, des bras musclés du bouclé qui se sent d'ailleurs soudainement vide.

« Tu veux qu'on aille vers la fontaine ?

- Pourquoi pas. »

Ils tournent le dos au soleil et se dirigent vers une des sorties du grand parc. Tout d'abord, c'est l'un près de l'autre qu'ils marchent, ils tentent de converser un peu sur la vie de chacun. Puis, ils ne savent pas vraiment comment mais les doigts de Harry ou alors, était-ce ceux de Lana, frôlent ceux de l'autre. Nouveaux frissons qui leur parcourent les bras. Puis les doigts se cherchent discrètement, les mots dévalent leurs lèvres pour tenter d'oublier les battements de cœur qui accélèrent et les papillons qui semblent voler dans une tempête. Enfin, les doigts de l'un enlacent ceux de l'autre. Ils se tournent en même temps vers le visage de l'autre. Leurs yeux se perdent. Ils atteignent la sortie du parc. Aucun des deux ne souhaitent enlever sa main. Ils devraient non ?  Finalement non. Harry resserrent juste plus fortement ceux de Lana qui sourit. Par habitude, Harry passe son pouce sur le dos de la main de la brune qui a l'impression que ses lèvres ne pourront jamais s'étirer plus qu'en cet instant. Elle rit doucement puis elle tire le brun derrière elle et ils descendent la Via de Porta.

Ils sont simplement dans leur bulle tout le long du chemin. Les mots ricochent hors de leurs lèvres et ils rêvent de faire taire l'autre par un baiser tout en souhaitant l'écouter pour toujours. Lana raconte des anecdotes du voyage, Harry explique les raisons qui l'ont poussé à revenir. La brune lui apprend qu'elle sait peindre et Harry lui demande s'il est possible qu'elle lui fasse sa toile. Elle accepte. Alors pour la remercier, il lui raconte pleins de moments de sa vie. Des souvenirs joyeux de voyages, de tournées. Lana lui parle aussi un peu de tout, un peu de rien comme ils l'ont si souvent fait tout le long de la soirée.

Bien sûr, ils arrivent face à la fontaine mais cela n'empêche pas leur mains de rester liées et ils continuent de parler. Puis lorsque la lune a pris totalement possession du ciel, ils semblent décider que c'est le moment idéal de réaliser leur vœu comme le veut la tradition.

Tandis que Lana tient une pièce de un euro et Harry une autre, le bouclé les arrête :

« Attends, on devrait.. change nos pièces.

- Que je prenne ta pièce et toi la mienne ?

- Yes. » (Oui)

L'idée plaît à Lana qui lui tend sa pièce et qui prend la sienne. Un petit bout de l'autre dans leur vœu. Toujours en se tenant la main, ils ferment les yeux et font leurs vœux. Leurs vœux qui s'avèrent être finalement le même. Un vœu qui concerne l'autre.

Alors que la lune brille dans le ciel noir de Rome, ils lancent leurs pièces dans l'eau.

Plouf !

Tu Sei Il Mio Gioiellino - HS -  [short story] - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant