Myrrdin

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Évidemment, les ennuis commencèrent à peine les portes du château ducal d'Estrefol ouvertes. Sinon, ça aurait été trop simple.

Myrrdin tirait sur le col de son surcot, en proie à une immense gêne. Il tenait dans ses mains la grande épée de son Parrain, enroulée dans un pan de tissu vert et tentait de détourner l'attention de son interlocuteur.
Il recoiffa ses cheveux noirs encrassés de poussière, qu'il n'avait pas lavés depuis presque trois semaines, et finit par affronter le regard de l'homme en face de lui.

Ni plus ni moins que Glen Magrath, conseiller du Duc en personne.

Surtout un félon de l'avis de l'écuyer, mais sa voix ne portait pas assez pour qu'on le prenne au sérieux. Comme toujours, Argan avait trop confiance en ses vassaux, qu'il considérait comme des frères d'armes, au point de les laisser gérer son domaine aux côtés de son épouse.

Myrrdin avait eu peur de ce qu'il allait retrouver en rentrant à Estrefol, visiblement à juste titre. Il fallait être aveugle pour ne pas voir l'ambition dévorante de Monseigneur Glen, ainsi que sa haine farouche d'Erell Níc'Ceallaigh, pourtant l'une des seules ici à avoir la tête sur les épaules.

Il s'inquiétait d'ailleurs de ne pas l'avoir encore vue. Le Duché avait été mit entre ses mains et apercevoir le conseiller d'Argan avant elle ne présageait rien de bon.

Myrrdin resta muet. Il ne voulait rien révéler au félon qui puisse lui être bénéfique. Cependant l'homme continuait de le questionner, encore et encore, inlassablement, sur la bataille et sur Argan. Le jeune homme se refusait de lui révéler le Duc disparu, mais il ne voulait pas non plus mentir, puisqu'on le lui avait défendu lorsqu'il était devenu Écuyer.

Ç'aurait été transgresser sa parole, et fait de lui pire qu'un félon. L'honneur était une chose plus importante même que la vie, on le lui contait depuis l'enfance.

Aussi courba t-il la tête, décidant que la diplomatie et la politesse finiraient bien par venir à bout de cet entretien épuisant. Il n'était pas doué pour manier les mots, moins que Brad, mais il savait au moins s'exprimer clairement.

- Sire Glen, en tant que vassal de notre Duc, c'est à lui seul et son épouse que je dois allégeance. Autorisez moi, au nom de l'honneur, à ne vous point répondre, quémanda t-il le plus respectueusement possible.

Empêcher les paroles de sortir de sa bouche s'avérait plus difficile qu'il ne le pensait. Être honnête pouvait parfois se montrer le plus lourd des fardeaux. Il avait envie de dire à Glen tout ce qu'il pensait de lui ! Mais ç'eut été inconvenant, aussi se tut il.

- Ah, le jouvenceau veut parler comme un homme ! Tu n'es qu'un écuyer, seuls les chevalier ont l'honneur d'être dans la parenté de Seigneurs comme le nôtre, rétorqua aussi sec le félon, sans tiquer, attendant patiemment sa réponse.

Myrrdin se contenta, calmement, de renchérir, ses yeux toujours baissés en signe de soumission par rapport au rang plus élevé du conseiller. Argan aurait désapprouvé cela. Quand il serait de retour, il punirait Glen pour tout ce que le félon avait forcé les autres à endurer.

- En tant qu'écuyer, Monseigneur, je ne dois obéissance qu'à mon Parrain et sa Dame seuls. A vous en aucun cas. Je vous prie de respecter cela, je serais sinon contraint d'en faire part au Duc.

Le visage de Glen se fit plus dur. La menace n'avait pas vraiment l'air de lui plaire, et les yeux sombres de l'adolescent ne lui donnaient aucun indice quant à la véracité de ses paroles. Il levait la main pour un soufflet, jugeant qu'on ne lui en ferait pas le reproche -après tout l'écuyer lui avait manqué de respect, quand une porte s'ouvrit, le figeant.

Fearless KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant