Billlie Eilish... memento mori!

Chapitre 4 : De retour au lycée

Trois jours plus tard, j'étais revenue au lycée. Je savais que j'allais devoir revenir sur toute cette histoire pour l'expliquer à Inès, et rien qu'à cette idée j'en tremblais. J'arrivais dans le hall, en la cherchant du regard. Les élèves se bousculaient, ils fallait jouer des coudes pour se frayer un passage parmi eux. Je les déteste vraiment.

"- Billie!"

Je me retournais afin de savoir d'où venait cet appel. Ça n'était pas la voix d'Inès. Je vis Théo Lee, un terminale ES, qui s'avançait vers moi. Qu'est-ce qu'il me voulait?

"- Euh, salut.

- Tu... enfin, t'étais pas là ces derniers jours. T'étais malade?

- Qu'est-ce que ça peut te foutre?

- Hé, j'essaie juste d'être sympa. C'est pas en réagissant comme ça que ta réputation va s'arranger tu sais.

- Ma réputation? Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de ma réputation. Non, je n'étais pas malade. Mais ça ne te regarde pas.

- Bien sûr que non, t'as raison. Euh... Quelqu'un t'as pris tes cours?

- J'en sais rien, c'est pas vraiment ma priorité là tu vois. Et puis on est même pas dans la même classe! Le seul cours qu'on a en commun c'est sport, alors excuse moi mais je ne comprends pas pourquoi tu t'en soucies.

- Bah oui je sais bien mais je me demandais, c'est tout. Bon. Bah je vais te laisser, parce que je vois que t'as pas vraiment envie de parler.

- C'est exactement ça, Théo. Je suppose que je dois te dire merci de t'être inquiété? Bah merci alors. Salut."

Je tournais les talons et partais dans la direction opposée. Je n'y comprenais rien. On était dans le même collège, dans la même classe en seconde, et c'est à peine s'il m'a parlé trois fois jusqu'à lors. Je me rendais devant ma salle de classe, et attendais assise dans le couloir. Cinq minutes plus tard, je vis Inès arriver, un sourire jusqu'aux oreilles.

"Hey! Salut ma belle. Comment tu vas?"

Une bouffée d'amour m'envahis. Je me levais et me jetais dans ses bras.

"Oulah, j'en conclus que ça ne va pas très fort."

Même dans un moment comme ça elle arrivait à me faire rire.

"Bon, dis-je. Je crois que je te dois quelques explications.

- Si t'as pas envie d'en parler, je ne t'y oblige pas tu sais. C'est comme tu le sens.

- Non, ça va. En fait, il faut que tu saches que c'est compliqué pour moi d'en parler. Mardi dernier, c'était l'anniversaire du décès de mon frère.

- Oh merde, je suis désolée ma puce."

Elle s'approcha de moi et passa une main dans mes cheveux. Elle attira ma tête contre sa poitrine et mis son autre bras autour de ma taille. Auprès d'elle, je me sentais en sécurité. Elle dégage cette espèce d'aura de confiance mêlée à de la tendresse. Je me sentais si protégée ainsi. J'étais paisible aussi. Comme si tout ce qui me tourmentait avait disparu.

"Il s'est jeté d'un pont. Il n'a rien laissé derrière lui, pas de mot expliquant son geste, rien de tout ça. Mais ce qui me tue vraiment, c'est qu'il était juste là, sous mes yeux, à m'aider à me sortir de ma putain de dépression, mais je ne l'ai pas aidé en retour. Je n'ai rien vu. Aucun signe. Je n'ai pas été capable de garder mon frère en vie, alors qu'il a tout fait pour moi."

Je finissais ma phrase en larmes. Elles coulaient du coin de mon oeil à mon menton, et venaient maculer le tee-shirt de mon amie.

"Je suis là pour toi. Si jamais t'as envie de parler, de sortir pour te changer les idées ou quoi que ce soit, tu m'appelles et j'arrive. D'accord?"

Je ne répondais pas, mais elle savait que ce silence était éloquent. La sonnerie retentit et nous tira de notre étreinte. Je la regardais droit dans les yeux, avec un air malicieux.

"Ça te dis qu'on sèche aujourd'hui?"