Chapitre 3.

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 Il faisait froid en ce mois de février, mais Cora s'en moquait. Elle était sortie attendre Samuel dehors. Cela lui faisait beaucoup de bien d'aller au cinéma avec quelqu'un, elle avait presque l'impression de retrouver un peu ses amis. Ils s'étaient téléphonés via webcam, et elle avait eu mal au cœur lorsqu'elle avait dû raccrocher. Ils lui manquaient atrocement, elle avait besoin de se changer les idées.

Un antique 4x4 se gara devant chez elle. Intriguée, elle s'approcha.

« - Salut ! Tu m'attends depuis longtemps ?

- Salut. Non, une dizaine de minutes.
- Monte, tu dois avoir froid. »

Cora était restée juste devant la voiture sans oser monter. Les roues lui arrivaient à la taille, il était impressionnant. Elle monta en riant légèrement de se voir si haute.

« - Pourquoi tu rigoles ?

- On est super haut.
- Oui, je sais. J'ai été obligé de le prendre, Mélissa avait besoin de ma voiture. »

A la mention de Mélissa, Samuel se mordit fortement l'intérieur des joues. Il avait été imprudent. Mais comme toujours, Cora ne posa pas de questions.

« - J'aime bien.
- Il est trop vieux. Mais il est indestructible.
- Il a l'air. Bon, on y va ? Sinon il va y avoir trop de monde. »

Cora le regarda avec un air malicieux, et Samuel éclata de rire à l'entente de l'ironie dans la voix de la jeune fille. Il conduisit rapidement, descendant dans le centre du village, et suivant les indications de la jeune fille. Ils croisèrent quelques personnes âgées qui rentraient chez eux, et un ou deux jeunes à vélo malgré le froid. Samuel se gara et suivit la jeune fille dans le vieux cinéma. Il n'y avait qu'une seule salle de projection, qui contenait une quarantaine de sièges. Une petite femme leur vendit deux tickets et ils se dirigèrent vers la salle. Ils n'étaient qu'une petite dizaine.

« - C'est quoi comme film d'ailleurs ?

- Je ne sais pas trop, je l'ai choisi un peu au hasard. Je crois que c'est l'histoire d'un gars laissé à moitié mort, qui va faire des kilomètres à travers la neige pour retrouver son fils. Je me suis dit qu'on avait besoin de voir de grands espaces. »

Cora hocha la tête. Le sujet dériva rapidement sur leurs films préférés, et ceux qu'ils avaient envie de voir. Ils discutèrent en attendant, pendant la bande annonce et les publicités, n'arrêtant que lorsque le film débuta pour de bon.

Le film se révéla très bon, les paysages étaient magnifiques et l'histoire très prenante. Cora faisait des petits bruits à chaque fois que quelque chose se passait, ce qui déclencha vite l'hilarité de Samuel. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder, guettant plus ses réactions que l'action dans le film. Elle le remarqua, et essaya de refréner ce réflexe, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. L'action finale était tellement inattendue et surprenante que Cora poussa un glapissement ahurissant, faisant hurler de rire Samuel, à tel point qu'ils durent quitter la salle juste avant le dénouement. Samuel dut s'asseoir sur le trottoir durant cinq bonnes minutes avant de pouvoir se calmer.

« - Tu étais absolument hilarante.
- Ça va, c'est bon, pas la peine d'en faire toute une histoire.
- Mais tu n'as pas entendu le bruit que tu as fais ! Je ne savais même pas que c'était possible d'être aussi à fond.
- Que veux-tu, je suis expressive moi, répondit-elle, mi amusée, mi vexée.

- C'était magnifique. »

Samuel conduisit le plus lentement possible, et ne céda pas à la tentation de faire des détours pour allonger le trajet. Il était bien en sa compagnie, il se sentait normal, et n'était pas prêt à la quitter. Si la jeune fille remarqua qu'il ralentissait, elle ne fit aucun commentaire.

Meute [Alpha]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant