Journal De Bord

Chapitre 3

20 janvier
Finalement, aujourd'hui a été une journée fabuleuse. Je suis allée voir notre bateau. Il s'appelle l'Indomptable. Il est blanc, avec des fines lignes bleues, aux couleurs du ciel. Sur une de ses voiles, on a inscrit nos noms, mon père et moi.
Quand je suis rentrée ,je sentais encore l'odeur des plats délicieux qu'il cuisinait. C'était comme si il était avec moi.
Je le sentais si proche, que je me suis assise sur sa banquette, celle où il s'asseyait toujours, comme ça, juste pour voir ce qu'il voyait.
Et un court instant, j'ai vu ce qu'il avait pût voir. Moi.
Et j'ai compris pourquoi c'était sa place à lui. Parce que c'était le seul endroit hormis le pont, où il pouvait me surveiller, me voir jouer quand j'étais dans ma petite chambre.
C'était sa place de père.
Louise n'aurais pas pris cette place. Ma mère n'aurais jamais la place qu'il occupait en moi, ma mère n'était pas une mère. Avachis devant la télé, c'était sa place, celle qu'elle voulait.
J'étais déçu d'avoir fait tout ce chemin pour en arriver à une conclusion qui paraissait évidente. Mais si elle pouvait me faire avancer....
Je me suis endormie sur la banquette, heureuse et prête à continuer ma route...
Vers 14h, j'ai entendu des pas au dessus de ma tête... Des gens. Peut être  la police. Je croyais pourtant que l'on ne me chercherai que se soir, quand on verrait que je n'étais pas rentrée.

Un petit garçon à dévaler les escaliers, puis il a rejoint la chambre en courant   sans m'apercevoir. Ma chambre. La réalité m'a alors heurté de plein fouet, quand j'ai vu deux parents descendre les marches en s'étreignant. Le bateau avait été vendue.
A peine eurent-ils le temps de me voir, je filais déjà vers la sortie, en les bousculant pour accéder au pont. J'étais en train de partir en courant, le pied déjà posé sur la rive, quand une main m'a saisi. La femme avait été rapide.
J'étais persuadée qu'elle allait appeller les flics, ma petite escapade était terminée.

Retour à la cas départ, ou presque.