Chapitre 3 : Amour & vieilles légendes

15 4 0
                                    

- « Oui, justement ! C'est bien pour ça qu'il faut qu'on prenne les adultes de vitesse. C'est à nous de faire nos preuves, maintenant ! S'échauffa Eloïse en frappant son poing sur la table. Y'en a marre de rester à l'écart, et en plus, c'est de MON père qu'il s'agit ! »

- « Je suis à fond derrière toi Elo ! Je tiens tous particulièrement à sauver mon futur beau-père des mains de méchants, histoire d'établir de saines relations père-fils avec lui ! S'emballa Alric. »

- « Oh Là là, t'excite pas ! Il est pas question que tu viennes avec nous : on tient à rester discrètes et à préserver nos chances de réussite. »

Alric lança à Eloïse un regard outré.

- « Vous avez besoin d'un homme avec vous ! Un beau mec, en plus, ça peut toujours servir. »

- « Un Homme ? Un insupportable boulet, tu veux dire ! On t'a trouvé un rôle beaucoup plus utile : tu vas nous couvrir auprès de nos parents... »

- « No way... Je ne comprends pas pourquoi vous refusez de me faire confiance, grommela-t-il, horriblement vexé. Et vous oubliez quelque chose d'important : on n'a toujours pas prouvé que ma théorie était juste. Tant qu'on ne sait pas quoi faire, personne n'ira nulle part parce que ça ne servirait à rien. Sans vouloir t'offenser, Eloïse, aller récupérer ton père ne doit pas être notre seul but. »

- « Alric marque un point, là. Souligna Cassiopée à contrecœur. Il faut qu'on se décide à faire des recherches sérieuses dans la bibliothèque de ta grand-mère. »

             Après plusieurs heures de recherches infructueuses dans des livres poussiéreux, les filles commençaient à se décourager et à discuter d'un plan B. Alric interrompit leur conciliabule en poussant un grand cri de triomphe : dans un antique recueil de contes shaïtans qu'il venait de se faire accidentellement tomber sur le pied, des indices troublants l'avaient poussé à poursuivre sa lecture. C'est très excité qu'il leur expliqua que le vieux récit racontait une histoire d'amour entre un Shaïtan et une Humaine des Premiers Temps qu'il avait emmené avec lui dans l'Outremonde pour qu'elle ne vieillisse jamais. Il faisait allusion au fait que la présence de Shaïtans de part et d'autre du Portail permettait de le laisser ouvert et de circuler d'un monde à l'autre.

- Vous voyez que j'avais raison ! Triompha Alric. Ce qui permettait de laisser le Portail ouvert est également ce qui l'empêche de se fermer. C'est qui le plus malin ? Ajouta-t-il en se lançant dans une petite danse de la victoire aussi maladroite qu'enthousiaste. »

- « Rhô là là ! Arrête de nous baratiner ! Qui a failli se casser un pied en se jetant des livres dessus ? Le tacla Cassiopée en levant les yeux au ciel. »

- « Mais vous ne comprenez donc rien, pauvres mortelles ? Il avait ENVIE de se faire trouver ! C'est le Destin qui s'exprime à travers moi ! Regardez, il y a aussi une histoire super intéressantes sur des dragons liés aux éléments et qui... »

- « On s'en fiche, de tes dragons ! On n'est pas là pour lire des histoires pour bébés Shaïtans ! On ne va pas ouvrir une crèche mais monter une expédition de sauvetage secrète, l'interrompit Eloïse avec impatience. »

- « Pfff... Vous êtes tellement terre à terre ! La culture c'est toujours utile... Et une carte de Gerle Ad, ça ne vous intéresse pas non plus ? »

- « Si ! Donne ! Cassiopée la lui arracha des mains. Ça au moins, c'est utile. »

- « Ne reste plus qu'à préparer nos équipements et des provisions, et nous sommes prêtes ! »

- « Et un plan, peut-être, non ? Suggéra Alric. »

- « Un Plan ? Pourquoi faire ? On verra bien sur place... »

- « Non Elo, je suis d'accord avec Alric sur ce coup-là : on ne peut pas se contenter de partir au hasard comme ça. La tempéra Cassiopée. Sinon on va se faire massacrer dans les cinq premières minutes, ou on reviendra bredouilles dans le meilleur des cas. »

- « Ffff... Heureusement que je serai là pour établir la stratégie, intervint Alric. »

- « Je te rappelle que tu ne viens pas ! »

- « C'est ce qu'on verra... »

Alric jeta à Eloïse un regard à la fois contrarié et têtu, les yeux plissés, puis devant son air inflexible quitta la pièce en claquant la porte.

Les Oeufs du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant