Mariée à un Démon

Chapitre 4 : Le Majordome Coincé

Deux jours passèrent avec Satan à la maison. Pour ce qu'elle en savait, il dormait la nuit sur le canapé, et ils passaient le reste du temps ensemble. Le mercredi, l'après-midi étant une journée tranquille, Lisa alla travailler à la librairie. Contre toute attente, il déclara avoir du travail de son côté, et parti pour les enfers. Purée, il partait au moment où elle bossait ! Elle aurait bien profité de ce moment seul chez ses grands-parents, mais elle devait payer ses factures.

En se rendant à la librairie, elle se rendit compte que Cerbère le chihuahua nain la suivait, truffe au vent et langue pendante. Elle s'arrêta, il s'arrêta. Elle reprit sa marche, il recommença à trottiner sur ses petites pattes. Le doute s'immisça en elle. Satan lui avait dit de la suivre !

Néanmoins, l'animal resta sur le pas de la porte, ses yeux globuleux tournés vers l'intérieur. Il la fixait, le bougre !

— Tu as l'air épuisé, remarqua Maxime, le fils du patron.

— Mmh ? Ouais. Mais tout va bien.

Elle ne pensa même pas à s'excuser pour son comportement de dimanche. Cette journée lui semblait s'être passée une année plus tôt, tant ces trois jours avec Satan l'avaient épuisée. Pourtant, il n'était pas méchant. Il avait certes les mains baladeuses, mais il n'était pas dangereux en soi. Songeuse, elle se dit qu'elle devrait un peu relire ses mangas, histoire de prévoir les prochains coups du démon. Qu'allait-il encore faire comme bêtise ?

Chose surprenante, elle vit beaucoup de gens de son lycée ce jour-là, à la librairie. C'était une blague ou quoi ? Les trois quarts n'avaient jamais ouvert un livre de leur vie, et ils se découvraient tous une passion le mercredi après-midi !?

Ou alors ils venaient voir Lisa la grosse, la fille moche qui avait une bombe pour... petit ami, officiellement ?

— Vous n'êtes pas laide. D'après mon maitre, vous êtes la femme la plus belle qu'il ait jamais vue.

Elle avait parlé à voix haute ? Confuse, elle s'excusa auprès de son client... Pour constater qu'il n'avait pas l'intention d'acheter quoi que ce soit. En vérité, les mains dans le dos, il parut l'étudier de la tête aux pieds.

— Ma Reine faisant la caissière... On aura tout vu.

Heu... C'était qui, lui ? Avec son air vaguement dégouté, son dos très droit et ses yeux bleus dardés sur elle, il semblait la connaitre. Mais lui, qui était-il ? Elle se serait souvenue d'un homme jeune aux cheveux blancs.

— Je suis le majordome du Roi, fit-il en bombant le torse. Et à présent, je suis le vôtre.

Un majordome ? C'était une blague ? Elle n'avait pas besoin d'un larbin !

— Le larbin fait le ménage chez vous depuis trois jours, la contra-t-il en plissant les paupières. Et vous croyez que c'est qui qui cuisine les repas que mon maitre vous apporte ?

— Maxime ? appela-t-elle en se tournant vers le fils du patron. Tu me remplaces s'il te plait ? Je n'en ai pas pour longtemps.

Enjoignant à ce démon de la suivre, elle disparut dans la petite salle de pause de la librairie. De taille plus normale que Satan, l'homme lui fit un sourire froid.

— Vous voulez discuter avec moi, ma Reine ?

— Pas vous ? Je vous signale que c'est vous qui êtes venu ici.

Il pinça les lèvres.

— Vous avez de l'esprit.

— Je sais simplement réfléchir. Qu'est-ce que vous me voulez ?

— La sœur du Roi voudrait vous rencontrer.

— Ah. Quand ?

— Maintenant.