Chapitre 31
***Samantha***
A ce moment précis, je suis la seule personne dans la salle qui sait ce qui va arriver dans les toutes prochaines minutes. Et ce sentiment de contrôler la situation alors que les autres protagonistes n'en ont aucune idée, me donne une sensation de pouvoir grisante, je l'admets volontiers.
Un spot s'allume et parcourt la salle en éclairant de manière furtive des visages inconnus. J'aime bien sa robe en pagne africain. Je n'aurais pas choisi la même mais il faut avouer que cela lui va parfaitement.
Contrairement à la Fondatrice que j'ai rarement rencontrée, Elle est de nature moins discrète. On sent tout de suite que c'est une femme de terrain, à l'aise dans toutes les situations. Ca a été très difficile pour moi de terminer son mandat. Personne ne voulait de moi à la Fondation, tous espérait qu'elle allait revenir le plus tôt possible.
Puis Elle reprend la parole.
- Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée de remercier une personne très chère à mon cœur et de laquelle je suis très proche... commence t-elle avant d'être interrompue par les mouvements du spot.
Le spot tourne et tourne encore sur le public puis s'éteint de nouveau pour s'allumer une silhouette au fond de la salle.
- Denis... murmure Elle dans son microphone en distinguant la personne éclairée au bout de la salle.
Monsieur Ondimba entre complètement dans la salle, un objet en main et s'avance vers la scène sous les applaudissements nourris de l'assistance. Personne ne s'attendait à le voir participer à la soirée alors que Madame Khan n'est pas là. L'année dernière, il s'était fait représenter par elle, auprès des élèves. Tout le monde sait que pour lui, donner de l'argent c'est peu de chose, mais assister personnellement à un évènement au Gabon, est très rare de sa part. Il est très discret sur le territoire national. Mais ayant appris le combat d'Elle contre la maladie et à la demande de Madame Khan, il a tenu à la soutenir à sa manière. C'est ce qui m'a été dit.
J'ai eu accès au discours d'Elle griffonné sur un bout de papier et laissé à Mamara qui devait le taper et l'imprimer de manière à ce qu'il soit plus propre et facilement lisible. C'est pourquoi je sais que l'intention d'Elle était de remercier Adrien pour tout ce qu'il a fait pour elle et bla bla bla. La suite du discours est d'un sentimentalisme tout mièvre qui m'a donné des hauts le cœur.
Je veux ma part du gâteau. Un homme comme Adrien, prototype parfait de l'homme de mes rêves, je ne peux le laisser m'échapper aussi facilement. Qu'il soit amoureux ou pas de cette femme n'entre pas en compte. C'est un homme après tout, fait de chair et de sang, et nous les femmes savons à quel point la chair de l'homme est faible. Tellement faible devant notre corps, notre désir, la tentation que nous représentons. Je ne suis pas une mauvaise femme en tant que tel. C'est juste que j'ai toujours su attraper les occasions quand elles se présentaient à moi, c'est pourquoi j'en suis là où j'en suis à présent. Ne pas avoir froid aux yeux est ma devise. Il faut savoir se battre pour obtenir ce qu'on veut dans la vie. J'estime que tant qu'Adrien n'a pas d'alliance au doigt, c'est un célibataire comme tout autre. Je n'insisterai pas autant s'il ne me plaisait pas tant. Je dansais tranquillement au bar de cette boite de nuit quand il a fait son entrée. J'ai tout de suite aimé sa manière d'être simple et discret. Ses yeux ne furetaient pas sur tous les petits derrières des serveuses et j'ai beaucoup apprécié ce fait. Puis quand je me suis assise à sa table et que j'ai pu entendre sa belle voix grave qui contrastait avec son regard doux, ça a été le déclic dans ma tête. Je me suis dis, je veux cet homme.