Chapitre troisième : Corbeau.

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Loin au dessus de la cime des arbres, brillait l'éclat d'un soleil de glace, dans un ciel blanc et sans nuages

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Loin au dessus de la cime des arbres, brillait l'éclat d'un soleil de glace, dans un ciel blanc et sans nuages.

Une forme humanoïde se mouvait lentement sous l'ombre des sapins vêtu d'un délicat manteau de neige. Le spectre marchait par saccades, le dos voûté et les bras ballants.

Andrew n'était plus que l'ombre de lui-même, et avançait dans un bien pitoyable état, mais il n'avait pas abandonné ses recherches Simplement, il était si fatigué qu'en cet instant Adonis et ses amis pouvait danser et chanter devant lui qu'il mettrait plusieurs minutes à s'apercevoir de leur présence.

Alors, après des jours de marche supplémentaires, l'adolescent s'arrêta, fit un grand tas de mousse au pied d'un sapin noir, et s'y assoupi pour un long sommeil dénué de rêve.

Après une journée complète à dormir, Andrew se réveilla en sursaut, les yeux encore rouges d'épuisement. Un bruit de craquement violent l'avait tiré de son repos, comme si un objet lourd était tombé d'un arbre, en craquant plusieurs branches au passage.

Andrew scruta la forêt autour de lui en pivotant de gauche à droite, cherchant du regard l'origine du bruit. Tous ses sens étaient en alerte, les poings serrés, prêt à attaquer pour se défendre.

Un gémissement d'animal, comme un croâssement étouffé, attira son attention vers un petit buisson de roses blanches tout prêt de lui, tachées de sang. Andrew s'approcha, retint un sanglot à la vu de ces fleurs maudites, et écarta les branches pour dévoiler la créature blessée.

Là se trouvait un corbeau magnifique, grand comme un bébé, plus noir que la nuit et agonisant dans un silence triste. Un étrange symbole à l'apparence ancienne était dessiné sur sa poitrine, à l'encre blanche. Ce symbole, ce corbeau, ces roses ramenait à la mémoire du garçon des souvenirs terribles, qu'il tentait désespérément d'enterrer. Il savait qui les avaient tués. Il cru entendre un hurlement s'élever d'entre les arbres, puis secoua vigoureusement la tête pour faire taire ses démons.

Andrew vit dans les yeux mi-clos de l'animal blessé, une lueur jaune, et il songea que cet oiseau était comme un soleil au cœur d'ébène, s'éteignant dans le crépuscule lugubre de cette forêt ténébreuse, à mesure que ses paupières se fermaient. Cela le rendit profondément mélancolique et une larme sincère glissa sur sa joue.

Prit d'une empathie soudaine envers l'animal, le garçon prit l'oiseau dans ses bras, lui chanta la berceuse qu'il avait inventé dans son enfance, puis le déposa délicatement au pied d'un arbre, sur son lit de mousse. La douleur dans sa main se réveilla soudainement, et il retira les épines de sa chaire, sans un bruit.

Comme il s'agenouillait pour observer les blessures du corbeau, Andrew s'aperçut qu'une flèche taillée dans un bois noir avait transpercé le pauvre oiseau, sans doute en plein vol, comme elle avait figé son aile droite dans un mouvement. L'oiseau était tout à fait mort à présent.

Une fois son émotion passée, le garçon qui était presque un homme retira très lentement la flèche du corps mou du corbeau, comme s'il craignait de lui faire mal.

Chose étrange, en tenant dans ses mains l'objet, Andrew eu un frisson de terreur qui fit trembler tout les os du corps, l'espace d'un instant.

Tandis qu'il observait l'objet, il remarqua que la pointe était dévissable. À l'intérieur se trouvait une feuille de parchemin ancien roulé très étroitement, qui dégageait une forte et désagréable odeur de lavande et de putréfaction. Le parfum était si puissant qu'Andrew ne put se retenir d'éternuer. Il déroula le papier jaunit, et lut silencieusement :

" Le Prince Adonis appartient corps et âme à la Forêt Sombre, il est destiné à protéger la Forêt des intrus humains voulant sa perte, pour leur bon plaisir.

Quant à toi, misérable créature infâme, va t'en loin d'ici avant que je ne te noie dans les marais comme je l'ai fait avec tes meurtriers de compagnons. C'est le prix à payer quand on s'attaque à la Forêt. Je me souviens de cette garce de Yelena, ton prénom fut le dernier son qui soit sortit de sa bouche de crapaud, avant que ses poumons ne se remplissent de boue. Elle n'était pas facile à tuer, mais c'est mon devoir.

Tu es le prochain.

Fui, avant que je ne t'arrache les jambes. "

Andrew était sous le choc, tétanisé. Il ne comprenait pas, et ne voulait pas comprendre. Le pauvre garçon tremblait si fort que le papier lui tomba des mains. À l'instant où il toucha le sol, il fut dévoré par une petite armée de champignons noirs à points rouges. Haletant, il voulut prendre appui sur un arbre pour ne pas défaillir. Il retira sa main aussitôt. Horreur ! Elle était couverte de sang. Un arbre qui saigne, mais quel cauchemar !

Voilà ce qu'est la peur, l'effroyable, l'inexprimable peur ! Celle qui vous dévore de l'intérieur et consume toute trace de raison. Celle qui vous tord les entrailles et vous broie le crâne sous un étau de terreur. La vraie, la terrible, l'irrationnelle peur de la Mort !

Adonis et la Forêt SombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant