Chapitre deux - Douleur et culpabilité

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Minho ne s'était pas senti prêt à rouvrir le carnet pendant encore un autre long mois. Cela faisait remonter bien trop de souvenirs... Bien qu'il les chérît du plus profond de son cœur, ils faisaient encore bien trop mal. Parce que lorsqu'il se souvenait, il se rappelait également que Newt n'était plus là et qu'il ne reviendrait jamais.

Mais après ce deuxième mois passé à observer le monde qui tournait toujours malgré tout, impitoyable et indifférent aux êtres le peuplant, Minho se leva un jour avec le courage de continuer sa découverte. S'il ne le faisait pas pour lui, il le faisait au moins pour Newt. Assis à la table de la cuisine, un énième café fumant dans la main, il retourna à la page à laquelle il s'était arrêté quatre semaines avant.

2ème étape : là où il me semblait avoir des ailes

La falaise !!! je ne peux pas faire de chasse au trésor sans le faire passer par la falaise !! manque plus qu'à trouver l'indice pour l'étape trois

Update : j'ai trouvé !! j'ai eu un éclair de génie, haha, mais je pourrais laisser un truc je sais pas trop encore quoi lui faisant rappeler la discussion qu'on a eu quand on y est allé ! j'ai tellement hâte

Un sourire empreint de douleur se dessina sur le visage de Minho. La falaise... Newt l'y avait déjà emmené, une fois. Une des rares fois où ils avaient pu se voir en dehors de la fac. Une pensée en menant à une autre il réalisa que c'était sûrement la faute de Thomas s'ils ne s'étaient pas vu aussi souvent que souhaité. Minho ne souhaita même pas imaginer ce que l'homme qu'il aimait avait pu vivre, enfermé dans cette maison avec ce monstre. Newt méritait toute la tendresse du monde et la simple idée que Thomas ait pu, ne serait-ce qu'une fois, posé ses mains sur lui dans un autre but que de lui montrer l'amour... Des larmes de colère se créèrent dans les yeux de Minho, qu'il essuya d'un bras rageur. Il se leva d'un coup et enfila ses affaires d'extérieur, espérant que le vent froid viendrait atténuer cette douleur grandissante dans ses entrailles. Une dizaine de minutes plus tard, il se gara à destination. Minho mis encore dix autres minutes à sortir de la voiture. Il se dirigea d'un pas lourd à l'endroit exact où Newt l'avait emmené.

Minho pouvait se souvenir avec vivacité de la façon dont Newt se mettait tout juste au bord, sans se soucier du vide face à lui, et qu'il y écartait les bras en fermant les yeux. A cette hauteur, il y avait toujours du vent qui donnait alors cette sensation de voler au-dessus du monde. L'homme endeuillé s'approcha donc de l'extrémité avec prudence. Il n'était pas aussi téméraire que Newt avait pu l'être, se mettre donc ainsi presque dans le vide fit augmenter son rythme cardiaque.

Les mots inscrits dans le carnet refirent surface. « Un truc lui faisant rappeler la discussion qu'on a eu quand on y est allé » ... Minho s'assit à même le sol, les jambes en tailleur, un peu plus éloigné du bord juste par précaution. Les yeux rivés sur l'horizon, il tenta de se rappeler. C'était bien là la première fois qu'il cherchait à se souvenir volontairement des précieux instants passés avec Newt.

Puis ce fut comme un choc quand il se remémora cette discussion qui, aujourd'hui, prenait un tout autre sens.

- Pourquoi fermer les yeux ? avait demandé Minho, sceptique.

- Pour retourner là où je n'avais pas peur, avait honnêtement répondu Newt.

- C'est où ?

- Ma chambre d'enfant. On ira un jour.

Sur le coup, il n'avait pas pensé aux mots de Newt avec plus de profondeur que ce qu'il avait simplement annoncé. Newt lui avait si clairement énoncé qu'il avait PEUR. Et Minho, comme le plus grand des tocards, n'y avait pas vu plus de sens. Ses poings se serrèrent, faisant blanchir ses jointures. Il avait été si con. S'il avait réagi à cette discussion, Newt serait peut-être encore en vie. Ses deux mains se posèrent avec violence sur son crâne, agrippant avec fermeté ses cheveux courts.

La voix dans sa tête se mit à lui répéter inlassablement qu'il était un assassin. Qu'il avait aidé Thomas à tuer Newt. Qu'il l'avait abandonné. Et quelle douleur quand Minho se demanda si Newt avait été déçu de lui. Et si ça avait été un appel à l'aide ? Il l'avait ignoré et maintenant, Newt n'était qu'un souvenir du passé. Une statistique en plus.

- C'est ma faute, se dit Minho à lui-même. C'est ma faute, je l'ai tué...

Il se releva, plus coupable que jamais. Retournant à sa voiture, il ne put contenir le coup de poing dans la vitre à la vue de son propre reflet, la fissurant sur toute la longueur. Comment Minho pouvait-il continuer de vivre, d'essayer de guérir si tout était sa faute ? S'il avait été complice ? Il était clairement incapable de se regarder lui-même dans les yeux.

Si l'idée qu'il aurait dû être capable d'aider le détenteur de son cœur s'était déjà implantée dans son esprit, la graine avait désormais fleurie. Une superbe fleur appelée « culpabilité ». Il ne méritait pas l'amour de Newt et n'avait, en réalité, jamais été à la hauteur de la pureté de cœur de Newt. Ce dernier avait-il espéré jusqu'au dernier moment que Minho comprendrait et l'aiderait à le sortir de son enfer ?

L'estomac de Minho se tordit, lui donnant des crampes incroyablement douloureuses. Il fallait qu'il vomisse. S'éloignant un peu de sa voiture endommagée, son ventre se vida de son pauvre contenu en plusieurs soubresauts désagréables. Une fois soulagé de ses maux physiques, Minho comprit que rien ne soulagerait ses maux psychologiques. Il apprenait avec amertume que la culpabilité ne se vomissait pas.

Newt aurait dû être capable de fuir la poigne de son bourreau. Il aurait dû pouvoir vivre encore des années et mourir, un jour de vieillesse, heureux de ses aventures accumulées. Il avait encore tant de choses à vivre et à découvrir et il en avait été privé alors que le pire de l'espèce humaine vivait encore. Comment la vie pouvait-elle être aussi injuste ?

S'adossant contre sa voiture, Minho fixa le ciel en massant son poing encore douloureux. Un ciel gris et nuageux, typique de la saison. Un ciel troublé par les larmes de son observateur.

- Je suis désolé Newt. Si désolé, murmura Minho à l'étendue grise au-dessus de lui.

Il demeura dans cette position un long moment. Il se sentait hors du temps, comme appartenant à un univers alternatif. Un univers où Newt n'était pas mort parce qu'il n'avait jamais été en vie. Un univers dans lequel Newt était un doux songe.

Pas à pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant