Les Oeufs du Destin

Chapitre 14 : Dragons & prêtres

Alric déposa délicatement Eloïse sur le sol rocheux et Cassiopée fouilla frénétiquement dans un des sacs à dos pour sortir une lampe torche et des bandages. Samuel s'agenouilla et déposa la tête de sa fille sur ses genoux, lui caressant doucement les cheveux et lui murmurant des paroles d'encouragement pendant qu'Alric découpait son vêtement ensanglanté avec son poignard pour dégager la blessure. La jeune fille était extrêmement pâle et froide. Sa respiration était difficile, hachée et son pouls trop faible. Elle ouvrit légèrement les yeux lorsque Cassiopée pressa fortement une compresse sur sa blessure dans l'espoir d'endiguer l'hémorragie.

- « Dis à maman que je l'aime, murmura-t-elle à son père penché sur elle. Et à la Khaghän que... » Les mots se perdirent dans son dernier souffle.

- « Eloïse... gémit Alric en lui prenant la main, reste avec nous... il faut que je te dise quelque chose... » Une larme coula le long de sa joue.

Samuel lui caressait toujours les cheveux d'un air absent et Nero se percha sur son épaule et lui donna des petits coups de tête réconfortants.

- « Elle ne t'entend plus, Alric, mais elle savait que tu l'aimais, crois-moi... » Le consola gentiment Cassiopée en lui passant les bras autour du cou.

- « Non ! Ce n'est pas possible ! il doit y avoir quelque chose à faire pour la sauver ! Un massage cardiaque, je ne sais pas ! » S'emporta-t-il, désespéré.

- « Il est trop tard, Alric, c'est fini... Elle a perdu trop de sang trop vite et nous n'avions rien pour la soigner... » Incapable de continuer, Samuel secoua la tête doucement et tourna le regard pour cacher ses larmes.

Il serra sa fille contre lui et la berça en pleurant et en lui murmurant des mots que les autres ne comprirent pas. Alric, roulé en boule, sanglotait sans bruit en répétant en boucle le prénom d'Eloïse pendant que Cassiopée, dévastée et assise tout contre lui, un bras autour de ses épaules tentait de le réconforter, assistée de Kripec qui ronronnait contre ses genoux.

- « Pourquoi a-t-elle parlé de la Khaghän ? » demanda enfin l'un des prêtres.

- « C'est sa grand-mère » Répondit Samuel d'une voix éteinte.

Les deux prêtres échangèrent un regard entendu.

- « Elle ne peut pas mourir. Affirma calmement le plus âgé. Sans elle, tout est perdu ! »

- « Que voulez-vous dire ? » Demanda Cass en reniflant.

- « Seul du sang de Khaghän peut faire éclore les œufs. »

- « Quels œufs ? » S'enquit-elle sèchement.

- « Les œufs de dragon, évidemment. Répliqua l'un des prêtres en haussant un sourcil étonné. Vous êtes bien revenus pour ça, non ? »

- « Euh, non... hésita Cass, nous sommes venus pour sauver Samuel, le père d'Eloïse. Nous ne savions même pas qu'il restait des Shaïtans prisonniers et les prêtres étaient censés être à l'abri dans leur temple ! »

- « Nous l'étions. Jusqu'à ce que les derniers Shaïtans se réfugient sur la Terre... A ce moment-là, nous avons été attaqués par les Rhaïms et faits prisonniers malgré la défense acharnée du Baçkän et de ses hommes qui auraient dus être les derniers à partir. Seul le plus jeune d'entre nous est parti se cacher dans les entrailles de la Montagne, au cœur du Labyrinthe des Dragons, afin de protéger les trois œufs qui contiennent les incarnations des dieux de Gerle Ad. Mais aujourd'hui les Rhaïms sont devenus trop forts et faire éclore les œufs est notre dernier recours pour préserver notre monde de leur tyrannie et de leur Dieu de l'Ombre. C'est le seul moyen de permettre un jour aux Shaïtans de revenir chez eux et d'éviter une invasion de la Terre des Humains... »

Les deux prêtres échangèrent un long regard et arrivèrent visiblement à la même conclusion à la suite de cet échange muet puisqu'ils hochèrent la tête et poussèrent simultanément un léger soupir.

- « Nous allons devoir redonner la vie à cette jeune fille... »

La suite à la rentrée, en septembre...