Le piano s'arrêta doucement jouant les dernière note. Guillaume ne bougea pas d'un poil, il n'en était pas capable. Il avait l'impression que la pièce tournait autour de lui, il avait envie de vomir. Alors que l'eau de la douche s'arrêta, il resta ainsi. Les gouttes d'eaux rissolantes sur lui, dans le silence. Guillaume serra les dents de rage. Rage d'être dans un moment de faiblesse. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ?
Ça arrivait souvent quand il était chez lui, de s'effondrer à n'importe quel moment mais jamais au conservatoire. Il était conscient qu'il avait trop travaillé, qu'il atteignait les limites de son endurance. Mais il ne pouvait pas arrêter en si bon chemin, les auditions étaient bientôt. Il ne voyait personne à part son pianiste et ne donnait plus trop de nouvelle. Il était concentré sur une seule chose : la danse.
Il continuait tout de même à se nourrir et à dormir mais son sommeil était agité. Il vivait seul dans son appartement à Paris, sa copine l'avait quitté quelques mois plus tôt mais il avait fait comme si ça ne l'atteignait pas. Son visage dure, stricte et hautain cachait un personne douteuse, perdue et surtout douce. Cette douceur lui avait valu trop de malheurs et au fil des années, il s'était forgé sur des valeurs, les siennes.
Guillaume entendit des pas descendre les escaliers avant que la porte ne s'ouvre. Il savait parfaitement que c'était Aurélien et il ne voulait pas le voir en position de faiblesse mais ses jambes ne répondaient pas trop à ce moment même. Il se contenta donc de rester en boule à attendre qu'il parte. Guillaume savait qu'au fond de lui Aurélien était borné, enfantin, intrusif, tactile et j'en passe. Qu'il allait aidé Guillaume. Il commençait d'ailleurs à avoir froid et un violent frisson le transperça mais il n'en fit rien.
Le jeune pianiste arriva quelques secondes après avec une grand serviette qui lui appartenait pour entourer les frêles épaules de Guillaume. Il avait vu juste. Puis il passa ses mains sous ses bras pour le relever doucement. Le danseur se laissait faire comme une poupée de chiffon. C'était étrange de se laisser faire comme si on était un enfant. Il aurait pu lui faire n'importe quoi, il n'aurait pas bouger. Il pensa à tout le trajet qu'il devait faire d'ici à chez lui. Car oui, il n'habitait pas tout près.
Quand il fut sur ses jambes tremblantes, il fit quelques pas soutenu par Aurélien. Il ne disait pas un mot. Le silence qui régnait entre eux était étrange. Il n'était pas gênant mais au contraire réconfortant. La mauvaise lumière tamisée dans le vestiaire laissait une léger obscurité rassurante. Aurélien déposa Guillaume sur un banc.
Il utilisa la serviette pour cacher sa nudité. Il n'était pas tactile, oui, mais qu'on le voit nu ne le dérangeait pas tant que ça sauf devant Aurélien. Il ignorait pourquoi. Peut être parce qu'il prenait une douche avec lui et qu'il était insupportable à chanter comme une merde dessous.
Il s'habilla rapidement en ne bougeant pas de son banc car ses jambes répondaient très peu. C'était un relâchement musculaire totale après une contraction trop longue des jambes du danseur. Si son ancien professeur savait ça, il m'aurait tué.
Quand il fut habillé, il se mit enfin à parler :
« Merci Aurélien pour ton aide, tu peux me laisser désormais. On se retrouve demain même heure, même endroit. Et pas de retard. Il s'appuya contre le mur pour se relever l'air hautain qu'il avait était revenu. »
Il allait faire un pas pour partir mais sa jambe se plia sans lui demander et il s'effondra. Heureusement Aurélien le rattrapa au dernier moment avant de le garder dans ses bras tout en prenant son sac. Guillaume arrêta de respirer pendant une dizaine de seconde.
« Guillaume. Arrête de faire le fort où le mec, regarde toi ! Tu tiens même plus sur tes jambes. Tu néglige ta santé. Peut être que je suis mal placé pour dire ça mais tu devrais prendre une pause sinon tu vas te casser quelque chose et ça risque d'être grave. S'il te plaît arrête d'être comme ça. Je sais que tu n'es pas aussi hautain, chiant que ça. Il le sera un peu plus contre lui de peur qu'il tombe. Je vais te ramener chez moi, c'est à deux rues. C'est le mieux. Je vais m'occuper de ton problème et je vais surtout te forcer à te reposer. Y'a mon coloc qui sera aussi là, Claude. Et ce n'est pas une proposition mais un ordre. Tu passes tes journées enfermé à t'entraîner, on va profiter de notre soirée. »
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Melancholia 『Orelgringe』
FanfictionGuillaume, un prodige de la danse classique, rigide et colérique. Aurélien, un pianiste précoce et tête en l'air. Guillaume veut rentrer à l'opéra Garnier mais son pianiste le lâche à seulement quelques mois de son concours. Débarque alors Aurélien...