Arabesque sur pointe, fouetté en attitude, grand jeté enchaîné par une mise au sol et pose de fin.
Guillaume resta quelques minutes dans sa pose. Le dos creux, les jambes légèrement repliées que ses bras entouraient. La respiration erratique faisait doucement bouger son dos. Les dernières notes de la musique se terminèrent et son pianiste se craqua les doigts, épuisé. Don Quichotte, variation de Kitri. Cela faisait bientôt 4h que Guillaume s'épuisait à être le plus parfait possible. Quitte à tomber mort de fatigue, il refusait les erreurs. C'était un bosseur acharné. Quatre heures que la même musique était jouée. Il resta immobile à fixer ses pieds sans dire un mot.
« Tu vas finir par te blesser si tu te négliges. Prends un pause. Demanda gentiment le pianiste qui commençait à souffrir du poignet gauche. Ce n'est pas bon pour toi. »
La pianiste s'appelait Joseph, c'était un asiatique qui l'avait suivit depuis déjà deux ans. Guillaume du haut de ses 21 ans était un jeune homme des plus élégants et beau. Ses cheveux bruns qui formaient un épi faisait ressortir ses taches de rousseurs parsemées sur sa peau brune. Son air dure, sa posture droite et son corps musclé laissait parfaitement penser qu'il passait ses journées à s'entraîner durement.
Mais la chorégraphie avait durée une dizaine de minutes. Ce n'était pas assez pour lui. Guillaume voulait la perfection. Il se leva donc aussitôt et silencieusement se remit en position de départ. Le pianiste souffla bruyamment : il faisait la sourde oreille, comme d'habitude. Il se replaça correctement pour énième fois devant le piano avant de commencer à sa partition.
Guillaume enchaîna les mouvements. Pointe, pas de bourrée, saut, arabesque sur pointe, cinquième, pas de bourré. Il allait terminer quand il entendit une fausse note de la part de son pianiste puis plus de musique. Le danseur se retourna avec un air énervé sur le visage mais quand il vit son pianiste se tenir la main avec un visage crispé de douleur.
Il s'approcha de lui avant de prendre son poignet dans la main, il se sentit soudainement coupable mais il se refrogna. Il garda un visage dure et se retourna avant de prendre son sac pour ouvrir la porte et dire d'une voix neutre :
« On va arrêter pour ici. Repose toi, j'espère que c'est pas grave. Sinon on est mal. »
Puis il ferma la porte laissant derrière lui Joseph qui était encore assis près de son piano et alla dans les vestiaires par un petit escalier. Il ouvrit son casier et prit le reste de ses affaires. La danseur passa devant la petite glace au dessus du lavabo pour se regarder : gros cernes, les cheveux en batailles, des perles de sueurs sur son front. Il observa longuement sa barbe bien taillée, il avait refusé de la raser parce qu'il l'aime beaucoup trop. Cette pensée le fit doucement sourire.
Automatiquement, il se dirigea vers la douche pensif et épuisé de cet entraînement. Alors que l'eau chaude voulait doucement sur sa chair, il se mit à penser. Il avait commencé la danse très tôt, à l'âge de 3 ans. Il avait souvent été l'enfant moqué lors du collège. Puis cela s'est révélé très apprécier par la gente féminine. Il était passé par les plus grands classiques : Chopin, Mozart, Beethoven, Vivaldi, Schubert...
Tout en se passant du savon sur son corps musclé, il se mit à douter. C'était toujours sous la douche qu'il avait des profondes réflexions. Guillaume malgré ses airs de garçon sûr de lui possédait plein de doute. Il était sur que son pianiste n'allait pas revenir et il devait donc se débrouiller seul à seulement cinq mois des auditions de l'Opéra Garnier.
Y entrer était un de ses plus grand rêve. Mais avait-il le niveau ? Était-il à la hauteur ? De nombreux professionnels lui avaient conseillé de tenter sa chance. Alors il le tenterai.
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Melancholia 『Orelgringe』
FanficGuillaume, un prodige de la danse classique, rigide et colérique. Aurélien, un pianiste précoce et tête en l'air. Guillaume veut rentrer à l'opéra Garnier mais son pianiste le lâche à seulement quelques mois de son concours. Débarque alors Aurélien...