Prologue

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Comment en étaient-ils arrivé là ? Comment cela se faisait-il que Minho se tenait au milieu de cette assemblée de noire vêtue alors que Newt, lui, reposait dans un coffin ? Il n'arrivait pas à y croire. Ça ne pouvait pas être vrai. Pas après ce qu'ils avaient vécu, pas alors qu'ils s'aimaient... s'étaient aimé. Beaucoup de gens pleuraient plus ou moins silencieusement, écoutant des paroles religieuses entrecoupées de discours des proches. Minho, lui, se tenait droit comme un piquet le menton bien haut. Ses mains se joignaient dans son dos, lui conférant un air des plus sérieux. Bien que la douleur ne se lisait pas sur son visage, intérieurement il hurlait. Ses yeux clignaient bien trop de fois pour que cela soit normal, chassant les larmes qui voulaient s'y nicher. Ses dents mordaient fermement l'intérieur de sa joue, refusant d'afficher toute once de son désespoir. Après tout, Minho ne faisait pas dans les sentiments... si ?

Dans ce cas, pourquoi était-ce si douloureux d'accepter la réalité ? Newt était mort. Jamais plus il ne verrait ce sourire si éclatant, étirant ses yeux brillants. Jamais plus sa voix ne retentirait dans ses oreilles, lui parlant de tout et de rien. Jamais plus il...

Ses pensées furent interrompues par son prénom énoncé par l'homme de foi. La foule se tourna vers lui, le regardant s'approcher du micro afin d'écouter son discours. Ses yeux scannèrent ceux qui se trouvaient face à lui. Certains le regardaient fixement, d'autres étaient occupées à être essuyés de ces larmes qui ne cessaient de couler. Minho toussa légèrement avant de baisser les yeux sur la fiche qu'il avait préparée. Il ne pouvait pas dire tout ce qu'il avait écrit. Son cœur ne pouvait pas ainsi se déballer. Sa langue passa rapidement sur ses lèvres et il replia ses notes.

- Il y a beaucoup de choses à dire sur Newt. Je pourrais parler de sa gentillesse extraordinaire. De ses réponses parfois sarcastiques. De sa force mentale. Je pourrais dire milles et une choses sur Newt mais je ne le ferai pas. Je ne le ferai pas parce que Newt était tellement plus que ces choses-là.

Minho marqua une pause, le temps de contrôler ses émotions. Il devait garder sa façade.

- Newt était, je le crois, un soldat. Pas ceux qu'on peut voir au front ou dans les films d'actions, mais un soldat de la vie quotidienne. Il n'a jamais abandonné. Pourtant... Pourtant je-je pense qu'il a eu des opportunités. De se défaire. De se soulager. Mais il ne l'a pas fait et s'est battu plus fort encore. J'en serai à jamais admiratif. Newt est... une leçon de vie. Face aux difficultés, il ne baissait pas les bras mais les levait plus haut encore. Ah, me voilà à faire exactement ce que je ne voulais pas faire !

Un petit rire général résonna.

- Bref. Tout ça pour dire qu'il ne faut pas oublier Newt. Que je ne l'oublierai jamais. Parce qu'il représente énormément mais surtout le courage et la force de se surpasser dans les pires moments. Parce qu'il est dur de rester sain d'esprit face à la violence quotidienne. Newt est... était. Était un ami très important pour moi. Il m'a beaucoup appris et je lui en serai toujours reconnaissant. J'aime à penser que... J'aime à penser qu'aujourd'hui, qu'aujourd'hui est également une leçon de vie qu'il nous apprend. La mort-. La mort nous attend tous mais nous savons tout aussi bien qu'elle se délecte d'abord des âmes les plus belles. Et Newt avait une âme magnifique.

Il s'humecta les lèvres une fois de plus, la gorge serrée par son envie de pleurer. A ce stade, retenir ses larmes étaient devenu physiquement douloureux.

- Newt... Je. J'ai encore tant de choses à te dire. Le sablier s'est vidé bien trop vite alors que nous pensions avoir tout le temps du monde. Je me contenterai... Je me contenterai de te dire merci. Merci et au revoir, Newt.

Sa voix avait craquée sur ce dernier merci, dévoilant un peu de sa tristesse intime, mais il s'était vite retrouvé une contenance.

- Au revoir, car ce n'est pas un adieu.

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