Chapitre 31.

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 Cora ne bougea pas. Elle avait trop peur de faire fuir le loup, comme s'il était une bête sauvage. Elle se força à prendre une respiration, le plus silencieusement possible. Elle ne savait pas comment réagir, elle ne savait pas quoi faire. Voir le loup noir lui faisait autant de bien que de mal. Il avait minci, beaucoup. Ses poils étaient légèrement hérissés sur son dos. Et Mélissa avait raison. Il était encore plus noir que lorsque Cora l'avait quitté. Mais ce qui lui fit le plus mal, ce furent ses yeux. Ses prunelles d'un marron plein de vie, qu'elle aimait tant, étaient maintenant entièrement noires. Il n'avait plus le regard d'un humain. Mais d'un animal.

« Salut, dit-elle doucement. »

Cora n'avait toujours pas bougé. Le loup se contenta de la regarder, comme s'il la jaugeait de haut en bas. Cora essaya de rester la plus calme possible, mais elle avait du mal à lutter contre son envie de se jeter sur lui. Elle respira profondément et s'avança tout doucement vers son arbre, sans quitter Samuel des yeux. Le loup recula un peu vers le couvert de la forêt, mais il resta à la vue de Cora. Elle n'était qu'à quelques mètres de lui. La distance lui était insupportable. Elle aurait tout donné pour la combler et enfin le retrouver pour de bon.

« Je suis heureuse de te voir. Tu m'avais manqué. »

C'était la première fois que Cora osait dire ces mots. Elle avait toujours eu peur que cela fasse fuir le loup, que cela le culpabilise. Il gémit tout bas, mais ne bougea pas. Cora vit une lueur dans ses yeux, une étincelle profondément humaine. Du regret. Cora savait qu'il se battait pour reprendre le contrôle de lui-même, pour retrouver son humanité. Alors, elle s'adossa à son arbre.

« Je reprends la lecture ? »

Le loup aboya. Cora recommença à lire à voix haute, ne pouvant pas s'empêcher de lui jeter de nombreux coups d'œil. Au bout de plusieurs heures, le loup noir finit par s'asseoir, tout en fixant Cora. La jeune fille ferma son livre, et plongea son regard dans celui de l'animal. Ils passèrent la journée ainsi, à se regarder l'un l'autre, à s'apprivoiser de nouveaux, à essayer de se transmettre tout ce qu'ils ressentaient par le regard. Et lorsque Cora dut partir, elle se sentit comme déchirée de toute part. C'était plus dur de partir à chaque jour qui passait.

Cora arriva essoufflée chez Aaron et Mélissa, elle avait couru le plus vite possible. Aaron la fit asseoir et l'obligea à tout lui raconter. Lorsqu'elle eut fini son récit, Aaron sourit simplement.

« Il progresse. C'est bien. Je suis fier de vous deux. Vous vous en sortez bien. »

Cora ne répondit rien. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle faisait, elle avait l'impression d'être inutile, de ne pas en faire assez.

« Ne dis pas ça. Samuel est allé très loin dans la perte de contrôle. Il met du temps à revenir vers nous, mais il essaie. Je crois qu'il t'aime vraiment. »

L'éclat de joie qui traversa Cora fit rire les loups. La jeune fille rougit, et poussa doucement du coude Aaron.

« Bon, assez plaisanté. Que dirais-tu de nous montrer ce que tu as appris avec Ulrich ? »

Cora se calma immédiatement. Elle avait envie de reprendre l'entraînement, avec les loups, mais elle avait très peur de ne pas être à la hauteur. Aaron lui fit un clin d'œil complice, et elle alla chercher son bâton, ainsi que son pistolet, qu'elle chargea de balles de peintures que Ulrich lui avait laissées. Elle cacha ce dernier dans son dos, et ne descendit qu'avec son bâton. Lorsqu'elle sortit, Mélissa était déjà en loup.

« - OK, alors je pense que tu vas essayer avec Mélissa d'abord. Elle fera attention à ne pas te faire mal.
- Je suis solide.
- D'accord, répondit-il avec un sourire. Et bien, les règles sont simples, celle qui reste en vie gagne. »

Meute [Alpha]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant