part 2

2K 55 4
                                    

Chapitre 7

***Elle***

Pas dans le bureau, pas dans le bureau… J’oblige mon cerveau à me le répéter encore et encore parce que si j’arrête de me l’interdire, je ne pourrai pas maitriser ce qui va se passer ici. Je m’accroche à ma colère. Je m’accroche aux semaines qui ont suivies notre nuit. Je m’accroche à la déception que j’ai ressentie chaque fois que mon téléphone sonnait et que j’espérais au plus profond de mon cœur que ce serait lui. Il n’a jamais rappelé.

Et c’est dans ces moments que je comprends qu’être une femme forte et indépendante, ne veut pas dire qu’on est intouchable, insensible… On a beau diriger des centaines de personnes, gagner un salaire astronomique, ne dépendre de personne, ne pas recevoir un coup de fil attendu nous fait aussi mal qu’à l’adolescente de 15 ans.

Les hommes s’y trompent si facilement…

Et Angie et Leila qui ne font que me demander si j’ai de ses nouvelles. A chaque foi, il faut répondre pleine d’embarras : non, je suis passée à autre chose et espérer qu’elles ne me prennent pas en pitié.

Le revoir c’est rallumer la flamme que je pensais enfin éteinte après tous mes efforts pour m’abrutir de travail et ne penser qu’aux enfants. Une douce chaleur se répand en moi à mesure que son regard se fait plus dur et ses intentions moins honorables. Je préfère couper les devants.

- J’ai un rendez-vous Adrien. Je n’ai pas le temps… dis-je d’une voix détachée.

Je vois ses mâchoires se crisper de colère retenue.

- Ton rendez-vous c’est avec moi. Tranche –t-il sans me quitter des yeux un seul instant.

Sa voix vibre jusque dans la dernière cellule de mon corps et ravive tous les souvenirs enfuis. Je jure qu’en ce moment rien qu’avec cette voix, basse et lourde de sensualité, il pourrait me faire décoller sans même me toucher. Je nous revois, imbriqué l’un dans l’autre, moi toute gémissante et lui peu enclin à y aller doucement.

Je me retourne vers mon bureau pour ranger les dernières feuilles qui trainent et ainsi me donner le temps de reprendre mes esprits. Pourtant j’ai bien lu « clinique ADAN » sur le contrat de partenariat mais je ne sais pas comment j’ai fait pour zapper une telle information. Que se passe-t-il ? … Je ne me comprends plus. Je prends une grande inspiration et me retourne de nouveau vers lui.

C’est la première fois que je le vois aussi bien habillé. Il porte une chemise bleue marine ainsi qu’un gilet de même couleur, une cravate à motif complète l’ensemble sobre mais élégant. Pour une fois, ses tatouages ne sont pas exposés à la vue de tous. J’apprécie l’effort qu’il a fait pour se présenter à un rendez-vous d’affaire. J’ai toujours aimé les hommes élégants, Gaspard et Denis l’étaient tous les deux, je ne les ai quasiment jamais vu en baskets. Mais Adrien et son look casual chic, j’avoue que ça mérite le détour. Une impression de puissance se dégage de sa carrure athlétique. Il n’a pas à faire beaucoup d’effort pour imposer sa présence dans mon bureau.

A force de le voir toujours décontracté, j’oublie qu’il est avant tout un médecin, un chef d’entreprise. Une clinique c’est une entreprise, avec des charges et des responsabilités à assumer.

Une collaboration entre la fondation et sa clinque serait cauchemardesque pour moi. Je n’ai plus envie de le revoir surtout maintenant que je sais l’effet qu’il me fait à chacune de nos rencontres. Je pensais que c’était le genre de chose que j’avais déjà ressenti avec mon mari (quand je l’aimais) et que je ne vivrais plus jamais. Et j’avais raison de le penser, je ne revivrais plus jamais ce que j’ai ressenti pour Gaspard. Parce que ce que je ressens quand Adrien est là, est nouveau, incontrôlable et malheureusement inexplicable pour une femme mère de trois enfants et qui en a vu d’autres dans sa vie. Que je sois heureuse de le voir ou en colère contre lui, c’est la même chose ; la même attraction animale à chaque seconde.

Je t'ai dans la peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant