Baigné dans la lumière glaciale du soleil d'hiver, Andrew pleurait et tremblait comme une feuille, le corbeau mort à ses pieds et la main pleine du sang de l'arbre, il était terrorisé.
Allait-il fuir ? Allait-il se battre ? Un duel acharné torturait son esprit, la peur tantôt triomphant de la raison, tantôt écrasée par celle-ci. Andrew était perdu, mais après un moment, il avait retrouvé son calme et se tenait debout, les bras croisés, le visage déformé sous l'effort d'une réflexion intense.
Adonis était apparemment en sécurité quelque part dans la forêt, ses amis étaient tous morts, ses parents aussi, alors qu'avait il encore à perdre ? Il était certain que s'il retournait au village, il ne serait plus jamais le même. Sans doute, son désespoir le poussera à boire et à se droguer pour oublier sa douleur. Et puis un beau jour, on retrouvera son cadavre dans une ruelle sombre, mort par overdose ou pendu à un lampadaire quand il n'aura plus la force de vivre.
Alors pourquoi fuir, puisque la mort l'attendait des deux côtés ? L'une avait l'avantage d'être rapide, tandis que l'autre prendrait des années. Il n'était pas le bienvenu dans cette maudite forêt, personne ne l'était.
Tout ceux qui l'aimait sont morts, excepté Adonis, son petit prince. Combien d'autres sont tombés ici, pour avoir arraché quelques fleurs, cueilli un champignon ou écrasé un moustique ?
Il découvrait une justice très différente de celle de son monde, où l'indulgence n'a pas sa place, où chaque crime, aussi mince soit il, est impardonnable et puni par la mort.
Andrew songea à toutes ces affiches d'enfants et d'adultes disparus, qui pourrissent sur les murs des villages environnants. Ils étaient des centaines à s'y accumuler. Tout le monde pensait la forêt maudite, et seuls les fous, les téméraires et les suicidaires osaient s'y aventurer. Ces trois traits de caractère étaient propres à Andrew, et il avait commis l'erreur fatale d'entraîner des amis dans sa folie. Rares étaient ceux qui revenaient, il en était tristement conscient.
La pensée qu'il marchait peut-être sur leurs cadavres en ce moment même lui fit froid dans le dos, et un frisson de dégoût lui parcouru l'échine.
Il rassembla tout son courage, fit abstraction de ses mains meurtris et glacés, de son cœur qui s'affolait et de son estomac broyé par la faim, et, d'un pas assuré, il reprit sa route au hasard des sentiers, à la recherche de son petit frère.
• • •
Le soleil était maintenant haut dans le ciel, immense dans le ciel blanc. Les brins d'herbe crépitaient sous les pieds du garçon, et le givre fondu par sa chaleur s'infiltrait dans ses chaussures usées.
Il marchait sans ralentir, le jour comme la nuit, ignorant le froid, ignorant la faim, le sommeil et la peur. Andrew voyageait au hasard, mais savait qu'il allait quelque part, il avait un but et ne s'arrêterait pas tant qu'il ne l'aurait pas atteint.
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Adonis et la Forêt Sombre
Mystery / ThrillerNoyé dans la lourde obscurité de la nuit, un jeune enfant trottinait joyeusement sur l'asphalte d'une route déserte. Le garçon avait l'habitude de s'absenter seul en pleine nuit pour observer les étoiles. C'était un rendez-vous quotidien qu'il avait...