Chapitre 11.

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 Cora frissonna. Elle ne pouvait pas imaginer le cauchemar que cela devait être de les revoir après les avoir fui pendant un an et demi. Comment était-ce possible ? Comment les avaient-ils retrouvés ? Des centaines de questions défilaient dans sa tête.

Samuel s'était relevé, rompant à contre cœur le contact avec Cora. Avec ses sens supérieurs, il entendit Mélissa lui demander à voix basse s'ils avaient fini. Sur le même mode, il lui répondit qu'elle pouvait descendre. En une demie seconde, Mélissa se tenait devant eux. Cora eut un petit sursaut et Samuel poussa un petit rire moqueur.

« - Samuel t'as tout dit ?
- Je ne comprends pas ... Comment vous pouvez rester sereins alors que vous savez qu'ils sont là ? Pourquoi n'avez-vous pas déjà fui ? Comment vous ont-ils retrouvés ?
- Il faut que tu comprennes une chose, dit Mélissa en s'agenouillant devant Cora. On a fui pendant un an et demi. Et maintenant, on a trouvé un lieu pas trop mal, avec de la forêt, un lycée pour Samuel, une fac pour moi et un emploi pour Aaron. Pour la première fois depuis cinq ans, Aaron se sent chez lui. C'est la première fois qu'il est moins angoissé, stressé, sur les nerfs. On est chez nous, sur notre territoire. On ne veux plus se laisser faire. On s'est cachés pendant un an et demi, et ils nous ont retrouvés. Ils ne nous laisseront jamais tranquilles.
- Vous allez vous battre, demanda Cora avec un frisson d'horreur ?
- Pas tout de suite. Pour le moment ils ne nous demandent rien, ils ne sont jamais revenus chez nous. Ils restent dans leur clairière, nous n'avons aucune raison de démarrer les hostilités.
- Alors qu'est-ce que vous allez faire ? Rester à côté de ceux qui ont promis de vous détruire ?
- Aaron attend un faux pas de leur part. Nous n'attaquerons pas, nous nous défendrons.
- Mais comment ils ont pu vous retrouver ? Et comment vous savez que c'est eux ?
- On n'a pas tout de suite compris que c'était eux, intervint Samuel. A l'époque, ils étaient trois, trois monstres. Je sais parfaitement ce qu'ils sentent, ce à quoi ils ressemblent. Or, ce n'était pas un d'entre eux qui m'a attaqué l'autre jour. On pensait que c'était une autre meute, mais après avoir longuement discuté, on a décidé de retourner les voir. Tu avais raison, le fait qu'ils soient autant sur le qui-vive cache quelque chose. Je suis resté plusieurs heures le soir en surveillance, et alors que j'allais partir, un homme est sorti du hangar. Et c'était lui. Le Muet que j'avais créé il y a plus d'un an. Lorsqu'il a ouvert, une bouffée d'odeur s'est échappé, et j'ai tout de suite reconnu l'odeur de l'Alpha. Ça ne s'oublie pas. Mais tu sais, on n'a pas été tellement surpris. On s'y attendait tous plus ou moins. »

Samuel tourna son regard vers Cora. Il remarqua tout de suite que quelque chose n'allait pas. La jeune fille était pâle, les yeux dans le vague, le corps tendu. Il sauta du canapé, prit la place de Mélissa devant la jeune fille, et lui prit les mains.

« - Cora ? Cora ? Tout va bien se passer, je te jure que tu es ...
- Tu y est retourné ?
- Quoi ?
- Tu es retourné là bas ? Alors qu'ils t'avaient attaqué ? »

Samuel s'interrompit, désarçonné. Il ne s'attendait pas le moins du monde aux accusations de Cora. Il sourit, et lorsqu'il vit le visage de la jeune fille se faire sévère, il effaça immédiatement son sourire.

« - Ce n'était pas dangereux. Tout s'est bien passé, je ne risquais rien. Tu oublies que je suis né pour traquer.
- Tu oublies que tu as été blessé la dernière fois.
- Ah oui ? Où ça exactement ? Tu peux me montrer où j'ai une marque ?
- Ce n'est pas parce que tu guéris physiquement que tout peut être oublié.
- Je t'en prie Cora, ne sois pas fâchée. Ce n'était pas dangereux, sinon Aaron ne m'y aurait pas envoyé. Tout va bien, je te jure.
- Une meute qui veut vous détruire habite à quelques kilomètres, mais oui tout va bien. »

Mélissa poussa gentiment Cora du coude. Elle comprenait les appréhensions de Cora, elle avait les mêmes. Lorsqu'ils avaient compris que c'était l'autre meute, Mélissa avait longuement hésité à fuir, mais elle ne pouvait pas. Pour une fois, elle ressentait le besoin de lutter pour leur territoire. Ils étaient là avant, c'était là qu'était sa vie, elle le sentait.

Meute [Alpha]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant