Mariée à un Démon

Chapitre 6 : Compliment de Tombeur

Comme de bien entendu, Satan décida que puisqu'elle était insensible à son charme, il n'avait aucune raison de faire d'effort vestimentaire. Enfin, presque. Rwine avait manqué faire une crise d'angoisse en le voyant débarquer nu comme au premier jour dans la salle à manger, le soir même. Ayant à peine eu le temps de voir son torse nu, Lisa était déjà écarlate lorsque le majordome noua une serviette autour des hanches de son maitre, qui éclata d'un rire viril. Il se moquait bien de gêner tout le monde avec sa nudité.

Et Lisa regretta un instant de ne pas avoir enfin eu le cœur net sur la taille de ses attributs.

Non pas que cela l'intéressait, attention !

Mais elle avait peur que ce soit plus une arme contondante qu'autre chose, comme dans le livre de Lilith. J'aurais dû lui poser des questions, songea-t-elle, avant de rougir du tour pris par ses pensées.

— Ma femme, tu sembles préoccupée.

— Arrête de m'appeler ainsi.

— Tu es ma femme. Où est le problème ?

— J'ai l'impression d'être un objet quand tu le dis ainsi, maugréa-t-elle en se servant un gros bol de riz. Et puis, je peux savoir pourquoi je me retrouve avec deux démons et un chien nain chez moi !? Il y a une semaine j'étais tranquille ! Pourquoi il y a autant de monde, hein ?

Les deux démons en question la regardèrent.

— Ma présence vous incommode, ma Reine ? fit Rwine, prés à se lever pour partir.

— Non, pas toi ! Franchement, tu fais le ménage, tu es aimable, tu fais le repas et en plus tu le fais gratuitement !

— Je le paie pour ça, rétorqua Satan en fronçant les sourcils.

Elle le considéra avec surprise, puis regarda Rwine, qui hocha la tête. Mince, elle n'y avait pas pensé. Que s'imaginait-elle donc sur la société démoniaque, au juste ?

— Je suis l'employé dévoué de mon Roi. C'est lui qui m'a demandé de m'occuper de votre domicile, car, selon lui, sa présence avait mis un bordel sans nom.

Ça, c'était le point qu'on puisse dire.

— De plus, je suis grassement rémunéré, ajouta le majordome avec une pointe de fierté. Le Roi sait récompenser ses fidèles sujets.

— Tant que ça ? s'étonna-t-elle. Chez nous, ce type de fonction n'est pas... Heu... Sans t'offenser, Rwine, ce n'est pas... Gratifiant.

Interloqué, il l'avisa. Gênée, Lisa lui expliqua de quoi il en retournait. Si certains aimaient leur poste, on ne pouvait pas dire qu'à l'époque actuelle ce soit réellement un métier prisé. Offusqué, il manqua s'étouffer avec une cuillère de riz. Satan décida d'intervenir.

— Nous avons une vision différente des choses, Lisa, fit-il d'une voix douce. Notre société est différente de la vôtre.

Un sourcil haussé, elle avisa cet homme qui, soudain, avait une diction très claire, une voix forte et un air royal en dépit de sa simple serviette à sa taille. Et l'assiette à fleurs roses de grand-mère posée devant lui.

— Je ne connais rien de votre société, avoua-t-elle. Tu ne m'en as jamais parlé.

— Tu ne m'as rien demandé, contra-t-il. Je souhaitais te laisser le temps de t'habituer au fait que les démons existent. Vu ce que l'histoire humaine dit de nous, mieux valait attendre.

Mmh, il n'avait pas tort. Pourtant, elle réalisa que ce n'était pas nécessairement la nature démoniaque de Satan qui la dérangeait. C'était surtout le fait de se retrouver, du jour au lendemain, mariée et avec un individu inconnu sous son toit. Qui ramenait son majordome et son chien, en plus. Aussi nain fut-il.