Chapitre 4

14 4 1
                                    

20 février
Pourtant, elle n'en fit rien.
J'ai essayé vainement de me débattre, et de ma main disponible, j'ai tiré ma capuche, pour qu'elle ne me voit pas.
Et d'un geste apaisant, presque naturel, elle l'a enlevé. Bizarrement, il y avait une telle sérénité dans ce geste, que je n'ai pas cherché à remettre ma capuche. Je me suis calmée, et doucement, elle m'a fait remontée sur le bateau.
Nous sommes descendus, rejoignant son mari, qui calmait leurs fils.
Et puis , une fois que l'homme a pût endormir l'enfant, ils se sont mis à me poser tout un tas de questions. Pourquoi j'étais seul, pourquoi j'étais montée dans leurs bateaux, pourquoi personnes ne m'accompagnait. Je n'ai répondu à aucune. L'homme a peu à peu perdu patience.
Il m'a dit que si je ne répondais pas, il finirait par appeler la police. J'ai paniqué, mais je n'arrivais pas à parler. Cet homme n'était pas rassurant, et son téléphone trop proche de lui. Alors je me suis terrée, espérant qu'on finirait par m'oublier.
Voyant ma détresse, la femme l'a sermonné et elle m'a proposée de sortir pour respirer et être tranquille, entre filles. Elle a accompagné son discours d'un clin d'œil, et d'un grand sourire. Je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait, mais j'ai acquiescé.
Nous sommes sorties, et elle a repris ses questions. Mais cette fois, j'ai répondu. Elle était si gentille et bienveillante que je m'autorisais à lui faire confiance. Et petit à petit, je lui ai tout dit. Et elle a tout compris. Je pouvais revenir quand je voulais, j'étais la bienvenue sur mon bateau, comme elle disait.
Elle, elle m'a raconté sa vie. Beaucoup moins chamboulée que la mienne, m'a t'elle confiée. Son fils, Enzo, était issus d'un premier mariage, pas très heureux. Puis, elle avait rencontré Mathieu, l'homme de ses rêves. Et un jour, un burn-out. Tout simplement impossible d'aller travailler, de croisé des gens au supermarché. Son mari l'a convaincu qu'il fallait qu'elle retrouve l'envie de vivre. Elle ne sortait plus, ne voyait plus personne. Elle n'allait plus aux rendez vous médicaux, elle refusait les sorties. Et un jour, elle avait trouvé ce bateau. Et elle avait su qu'il l'aiderait. Moi aussi, je le savais. Mon bateau fait du bien aux gens. Il est remplie d'amour, et de joie.
Je suis partie tard se soir là. Elle m'a invitée à dîner, mais je suis partie après cette longue discussion, en promettant de revenir. Je ne pouvais pas rester, cet endroit devait malheureusement être le premier où on me chercherait. J'ai trouvé un bus, qui partait loin. Je l'ai pris et j'ai dormis dedans. Je sentais dans mon ventre la même excitation, la même joie que je ressentais quand on naviguait. La joie de partir en voyage

Journal De BordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant