Guillaume resta une dizaine de minute devant la porte ne sachant pas comment se comporter. Derrière celle-ci se trouvait sa professeur de danse, Christine. Aurélien était à l'intérieur et attendait silencieusement en regardant dans tous les sens.
Christine était le genre de personne complexe. On savait très peu de choses sur elle dans sa vie privée. Elle était autrefois une grande danseuse et n'avait pas perdu sa souplesse. En effet, Guillaume fut tout de suite étonnée, qu'elle puisse se plier en quatres dans des figures de danses alors que quelques secondes plus tôt, elle se plaignait d'un mal de dos.
En parlant de mal de dos, Guillaume souffrait encore de la cheville mais ce n'était pas le moment d'être sensible. Il devait montrer à sa prof ce qu'il avait fait comme effort et reproduire parfaitement sa chorégraphie pour rectifier d'éventuelles erreurs. Il baissa la tête laissant ses cheveux bruns mi-long tomber devant son visage et souffla bruyamment pour évacuer le stresse. C'était un mauvais moment à passer, tout allait bien se passer.
Il leva la tête et ouvrit la porte avant de s'engouffrer d'un pas déterminé vers sa professeur pour la saluer. Celle-ci l'accueillit avec un visage à la fois dure et chaleureux. Cette femme ne rigole pas, pensa Aurélien.
« Bonjour Guillaume, j'espère que ce que tu vas me montrer est à la hauteur de mes espérances. Je ne veux aucune faute. Dit-elle de sa voix autoritaire et abîmée par le temps.
— Je ne vous déceverai pas Madame. »
Il se retourna vers Aurélien pour lui faire un signe de tête. Le plus jeune compris qu'il ne fallait pas rigoler avec elle. Lui d'habitude qui s'amusait à changer le rythme de la musique pour que Guillaume se goure ou qui jouait une mélodie pour totalement dérivé la musique de pirate des Caraïbes, il n'allait rien tenté de tout ça aujourd'hui. Raide comme un piquet sur son tabouret, il avait légèrement les mains qui tremblaient. Guillaume stressait peut être mais lui aussi. Le fait de jouer devant une autre personne que Guillaume ou Claude le rendait nerveux. Mais ce n'était pas un récital, il ne fallait pas s'inquiéter. Il fallait juste respecter parfaitement chaque indication de la partition. Il prit sa respiration et attendit fébrilement que Guillaume se mette en place pour commencer le morceau.
Le cœur de Guillaume et Aurélien battaient donc à l'unisson. Rien de romantique, juste du stress. La veuille femme fit un geste de main sec pour que Aurelien se mette à jouer, ce qu'il fit. Il enchaînait les notes avec justesse mais au fond de lui, il mourait de peur. Il prenait énormément sur lui pour ne pas faire une fausse note. Le danseur ne lui pardonnerai pas et il n'avait pas envie de se justifier ou encore de se faire virer. Il commençait à apprécier son travail. Cela l'aidait à jouer du piano et à voir des gens. Et puis au fond il ne détestait pas Guillaume.
En parlant du plus vieux, après s'être échauffé sous les ordres de Christine, il se mis en place pour commencer sa chorégraphie. Il avait mal à la cheville. Très mal. À chaque fois, qu'il avait le malheur de poser son poids dessus, une vive douleur intervenait. Il réalisait donc un gros travail sur soi pour garder un visage impassible.
« TON PIED À L'INTÉRIEUR GUILLAUME ! Cria la professeur en tapant dans ses mains. »
Aurelien sursauta, sa voix était menaçante presque méchante. Il ferma les yeux tout en continuant à jouer fébrilement. Cela lui rappelait sa mère, elle criait souvent à la moindre fausse note. Des mauvais souvenirs refirent surface dans l'esprit d'Aurélien, il se battait contre frappant fort les touches du piano.
Mais alors que Guillaume réalisait une pirouette, une larme de douleur s'échappa avant de descendre doucement sur sa joue et se mêler finalement aux gouttes de sueurs.
« QU'EST-CE C'EST QUE ÇA GUILLAUME ? Tu me refais cette pirouette. Maintenant. »
Une deuxième roula. Aurélien se crispa une seconde fois. Maman...
« Je préfère. Et plus vite. Plus de force sur tes chevilles. Allez allez. »
Guillaume n'arrivait pas à se contrôler. Il arrivait tout de même à gagner un visage à peut près calme. Il enchaîna une dizaine de pas, lorsqu'il s'appuya sur sa cheville pour faire un tour, son visage laissa place à la douleur. Une troisième larme mourut sur les joues de Guillaume.
« Ce que tu fais Guillaume est minable, tu n'es pas à la hauteur pour aller à l'Opéra Garnier. »
Aurélien ouvrit grand les yeux à la dernière phrase de la jeune femme. Elle n'avait pas le droit de lui dire ça, non. Guillaume se donnait corps et âme pour réussir. Il s'entraînait jour et nuit pour qu'une vieille peau lui dise qu'il est une merde. Aurélien ne pouvait pas laisser passer ça mais pourtant il se contenta de jouer sans rien dire.
Alors que Guillaume prit de l'élan pour faire une pirouette prodigieuse, Aurélien rata une touche. Pile à ce moment, Guillaume se réceptionna sur sa cheville souffrante. Un craquement se fit entendre et Guillaume poussa un cri de douleur. Il s'effondra par terre et ne bougea plus. Il voyait son dos tremblé signe qu'il essayait de retenir. Sa douleur était insoutenable. Il avait mal. Il souffrait. Il
« Qu'est-ce que tu as ? Tu es si faible, je pense-
— STOP. »
C'était le plus jeune. Aurelien appuya violemment sur le clavier de son piano avant de se lever pour avancer vers Christine.
« Vous voyez pas qu'il souffre ? Est-ce que vous savez au moins combien de temps il travaille ? Non je crois pas. Vous êtes pas là pour voir qu'il se force. Il a mal aujourd'hui et vous l'engueuler. Donc s'il vous plaît fermez votre gueule.
— Aurélien arrête. Supplia Guillaume qui était en boule par terre.
— Non Guillaume. Tu as besoin qu'on te soutienne, pas qu'on te detruise n'est-ce pas Madame. Peut être que c'est super cliché ce que je dis mais je m'en fous, j'ai peut être trop regardé de Teen Movie aujourd'hui mais je pense vraiment ce que je dis.
— Aurélien s'il te plaît...
— Guillaume il est hyper cool même si il casse les couilles avec sa rigidité. Mais il est-
— Ta gueule Aurélien. Ta gueule. Répondit Guillaume.
— J'appelle une ambulance. Répondit simplement Christine. »
Alors qu'elle appelait l'ambulance, Aurélien se dirigea vers Guillaume. Celui-ci était appuyé contre le mur à essuyer le cadavre de ses larmes. Il avait toujours l'air noble et essayait de garder un visage neutre. Il se sentait souillé, anéanti. Aurélien n'avait pas aidé du tout. Il avait envie d'éclater en sanglot mais pourtant il avait envie de le remercier. Remercie d'être là, présent pour lui. Même si c'était très humiliant et maladroit. Il se sentait maintenant vide.
Le plus jeune était parti aux toilettes pour passer de l'eau sur le visage la musique Spanish Sahara de Foals résonnait dans la petite pièce. Alors qu'il se regardait dans la miroir, il baissa le regard pour voir ses mains, elles tremblaient. Il releva le visage et vit qu'il pleurait. Il s'observa pendant quelques secondes avant d'éclater en sanglot.
« Maman... Murmura-t-il. Je te hais... »
Il se laissa glisser le long du mur et resta en boule sans bouger hanté par des vieux souvenirs bercé par le Refrain de la musique calme. Seul et vulnérable.
Brisés, fatigués et fracturés.
C'est ainsi que sont partis, Aurélien et Guillaume vers l'hôpital en silence.
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Melancholia 『Orelgringe』
FanfictionGuillaume, un prodige de la danse classique, rigide et colérique. Aurélien, un pianiste précoce et tête en l'air. Guillaume veut rentrer à l'opéra Garnier mais son pianiste le lâche à seulement quelques mois de son concours. Débarque alors Aurélien...